Journées perdues

Noir Blaireau

Un jour je me baladerai dans les allées
Lugubres du cimetière de mes journées perdues,
Sur la tombe de chacune je déposerai
Un marque-page pour en retrouver le contenu.

Où disparaissent donc les moments oubliés
Que la mémoire, clémente, sépare des souvenirs?
Cette perte de temps peut-elle être effacée
Pour qu'à la toute fin on ne puisse même en rire?

Je me remémore bêtement qu'un vide s'est créé,
J'ai conscience du néant, d'une absence de contenu.
Puisque rien ne subsiste, qu'a pu donc exister
Sinon de la durée compactée, confondue.

Peut-on se présenter à son Jugement Dernier
Et seulement alors, se rappeler de mourir?
Alors, vivant pour la première fois son décès,
Constater ennuyé que la fin n'est pas le pire?

Je suis le spectateur de n'avoir existé
Et l'acteur amusé d'un grand malentendu.
Ne pouvant affirmer tout revoir, tout repasser,
Je m'en vais me perdre dans l'éternel inconnu.




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