Journal de Pandémie, semaines 5 et 6

Nenni Bahe

A peu près au jour le jour, quelques bribes de ma vie de semi-confinée. Suite et fin.


Toujours cette même difficulté à transformer les bribes en un tout cohérent. Un mois déjà que ma vie a doucement repris ses rails. Il est plus que temps d'arrondir ce Journal de pandémie, afin de le laisser rouler derrière moi.

On en était là :


Lundi 13 avril

C'est déjà ainsi après quelques jours de vacances. Un besoin viscéral d'évasion, de liberté; l'impression que le cocon familial ne cherche qu'à m'étouffer. Alors je m'évade, sur ma vélotte et son é-moteur peu performant, qui me permettent, en dosant savament mon effort et celui de ma mouture, de filer par les campagnes jusqu'aux confins du Mandement, et d'en revenir moulue, 30kms et 3 heures plus tard.

Je n'ai toujours pas résolu la question : S'accomplit-on mieux en faisant ce que l'on aime, ou avec ceux que l'on aime ? Car les deux ne se rejoignent que fugacement ...

Et oui : j'adore être perdue, plus ou moins dans la bonne direction !

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Mercredi 15 avril

Quelques pistes de réflexion :

“Le confinement ou l'éloge de la lenteur et de l'adaptation”,  TDG 4 & 5.4.20.

Et le parallèle que je ne peux m'empêcher de faire avec notre périple en train de 2012 : Avoir appris à S'ennuyer, positivement et en faisant fonctionner son imagination, est une vraie valeur ajoutée à l'existence.


Jeudi 16 avril

“ Nous souhaitons agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire “

La maxime (de notre conseiller fédéral) est devenue aussi virale que le Corona qui l'a provoquée !

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Samedi 18 avril

S'évader - Respirer - Pédaler !

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Lundi 20 avril

Mes grands enfants, phylosophiques : Serait-il opportun de répéter 2020 ou plutôt de l'annihiler, laissant l'Histoire passer de 2019 à 2021, selon le modèle de certains ascenseurs supersticieux ?

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Mercredi 22 avril

On a des poules. Dans un poulailler plutôt petit, mais avec toute une prairie à leur disposition quand on ouvre la porte de leur espace protégé.

Débat avec mon fils :

Moi : "Laisse-les dedans aujourd'hui. C'est la saison des bébés renard, et j'ai vu des chiens rôder."

Lui : "Tu as déjà dit ça hier. Si j'étais poulet, je préférerais être libre, avec les risques !"

Je pense qu'il fait de l'anthropomorphisme.

Par contre, je me dis aussi qu'il va falloir cesser de prendre les Grands-Parents pour une basse-cours en danger, qu'il faut à tout prix protéger même contre leur gré.

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Vendredi 24 avril

“Pour pas s' contaminer, il faut se confiner

Mais pour s'déconfiner, faut être immunisé

Pour être immunisé, faut s'faire contaminer

Pour s'faire contaminer, il faut s'déconfiner

CQFD ... “

Sur un air de Brel, magnifique formulation des “Goguettes” pour le paradoxe dans lequel on est tous enfermés.

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Dimanche 26 avril

Nettoyage de la cuisine, phase 1.

(A quand la phase 2 ?)


Lundi 27 avril

Officiellement, je déconfine. En ordre avec ma profession et synchrone avec les coiffeurs : nous faisons tous partie de ce grand groupe dont je n'avais pas conscience, les “prestataires de service à la personne”.


FIN. De cette vague de Pandémie, dont personne ne sait si elle sera première ou unique. En allant voir ailleurs s'il y a des humains, le virus nous laisse un répis relatif. Va-t-on juste enfiler nos habitudes d'avant, ou cette pause forcée va-t-elle se poursuivre par un vent de changement ?

Cette FIN ne sera peut-être qu'une pause. Ou pas !

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