Journal Ouvert
emmou
Il y a quelques temps, un vieillard a emménagé dans notre immeuble. Il a les yeux d'un fou perdu, mais en réalité, sous cette illusion, se trouve un parfait manipulateur, exécrablement calculateur.
Tout a commencé lorsque deux énormes camions de déménagement ont débarqué devant l'entrée, aux aurores. Et, jusqu'à la nuit tomber, tout l'immeuble eu le loisir d'entendre le nouvel arrivant piailler sur les employés, les bougonnements de ceux-ci, le plancher grincer sans fin, et les pas lourds dans l'escalier.
Quiconque fermant sa porte à double tour en cette journée d'été, se verra tout de même affublé d'énormes maux de têtes. Et ça n'en finit pas là. Dès que les déménageurs furent partis, le « bleu » se mit à jouer de la musique sur son clavecin. Il était infatigable. Toute la nuit, des gens allèrent toquer à sa porte, lui demandant avec gentillesse, et patience, d'arrêter ces assasymphonies, ces concertos machiavéliques et ces valses macabres. Ce fut lorsque la nuit s'adoucit, qu'enfin, ils se décidèrent à appeler la police. Après leur passage, tout redevint calme et morose dans le bâtiment. Mais ce fût de courte durée car, à peine une heure après, ses inventions mortuaire reprenant de plus belle. Las, les habitants finirent par s'endormirent, pour se réveiller à l'aurore les yeux rougeâtres, et des cernes bleus croulant sous leurs yeux. Personne ne sortit indemne de cette nuit cacophonique, sauf un.
Entonnement, tous arrivèrent en avance sur leurs lieux de travail. Pour ma survie, ainsi que celle de mes oreilles et de mon cerveau, je décidais de me rendre chez Pierre-Louis, un geek claustrophobe et agoraphobe. Son appartement était le seul qui était suffisamment isolé pour que la mélodie déchirante du vieux fou nous atteignent peu J'y ai retrouvé, sans surprise, Bartholomé, un jeune homme se nourrissant d'antidépresseurs, hyperactif et faussement joyeux, étant le meilleur ami de P-l.
J'aimais passer du temps avec eux : ils formaient une paire aussi surprenante qu'inattendue. Leurs réactions étaient toujours imprévisibles, ce qui me fascinait toujours. La journée se passa donc bien, et je finis par m'y installer temporairement, en compagnie de Bartholomé, le simple fait de traverser une pièce devenant impossible depuis que l'instrumentiste de malheur avait découvert les enceintes hautement perfectionnés ainsi que l'existence des pianos électriques..
Au bout d'une semaine, son stock de caféine épuisé, le calme, tant désiré, revint, laissant trace de son passage grâce aux otites et aux fièvres. Personne ne parvenait à croire qu'il avait tenu aussi longtemps, tout le monde trouvait cela « inhumain », mais ont-ils déjà ne serait-ce qu'essayer de faire de même avec les mêmes conditions ... Le soulagement et la satisfaction se lisaient sur tous les visages. Les poches sous les yeux disparurent peu à peu, et je pu retourner chez moi..