Journal Ouvert

emmou

24 juillet

Hier, alors que je regardais patiemment les gens, un tourbillon a pénétré dans ma chambre. Il n'arrêtait pas de parler et de rire : ma sœur venait d pénétrer chez moi. Elle parlait trop, ça m'énervait. Elle arrêta au moment où elle se rendit compte que je l'ignorais royalement. Ah ça ...  Comme j'aime la taquiner ! Puis elle recommença. J'avais beau l'ignorer, ce bourdon me donnait la migraine. Les heures passaient et ça ne s'arrangeait pas : ma tête me tenaillait, lançant des assauts sans se fatiguer dans mon crâne endolori.
Pour y mettre fin, je fus obliger de m'occuper d'elle : elle me dévoila enfin ce qu'elle considérait comme une « idée de ouf, super classe, genre « trop  cool » » (eh oui, sa particularité est d'avoir un esprit de jeune dans un corps de vieille). Elle voulait m'emmener à la plage. Super.
J'allais abandonner quand elle sorti une phrase surprenante : « En cette période et à cette heure, tu ne peux pas imaginer le nombre de personnes qu'il y a à la plage ! »
C'est intéressant ...  Observer les sentiments de l'humain dans d'autres conditions et circonstances ...
Je finis par m'habiller, quittant mon observatoire de tous les jours.
La route me parut longue et interminable, avec Satan au volant. Sur la route, nous avons croisé un couple, chargé à bloc, se disputant quant à l'itinéraire à prendre. Le mari, au volant, n'en avait fait qu'à sa tête, et la femme lui reprochait de ne pas l'avoir écouté. Tout au long de la route, dans les embouteillages, nous sommes restés côte à côte. Le discours interminable de ma chauffeuse ne m'atteignant plus. Les sentiments que j'aperçois le plus sur les visages sont sans aucun doute la haine, la passion, la lassitude, l'impatience, et le stress. Ils reviennent inlassablement en nous, nous donnant un cœur de pierre, des soupirs sans fin, un verre aux fesses ou encore un nœud à l'estomac.
Le femme avait les sourcils froncés, le front plissé, les yeux en pois-chiche, son double menton s'aplatissant de plus en plus : elle avait la hargne. Ce qui me surpris le plus, c'est lorsque j'aperçu le visage de son mari : malgré le fait qu'il lui semblait inférieur et tentait en vain de se défendre, ses yeux projetaient une totale indifférence. Cette fois, ce fut moi qui ressentis quelque chose à leur place : la surprise, mais aussi l'inquiétude vis-à-vis des yeux de l'acteur. Qu'allait-il bien faire ?
Une fois arrivé à la plage, nous ne les croisèrent plus du tout, et la migraine créée par le moulin à parole me reprit de plus belle.
Cette fois, ce fut le comportement étrange d'une poupée gonflable et d'un « Ken » qui me surpris. Ils menaient tous deux une guerre clairement très serrée : c'était à celui qui brancherait le plus de personnes dans son camp, et ils ne lésinaient pas sur les moyens, ainsi que le scrupule, qui ne semblait pas les toucher plus que ça.
Leur comportement égocentrique me fit tellement pitié qu'au bout d'une heure et demi, je m'en étais lassé, chose exceptionnel, ce qui me parut très étrange ... 
Je me suis levé, j'ai marché très loin, le suçon de Satan rigolant franchement en jouant dans l'eau. A un moment, je me suis arrêté, et mise face à la mère : le vent faisait voler mes cheveux et mes vêtements, forçant ma tête à se relever, me rappelèrent mon adolescence, période nostalgique, où l'ordinateur était l'un de mes seuls compagnons, et ça mena à cette phrase, trouvée un jour par hasard sur un blog :
 
Il faut toujours garder la tête haute pour
affronter le futur et ne pas céder au passé.
Si tu baisse la tête, alors...Tout est fini.


Pendant un instant, je ressentis une immense sensation de liberté, de bonheur, à la pointe de la décontraction. Je savourais ces quelques secondes, gravant en moi cette sensation, pour ne jamais l'oublié, et pour pouvoir la déchiffrer chez les autres.
Puis j'ai fait demi-tour, pour retourner à point de départ à la nuit tombée. J'y ai trouvé une pompe à brouillard fonctionnant à 200 à l'heure face à un garde-côte apeuré par la vitesse à laquelle ma sœur dépitait ses mots, dont il ne comprenait strictement rien. Elle m'a déposé chez moi, puis j'ai retrouvé mon poste habituel, face à ma fenêtre.
 
Ce matin, j'appris via le journal qu'un homme s'était pendu après avoir tué sa femme avec un couteau de cuisine. Ce fut malheureusement sans surprise que je découvris qu'il s'agissait du couple d'automobiliste de la veille.
Et, coup du destin, lorsque mon regard se retourna sur la rue, se fut pour voir la poupée gonflable
se détournant en sanglot du Ken, gêné mais soulagé d'hier, sur la plage.
 
Encore aujourd'hui, le destin de trois personnes ont été brisé, dont 2 définitivement. Si ça continue comme ça, je vais faire de ma chambre un cimetière ...  Ce que, qu fond de moi, je ne souhaite pas tant que ça.

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