La cendrillon
li-ann
Il était une fois
Croix de fer croix de bois
Une fille qui amasse des cendres
Des histoires qui se font attendre
Elle n’avait pas de père
Elle n’avait pas de mère
Née dans la misère
Tu finiras poussière
Près d’une cheminée sans feu
Toute recroquevillée elle sèche ses yeux
Sur sa couche de crin de paille
Chaque aube est une nouvelle bataille
Une sorcière la tiraille
La cendrillon veille sur le chaudron
Elle est l’étrangère dans la maison
Elle essuie, astique, fait reluire les vieilles chansons
Ses bas nylons filés, un trou dans ses chaussons
Elle change le bouquet des roses de saison
Une fleur qu’on oublie
C’est ainsi qu’elle flétrie
Ses pestouilles de frangines
La harcèlent la taquinent
Car c’est la teuf samedi
Là que tout Paris
Se retrouve pour breaker
Pour boire et se montrer
Les deux chipies
Seront de la partie
Elles en font une maladie
Entre coup de ceinturon et talons aiguilles
Vaches limousine et collant résille
Elles grimpent dans le carrosse
T’es qu’une sale gosse la Cendron
Tu resteras à garder les moutons
Alors elle reprend ses brosses et ses chiffons
Mais d’un coup de revers spectaculaire
En un tour de baguette
La voilà dans la lumière elle porte la toilette
Fini les fripes et guenilles
Adieu verte chenille
Elle est sapée pour la guinguette
Robe à volants, escarpins, voilette
Y’a pas à dire elle en jette
On lui fait les yeux doux agréables courbettes
Jeux de mains et pas de deux et gambettes
Elle valse vire
Tourne et chavire
Sur le paletot d’un homme chapeau
Elle pâlit, s’étourdit mais s’interdit
Aux douze coups de minuit
Baiser volé sur sa peau
Le pot dernier métro
Changement Trocadéro
Elle égare une chaussure à 2000 euros
Le charme n’a pas de prix
Et la vie toujours un sursis.
C’est ce qu’il s’est dit lui
Quand il a ramassé l’objet chéri
Avec comme souvenir
L’empreinte de son sourire
Il l’a cherché partout
Mis la ville sens dessus dessous
Ultime espoir et dernier souffle
Tout ça pour une pantoufle
Elle ne pense qu’à lui
Ça la rend ouf aussi
Et la vie a repris
Son cour et a refait son lit
La cendrillon n’est plus la même
Sa variation a changé de thème
Elle est partie un jour sa marâtre de peine
Car il faut grandir et quitter sa marraine
Et comme ça finit bien
Il l’a retrouvée un fameux matin
Alors qu’il promenait son chien
Grâce à la godasse qu’il avait toujours dans sa poche
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de mioches