La Chambre d'Hôtel

Sami se tenait debout, près de la fenêtre entrouverte. Nu, cigarette au bout des doigts, il regardait Jean par dessus l'épaule:

— Je sais pas pourquoi je te raconte tout ça ! Toi t'es là, tu parles pas…

— Tu as besoin de parler, j'imagine, je sais pas…

— Oh d'habitude, je parle pas comme ça... Mais là, je sais pas pourquoi, je me sens à l'aise avec toi ! dit Sami en regardant le soir descendre sur la ville.

Il écrasa le mégot de sa cigarette sur le rebord extérieur de la fenêtre et alla s'asseoir sur le bord du lit, à côté de Jean:

— Mais t'es qui toi en fait ?

— Cette question ! Si je le savais moi-même...

— Ho, arrêtes ! Et quoi, ça t'arrive souvent de rester comme ça, dans le lit, puis d'écouter les conneries d'une pute que tu viens de baiser ?

— Mais tu ne dis pas de conneries, répondit Jean en souriant à Sami. Puis parfois y a des gens qu'on a envie d'écouter, attentivement, pendant qu'ils parlent. Ou même de regarder, pendant qu'ils se taisent…

Les deux garçons se dévisagèrent quelques secondes, sans dire un mot, puis Sami baissa les yeux lorsqu'il réalisa que Jean était en train de le regarder trop tendrement à son goût. Jean lui caressa alors la joue du bout du doigt, puis lui dit :

— T'es beau...

— T'en a pas eu assez ? répondit Sami à voix basse en tournant la tête, feignant d'être indifférent à la tendresse de Jean qui lui répondit aussitôt :

— Tu sais, je dis pas ça parce que j'ai envie de baiser. D'ailleurs j'ai plus envie de baiser... 

Surpris et ne sachant pas comment comment interpréter ce que venait de dire Jean, Sami resta silencieux, les yeux clos. Devait-il se rhabiller et partir ?

— Bon, tu viens ? lui demanda Jean, les bras ouverts.

Sami s'approcha et se blotti dans ses bras. La tête sous la couverture, il lui demanda :

— Tu peux me serrer fort ? ça te dérange pas... ?