La Chute des Géants :
Dominique Capo
1) Introduction : J'avoue que Dimanche soir, j'étais particulièrement anxieux et effrayé jusqu'au résultat du second tour des élections présidentielles. Quel soulagement a été le mien lorsque j'ai vu le visage d'Emmanuel Macron apparaître sur l'écran de télévision. Comme si on venait de m'ôter un poids de la poitrine qui m'empêchait de respirer. Comme si on m'avait retiré un fardeau des épaules ; celui que je portais depuis les quelques mois où je me suis engagé personnellement à combattre le Front National - et plus largement les « Extrêmes » - par tous les moyens à ma disposition.
Ma vie est particulièrement difficile ; faites d'épreuves, de souffrances, de fatigues. Celles-ci sont dû à la charge qu'est la sclérose en plaques, ainsi que ses conséquences diverses et variées, du membre de ma famille dont je m'occupe. Son état de santé régresse. Je me bats jour après jour – le plus souvent seul – afin de sauvegarder son bien être, sa tranquillité, sa sérénité. C'est un combat de chaque instant, qui ne me laisse ni repos ni répit.
Pour autant, je tenais vivement à m'engager dans cette bataille électorale, dans le but de faire barrage à ce que je considère être un danger aux retentissements incalculables pour l'avenir de la France ; pour notre République et pour notre Démocratie.
Je n'ai qu'un moyen de m'exprimer, puisque du fait de cette personne qui dépend entièrement de moi, je ne peux pratiquement plus sortir de chez moi. Ce sont mes mots, mes textes, mes pensées, mes réflexions, mes raisonnements, mes connaissances, ma curiosité intellectuelle. Ma mère me dit souvent que je suis « trop cérébral ». Or, depuis ma naissance, et jusqu'à actuellement, les événements que j'ai subi tout le long de mon parcours personnel ou professionnel m'ont contraint à ceci : centrer l'ensemble de mes capacités et de » mes possibilités sur cet aspect de mon être. Je n'ai pas eu d'autre choix, après les moqueries, rejets, impossibilités, violences dont j'ai été victime, etc. Je ne sais pas si les gens « normaux » ont conscience de ce que cela implique. C'est ma seule option. Si je n'ai pas ce moyen, je m'effondre. Psychiquement, moralement, émotionnellement, etc., la quasi-totalité de mon être meurt.
Mes articles sont lus par beaucoup de gens ; que soit ici ou ailleurs. J'ai d'ailleurs l'intention dans un futur plus ou moins proche de les rassembler, de les corriger, de les réactualiser, d'en enlever lourdeurs, fautes, j'en passe. Ainsi, je serai à même de les faire publier chez un éditeur digne de ce nom. Une autre bataille que je souhaite mener, en parallèle de la poursuite de la rédaction de mon ouvrage sur les « Origines idéologiques et ésotériques du Nazisme ». Puis, ensuite, le grand roman dont le synopsis sommeille dans mes tiroirs depuis des années, et qui est déjà ordonné et construit dans mon esprit. Maintes personnes qui me sont chères ici et ailleurs – je pense à l'une d'elle notamment – me poussent dans cette direction. Cette amie dont je ne peux mentionner le nom parce qu'il s'agit de quelqu'un très connue médiatiquement, croit en moi, m'encourage, m'appuie. Je lui en suis profondément reconnaissant. Son amitié est le bien le plus précieux, le plus important, que je possède.
Car ma famille est incapable de réaliser à quel point cet épaulement, ces encouragements, cette attention, cette prise en compte qu'il s'agisse là une question de survie mentale et physique, est essentiel. C'est ce qui me tient debout. Tout ce qui relève du quotidien et de ses tribulations est en dehors de mes compétences. Je suis perdu, mon cerveau ne répond plus. Il lui est insensé de les solutionner. Pire encore, nerveusement, psychiquement, ça m'atteins et m'anéantit.
M'être autant investi dans ce combat contre l'Extrème-Droite et le cataclysme auquel il conduisait la France s'il était porté au pouvoir a été une façon pour moi de contribuer aux événements en cours. Par mes mots, par mes idées, par mes partages, par mes échanges. Par les liens que j'ai avec les uns et avec les autres. Ça a également été un moyen d'être moi-même face à ce que j'ai décris ci-dessus. D'être vraiment moi-même, et non pas cette image édulcorée qu'ont les gens qui sont autour de moi dans la vraie vie.
Pour autant, l'élection d'Emmanuel Macron à la Présidence de la République pour abattre le Front National, si c'était un but louable à atteindre, n'est pas la fin du combat. Loin de là. Le fait qu'il ait été élu à plus de 65 % des voix n'est qu'une demi-victoire. C'est quelque chose à ne pas négliger. Imaginer que 65 % des français ont voté pour lui parce qu'ils croient en ses idées, en son programme, est une erreur.
Il y a de nombreuses facettes à développer concernant les multiples facettes de cette élection. Et elles sont toutes à prendre en compte si on veut percevoir le plus objectivement les effets de ce résultat. Je ne vais en citer que quelques-unes ; celles qui me paraissent les plus significatives :
2) Le Front National : Marine LePen a échoué à rassembler autour d'elle une majorité d'électeurs. La dislocations des Républicains, et l'effondrement du Parti Socialiste, sur lesquels elle comptait pour faire le plein de suffrages, n'a pas eu l'effet escompté.
Certes, des Républicains, voire des partisans de la France Insoumise, ont rejoint ses rangs au deuxième tour parce qu'ils ne voulaient pas de Macron. Pourtant, la plupart des gens votant pour les partis traditionnel, ainsi que ceux suivant Mélenchon, n'ont pas voté en sa faveur. Soit, ils sont abstenu, soit ils ont voté blanc, soit ils ont voté nul. Il ne faut pas oublier que près d'un quart des français ne sont pas allé voter pour cette raison. Il ne faut pas oublier que 11 à 12 % des électeurs ont voté blanc ou nul. Au total, 37 à 38 % des gens n'ont choisi ni Macron ni LePen. De ce point de vue là, Marine LePen a trop présumé de son pouvoir d'attraction.
Le rapprochement de Debout la France, de Nicolas Dupont-Aignan n'a servi à rien. Il faut avouer qu'au Premier Tour, celui-ci n'a recueilli que 5 % des suffrages. Si le score avait été beaucoup plus serré, évidemment, ça aurait pesé dans la balance. Là, non !!! A u contraire, à partir du moment où ce rapprochement a été annoncé, Nicolas Dupont-Aignan en a récolté les fruits. Beaucoup parmi ses collaborateurs et les instances de sa mouvance, s'en sont indigné. Son parti a commencé à se déchirer sur la pertinence de sa décision de devenir le Premier Ministre d'un Gouvernement LePen. Ce n'est que mon impression – nous verrons à l'usage -, mais il ne s'en relèvera pas. Et ce n'est pas parce qu'il a l'intention de présenter des listes autonomes pour les prochaines législatives que ça modifiera la donne. 5 % au niveau national ne lui donnera pas d'élan pour l'élection du Parlement. Il va donc vite retomber dans les oubliettes d'où il n'aurait jamais dû sortir.
Les votants des partis traditionnels, eux, vont retourner dans leurs mouvements originels. Maintenant qu'ils sont à reconstruire, et que ceux-ci se préparent pour les législatives, il n'y a plus de raison qu'ils appuient Marine LePen. La reconquête s'avère extrêmement difficile et improbable, j'en reparlerai. De fait, ils vont rejoindre les rangs qu'ils ont momentanément quitté pour refuser Macron au profit de LePen.
Quant au noyau dur des frontistes, s'ils ont légèrement gagné en suffrages, ils restent tout de mème minoritaires. Trop de gens dans notre pays sont attachés aux valeurs républicaines et démocrates, pour les voir détruites par l'Extrème-Droite une fois au Pouvoir. Puisque telles sont les ambitions réelles, et à peine cachées de cette dernière. Il ne faut pas être grand clerc, lorsqu'on suit les discours de ses ténors, pour deviner ce que dissimule l'anti-Europe qu'ils prônent, le protectionniste, l'islamophobie, et la xénophobie, exacerbés qu'ils ne cessent de clamer comme solution à tous les maux du pays.
Le débat LePen-Macron, à ce niveau là, a été déplorable. Certes, là aussi, que l'on soit pour son programme de celui-ci ou pas -, le candidat a su rester digne face aux attaques incessantes de Madame LePen. Elle l'avait d'ailleurs annoncé dès avant le débat. Elle ferait tout pour le faire sortir de ses gonds. Il a répondu à ses virulences. Parfois, on a eu le sentiment de voir deux gamins se chamailler dans une cour d'écoliers. Néanmoins, contrairement à elle, son projet était cohérent, chiffré, respectueux. Elle a ressorti ses éternelles rengaines sur l'Europe, sur l'euro, sur le protectionnisme étatique, sur la préférence nationale, sur l'islamisme confondu avec l'islam, etc. Toujours les mêmes ficelles grossières et sans queue ni tète. Elle n'a donné aucun chiffre pour dire de quelle manière elle allait financer son programme, se contentant, à chaque fois qu'on lui posait la question, de détourner l'attention sur ses invectives.
De plus, sa morgue, ses sourires en coins, ses moqueries à l'égard de Macron, l'ont décrédibilisé. Le résultat, on l'a vu dès le lendemain, et surtout dès le vendredi. Quand elle s'est rendu à Reims et qu'elle s'est fait huer. Les points qu'elle avait remporté jusque-là ont fondu comme un glaçon au soleil. Son mot sur le véld'hiv, à mon humble avis, a fini de la faire chuter.
Pour revenir au noyau dur des frontistes, celui-ci n'a jamais été suffisant, et ne sera jamais suffisant, pour lui faire remporter la victoire. Que ce soit aux Présidentielles ou aux Législatives. Beaucoup de ceux et celles qui croient en elle actuellement sont des déçus de l'éternel duel Gauche-Droite dont les solutions mises en place pour soi-disant redresser la France, sont inefficaces depuis près de 40 ans. Le Front National s'appuie sur les plus désespérés, les gens perdus dans un monde qu'ils ne comprennent plus, auquel ils n'ont pas su – ou pas pu – s'adapter pour rebondir. Ce sont aussi, forcément, ceux et celles qui ont le plus peur des changements en cours. Qui sont terrorisés par les bouleversements d'un monde en perpétuelle mutation. Marine LePen le sait, elle s'appuie sur ces peurs, sur ces angoisses, pour enchaîner ses partisans à une doctrine dont les origines remontent à l'une des heures les plus sombres de notre histoire récente. J'ai, au début de la campagne officielle, écrit un article détaillant brièvement d'où ses idéaux sont issus. Des confrères historiens – mondialement reconnus, eux – ont également écrit sur ce thème. Les faits et le parcours est connu, recensé. Il suffit de vouloir s'informer sérieusement – et non pas à coups de textes de propagande ou d'approximations tendancieuses – pour les découvrir.
Bref, ce noyau dur existera toujours. Ce n'est pas pour autant qu'il lui permettra d'aller plus haut dans les intentions de vote. Ainsi, si le Front National a percé aux dernières régionales, c'est parce que les gens étaient exaspérés par les politiques ineptes menées par les partis traditionnellement portés au pouvoir. Ce n'est pas – pour leur majorité – parce qu'ils adhéraient aux idées de Marine LePen. Il en sera de même pour les prochaines législatives. Je ne doute pas qu'elle remporte quelques sièges. Mais elle n'aura pas de majorité, et n'aura qu'un poids très limité dans la prochaine assemblée.
Enfin, un ultime point qui se profile à l'horizon. Celui-ci est apparu dès hier soir, après l'annonce des résultats du Second Tour : si Marine LePen a pour ambition de rénover son parti afin d'élargir son électorat, il n'est pas sûr qu'elle y parvienne. En effet, je ne pense pas, au vu de ce que je viens d'expliquer, que son mouvement puisse vampiriser la Droite et le Centre traditionnels dans le but de les remplacer et de les éradiquer. Les idées prônées par son parti, même si elle souhaite les modifier, en balayer un certain nombre sous le tapis, seront toujours présentes. Et elles ressurgiront sous une forme ou sous une autre tôt ou tard. Par ailleurs, les réfractaires à ces changements d'orientation internes sont nombreux. La vieille garde, tout d'abord, fidèles à Jean-Marie LePen. La nouvelle génération, symbolisée par Marion Maréchal-LePen, attachés aux valeurs qui sont son identité propre.
Il n'est donc pas impossible qu'une division apparaisse assez rapidement au sein du Front National. Un peu comme celle qui a opposé Jean-Marie LePen à Bruno Megret aux alentours de 1998. Les fissures commencent déjà à apparaître. Il est vraisemblables qu'elles ne vont faire que s'agrandir au fil des semaines et des mois qui viennent.
3) Les Républicains : Pour ce parti, ces élections Présidentielles ont été terribles. Un choc dont il est difficile de dire s'il s'en remettra, et de quelle manière.
Cependant, il y a un certain nombre d'enseignements à tirer de cet épisode. Tout d'abord, François Fillion a échoué. On peut maudire les médias qui se « seraient acharnés » sur lui à cause des affaires sorties au mois de Février et Mars, le fait est que cet aspect est anecdotique et négligeable. Evidemment, nul ne peux manquer de souligner que ces épreuves l'ont affaibli. Sa popularité en a été émoussée. En même temps, ayant participé au Gouvernement de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, en étant un vétéran de ce genre d'affrontement, il devait s'attendre à ce qu'on vienne fouiller dans son passé, ainsi que dans les poubelles qu'il a laissé derrière lui en partant. Ce n'est pas comme s'il était un novice.
Ce genre d'attaques, il le savait, pour déstabiliser son adversaire, son monnaie courante. La Droite a la même attitude envers la Gauche lorsque l'occasion lui en est donnée. Quant aux médias en eux-mêmes, ils ne sont qu'une fraction des sources de renseignements vers lesquels les français sont susceptibles de se tourner pour se renseigner sur leurs élus. Internet, les réseaux sociaux, etc. ont de plus en plus d'importance et d'influence. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, le fait est qu'il faut faire avec dans un monde ou le « tout connecté » est désormais incontournable.
Quant aux médias traditionnels, s'ils sont capables de continuer à perdurer, c'est parce que des grands groupes économiques et industriels investissent dans ces organes. Il y en a qui sont plutôt de Gauche. Il y en a qui sont plutôt de Droite. Il en a toujours été ainsi. Ils suivent l'actualité. Et si l'actualité, à un moment donné, se concentrait sur les déboires de François Fillion, c'est parce qu'elle y était au cœur. On peut également que le moment a été choisi opportunément en fonction du calendrier électoral. Les conspirationnistes de tous poils sont toujours prompts à ce genre de déclarations. Mais aucune source fiable, vérifiable, et avérée, ne pourra venir l'affirmer. Pour autant, ces conspirationnistes orienteront leurs réflexions en fonction de sources qui les arrangent, en écartant celles qui ne vont pas dans leur sens. Comme ceux qui croient que personne n'a jamais marché sur la Lune. Qu'il s'agit d'une mise en scène du gouvernement Américain. Ou comme Elvis ne serait pas mort et vivrait encore quelque part caché.
En outre, mème si cet événement a été orchestré, je le répète, en tant que vétéran de la Politique, François Fillion devait s'y attendre, s'y préparer.
De fait, il a été défait dès le Premier Tour. Que ce soit à cause de ses affaires n'est qu'un aspect à prendre en compte. Surtout, à mon avis, nombre d'électeurs voyaient en lui le retour de la même mouvance ayant été au Pouvoir avec Sarkozy. Il ne faut pas omettre que si Hollande a été élu, là aussi, c'est pour ne plus avoir Sarkozy lors d'un deuxième mandat. Ce n'est pas pour rien si l'ancien Président a été battu dès les Primaires de la Droite et du Centre.
Nombre d'électeurs ne voulaient plus d'un Sarkozy bis. Les Affaires n'ont fait qu'amplifier cet élan. Fillion incarnait la Droite traditionnelle. Les mêmes idées, les mêmes méthodes, les mêmes propositions qui ont échouées au cours de ces dernières décennies. Et surtout, comme pour le Parti Socialiste, les mêmes tètes.
Les électeurs de Droite, orphelins de leur poulain, se sont retrouvés perdus. Ils se sont scindés en plusieurs fractions. Les uns ont rejoint Macron. Ils désiraient avant tout de Marine LePen ne soit pas élue. Certains ont rejoint Macron, pensant que le mouvement qu'il incarne figure un avenir nouveau, une voie inédite à ne pas manquer pour faire sortir la France de l'impasse dans laquelle se trouve. Il y en a, parmi ces derniers, qui se reportent sur le mouvement « En, Marche » par opportunisme et par carriérisme, il ne faut pas être naïf ni crédule. Le succès est un puissant aimant pour tous les opportunistes qui désirent gravir les marches du Pouvoir, et en retirer un profit quelconque. Une troisième fraction, enfin, a décidé de ne prendre parti ni pour Marine, ni pour Emmanuel Macron. Ils ont estimé qu'aucun des deux n'allait conduire la France dans la direction que leur paraissait la meilleure. Ils appartiennent à cette frange d'abstentionnistes, de votes blanc ou nul, dont la proportion a été si significative Dimanche.
Ces derniers ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir choisi cette option. Nombre de partisans de la France Insoumise en ont fait de même.
Le pari qu'a tenté cette troisième frange issue de la Droite traditionnelle – je le sais pour avoir échangé avec certains de ses membres jusqu'à avant le Second Tour – a été celui-ci : s'il y a assez de gens qui, comme eux, optent pour le « ni-ni », ni Marine LePen, ni Emmanuel Macron ne pourront être élus. Mauvais calcul : car il y aura toujours de français qui seront des désireront élire l'un ou l'autre. Il y aura toujours des français qui feront passer l'intérêt supérieur de la nation, avant de songer aux différences idéologiques. Il y en aura toujours qui feront passer la Démocratie et la République avant le reste ; avant de se dire qu'Emmanuel Macron et Marine LePen, c'est choisir « entre la peste et le choléra ».
Ce n'est pas vrai, je tiens à le souligner le plus fermement possible. Ils se trompent. Et aujourd'hui, ils payent au prix fort cette erreur de jugement. Il y a une différence entre quelqu'un qui est démocrate et républicain, et quelqu'un qui ne l'est pas. On peut ne pas être d'accord avec la politique que souhaiter mener Emmanuel Macron, mais il n'a rien à voir avec Marine LePen sur cet aspect là.
Je sais que, parmi les Républicains, il y en a qui regardent Emmanuel Macron comme le continuateur de la politique de François Hollande. Nul ne peut l'affirmer, vu qu'il n'a jamais été aux manettes de l'Élysée. Certes, il a été Secrétaire Général de l'Élysée, certes, il a été ministre de l'économie. A Droite, comme à Gauche, d'autres « présidentiables » ont eu des parcours similaires. François Fillion lui-même, a été ministre sous Chirac, et Premier Ministre sous Sarkozy. Il est, en outre, à noter, que les attaques dont celui-ci a été l'objet, n'ont rien à voir – ou si peu – avec ses précédentes fonctions. Car, comme n'importe quel ministre ou Premier Ministre, de n'importe quel Gouvernement de Droite ou de Gauche, ceux-ci ont géré la Fran,ce selon leurs convictions et leurs idéologies politiques. Ils ont tous échoué à redresser la France. Et là, comme par hasard, le fait qu'Emmanuel Macron ait été ministre de François Hollande le voue aux gémonies.
Tout au long de la campagne électorale – je me souviens du débat d'entre deux-tours des assertions de Marine LePen sur ce sujet ; mais combien parmi les Républicains ont repris le même leitmotiv -, ils n'ont cessé de protester de cet argument. Or, celui-ci ne tient aucunement la route. Au début, certes, c'est François Hollande qui l'a nommé Secrétaire Général de l'Élysée. Il sortait alors tout juste de la banque Rothschild. Les ardents défenseurs de la Droite de s'en offusquer, alors que combien d'entre eux sortent de milieux d'affaires semblables ou équivalents. Combien sortent des Grandes Écoles, ou de la Haute Administration, où ils ont fait leurs premières armes en politique. Tout le monde trouve cela normal. Une trajectoire habituelle, commune, lorsqu'on intègre les milieux politiques. Et là, parce qu'il se dit de Gauche, et qu'il est amené à succéder au chef d'État le plus désastreux de la Cinquième République, on emploie tous les moyens pour l'affilier à François Hollande.
Personnellement, je trouve cette interprétation trop facile, trop commode. D'autant plus qu'Emmanuel Macron a démissionné de son poste de ministre parce qu'il était en désaccord avec la voie tracée par le Gouvernement d'alors. Il a, dans la foulée, fondé son mouvement. Il s'est lancé dans la campagne électorale. Il n'a cessé de marteler qu'il avait le sentiment d'avoir les mains liées, en tant que ministre, pour prendre les décisions nécessaires et utiles – selon lui – afin de redresser économiquement notre pays. Lorsqu'il a été ministre, il a eu quelques écarts qui ne correspondaient pas à la ligne officielle, qui lui ont valu des rappels à l'ordre. Tout le long des mois qui viennent de s'écouler, il n'a cessé de clamer que la vision de François Hollande et la sienne étaient opposées. Mais non, rien à faire. C'est tellement commode d'user de ces grosses ficelles pour amalgamer les programmes politiques de ces deux hommes.
On peut ne pas être d'accord avec ses ambitions et ses vues idéologiques. C'est même normal, naturel. Car c'est là que se situe le combat pour convaincre les français que ses choix sont meilleurs que celui de son concurrent.
La différence essentielle entre celui qui a mené la Droite à une défaite monumentale, et celui qui est devenu Président de la République, c'est que l'un traînait des Affaires derrière lui. Elles lui ont coûté très cher, comme je l'ai spécifié plus haut. Et je le répète, nul besoin d'y voir une manœuvre médiatique ou autre, pour la comprendre et l'analyser.
Il s'agit surtout, à mon avis, d'amertume et de rancœur de ne pas avoir pu convaincre le bien fondé de l'alternative « légitime » que la Droite représentait, à l'issue du quinquennat de François Hollande. Le balancier habituel qui constitue à alterner entre Droite et Gauche, a explosé. Il n'est pas besoin d'aller chercher plus loin.
Une fois François Fillion disparu de la scène politique, il était évident que la Droite ne saurait pas se remettre en question sur les raisons de son échec. Ce n'est pas la première fois que ce genre de situation se produit. Il est tout de même consternant de constater qu'à chaque fois que la Droite se retrouve dans l'opposition, il s'ensuit une guerre des chefs. Chacun veut tirer la couverture à soi. L'enjeu est alors de reprendre les rennes du parti en vue des prochaines échéances électorales. Une guerre des ego et des visions de ce que doit être la ligne à suivre. En cela, la Droite se comporte à peu près de la même façon que ses éternels opposants que sont les « éléphants du Parti Socialiste. Sauf qu'idéologiquement, les ressors sont totalement différents.
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La Droite se rattache aux valeurs du Gaullisme. L'idéologie de ce parti est concomitante avec le chef de la « France Libre » et du fondateur de la Constitution de 1958. Or, la Droite, sure d'elle et du bien fondé de l'idéal qui est le sien, a oublié un élément fondamental. Et celui-ci l'empêche, à chaque fois qu'elle est au Pouvoir, de résoudre la Crise que traverse notre pays depuis plus de 40 ans. Et ces échecs se renouvelleront à chaque fois tant qu'elle ne se sera pas remise en question et en cause sur ces points. C'est inévitable, irrémédiable. Ça lui a déjà coûté très cher. Ce sera également le cas dans le futur.
La Droite Française part, essentiellement – je résume et simplifie – qu'il n'y a que la croissance économique qui est le principal facteur de progrès et de développement. La consommation, le capitalisme, et le libéralisme, sont la seule voie possible. Pour cela, dans son esprit, tout ce qui met un frein à ce mécanisme ne peut que les empêcher, voire les freiner ou les stopper. Taxes, impôts, charges sociales ou administratives, etc. sont des entraves inadmissibles. Il n'y a que parla concurrence, que par la loi du marché, que cette machine est susceptible de se réguler et de profiter au plus grand nombre. L'industrie, le monde l'entreprise, sont des entités à part entières. C'est parce qu'elles font des bénéfices, qu'elles s'enrichissent, que leurs salariés en récoltent les fruits. Les actionnaires qui ont investi également.
L'entreprise étant une entité équivalente – voire plus importante – que ceux et celles qui lui permettent d'exister et de prospérer, ces derniers ne sont qu'une variable. Une variable que l'on ajuste et que l'on modifie au gré des nécessités et des besoins. Ainsi, lorsqu'une entreprise grandit, s'enrichit, on investit afin d'en augmenter le rendement et le profit. Éventuellement, on embauche. Et encore plus éventuellement, on augmente les salaires des employés.
A ce stade, je souligne que ce mécanisme est majoritairement valable pour les grandes entreprises ou les multinationales. Quand il s'agit de petites ou moyennes entreprises – dans quelque secteur d'activité que ce soit -, ces vues sont plus malléables. Elles sont moins extrêmes.
En aparté, il est intéressant de constater que le vocabulaire employé dans ce milieu est transposable avec celui que l'on emploie lors d'un conflit armé. Comme si le survie de l'entreprise était un combat au milieu de chien enragés. Ce serait à celui qui est le plus violent, le plus froid, les plus implacable, le plus inhumain !!!
Les petites et moyennes entreprises sont moins axées sur ce principe. Pour autant, il est vrai que l'humain passe au second plan. Dans cet esprit, il est vital que l'entreprise perdure, y compris au détriment de l'humain. Ce n'est pas l'humain et sa survie qui est au centre des préoccupations. Ce sont les profit générés, la consommations, pour que l'entreprise puisse exister.
Ce principe était valable tant que la croissance économique était linéaire, continuellement en hausse. Tout a changé au cours des années 1970. Les deux chocs pétroliers d'abord, puis, l'influence de plus en plus grande de la mondialisation, ont bouleversé ce schéma. La fin des Trente Glorieuses a sonné le glas de ce système cohérent et susceptible de profiter à tous. La conséquence directe de la fin de cette ère de croissance sans précédent, a entraîné un chômage de masse, des délocalisations, de l'endettement, de la fragilité financière, etc. Cela, pour les entreprises. Encore une fois, l'idée que le capitalisme et le libéralisme parviendraient à réguler le système était la conviction profonde. Il faut avouer également que tous ces dirigeants ou politiques – pour les plus anciens nés durant les Trente Glorieuses – s'accrochent à cette façon de considérer les choses parce que c'est la seule qu'on leur a inculqué lors de leur cursus. C'est une culture qui n'a été remise en question que ses dernières années ; avec la virulence que l'on sait. Du fait des inégalités de plus en plus criantes et de plus en plus grandes entre ceux qui tirent encore parti du système et ceux qu'il laisse de coté, les tensions s'exacerbent. Une société à deux classes s'instaure. Entre possédants et démunis, entre riches et pauvres, entre ceux qui ont un avenir et ceux qui n'en n'ont pas. Entre fragiles et forts.
Tout découle de ce capitalisme et de ce libéralisme qui fonctionnait jusqu'au milieu des années 1970. Entre-temps, qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, le monde a changé. D'immenses bouleversements politiques, idéologiques, sociaux, économiques, culturels, climatiques, j'en passe, ont eu lieu. Et cela a été oublié dans cette vision où l'économie est le moteur qui peut redresser un pays, ou pas.
Cette remise en perspective qui s'est déroulée sous les yeux des partisans de la Droite croyant à ce que je viens de résumer plus ou moins maladroitement, n'a pas eu lieu. Ils en sont resté à cette projection en vigueur il y a 50, 60, ou 70 ans. Un peu comme si on s'appuyait sur les préceptes politiques d'après la guerre de 1870.. à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Chacun serait alors convaincu qu'utiliser cette idéologie vieille de 70 ans – Napoléon III – allait remettre la France de 1945 debout. Tout un chacun trouverait cela ridicule, obsolète, anachronique. Tout le monde s'écrirait que ce serait conduire notre pays dans une impasse.
Eh bien, aujourd'hui, c'est le mème principe qui s'applique. Et c'est pour cette raison que la Droite échoue à redresser notre patrie à chaque fois qu'elle est au Pouvoir. C'est pour cela que François Fillion a échoué au Premier Tour des Présidentielles. Il a usé des mêmes notions qui faisait la force de la France il y a 70 ans. Il a mis le monde de l'entreprise au cœur de la possibilité de franchir les épreuves actuelles. Alors qu'en fait, la solution préconisée là n'est plus totalement valable. Elle est encore partiellement apte. Mais il ne s'agit qu'une fraction de la solution. Pas l'entière solution.
Pourquoi, parce que dans un pays, dans un monde, qui a changé, ces préceptes sont à faire évoluer, à modifier, à refonder, à retravailler, afin qu'ils collent à leur temps. Plutôt que de s'acharner – sans succès – à vouloir rétablir un modèle qui n'existe plus.
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C'est la leçon essentielle à tirer de ce naufrage électoral de la part de la Droite. Malheureusement, je ne pense pas qu'elle en soit capable. La Droite – comme la Gauche, mais j'y reviendrais – ne fait jamais d'autocritique et de remise en questions de ses façons de fonctionner. Et demain, si cet état des lieux, et les moyens de dépasser ces dogmes périmés, ne sont pas mis en œuvre, l'échec sera de nouveau là.
C'est parce des Républicains sont conscients de cette incapacité à la Droite de se remettre en cause, qu'ils sont désormais tenté de rejoindre le mouvement « En Marche » d'Emmanuel Macron. Quant aux autres, emmenés par Laurent Wauquiez et François Barroin, ils se crispent sur leurs positions. Ils ne démordent pas de leur idéologie et de leurs solutions de jadis qui les ont conduit à l'échec. Ils sont incapables d'en envisager d'autres. Et c'est ce qui va les perdre à plus ou moins brève échéance. Ils vont se déchirer – comme ça commence déjà à être le cas – pour reprendre les rennes du parti à leur profit. Ils vont dévoiler un programme pour les législatives, peu ou prou équivalent à celui de François Fillion ou de Nicolas Sarkozy. Ils vont s'exclamer qu'ils sont l'alternance à l'échec du quinquennat de François Hollande ; et du gouffre vers lequel pousse la France Emmanuel Macron – puisque forcément successeur de celui-ci ; dans leur esprit, il ne peut en être autrement, comme je l'ai écris plus haut.
Alors, que va t'il désormais advenir du parti « les Républicains ». A mon sens, François Barroin n'a pas les épaules assez solides pour rassembler cette Droite dispersée en plusieurs courants sur le point de s'affronter, derrière lui. Oh, je suis convaincu qu'ils vont gagner un certain nombre de députés à l'Assemblée Nationale. Le but est surtout d'être un contre-pouvoir au mouvement d'Emmanuel et à sa présidence. Il souhaitent le court-circuiter pour kidnapper sa présidence à leur profit. Ils désirent être majoritaires à l'Assemblée Nationale afin de gouverner par procuration, finalement. Par l'intermédiaire d'une cohabitation dès le mois de Juillet, ils désirent imposer leurs réformes, leur orientation politique, à un jeune Président qu'ils voient comme inexpérimenté et qui leur a volé leur victoire. Pour eux, Emmanuel Macron est un gêneur, qui est venu comme un chien dans un jeu de quilles, exploser les codes consensuels et invariables de la confrontation Gauche-Droite. Ce qui est inadmissible.
Cette levée de boucliers de ceux et celles habitués à ces conventions, à cette Droite qui est la seule opposition acceptable à la Gauche, se retrouve dès lors affaiblie par ses positions. Elle se retrouve affaiblie par l'irruption de ce trublion surgi de nulle part avec son mouvement depuis un an. Et, qui plus est, s'est précédemment revendiqué et soutenu par cette Gauche qui a failli sous le mandat de François Hollande. Il n'est donc pas surprenant que ces réactions épidermiques à son encontre soient si virulentes. Par ailleurs, les membres de ce parti tiennent à préserver leur monopole électoral. Ils désirent préserver leurs carrières, leurs réseaux d'influence, leurs coutumes qui ont fait d'eux la seule alternative face à un Front National de plus en plus fort. Ils se sentent en danger, ce qui les crispe encore plus.
Comme ils sont crispés par les quelques, plusieurs barons qui hésitent entre rester dans leur parti d'origine, ou à rejoindre « En Marche ». De fait, des fractures de plus en plus grandes ne cessent d'apparaître. Elles vont s'élargir de plus en plus. Il est évident qu'après les Législatives, des règlements de compte, des ambitions personnelles, des rancœurs, des oppositions, vont se discerner.
Les Républicains vont-ils être capables de les surmonter. Je demeure dubitatif. Rien n'est moins sûr. François Barroin ou Laurent Wauquiez ne sont ni François Fillion, ni Nicolas Sarkozy. L'un a échoué au premier Tour ; l'autre n'a pas franchi le cap des Primaires. Les français ne veulent d'ailleurs plus de lui parce qu'ils ont vu ce que son quinquennat a été ; à quel point ils ont été malmenés par celui-ci. Il va forcément en résulter des bouleversements internes. Ils sont nécessaires. S'ils ne sont pas accomplis, les Républicains vont suivre le mème chemin que le Parti Socialiste dès maintenant. C'est un choix décisif qui s'ouvre devant eux.
Il est enfin à noter que l'affaire Fillion est loin d'être terminée. En effet, maintenant que les élections présidentielles sont passées, et que François Fillion s'est éloigné de la politique, celui-ci va devoir répondre des soupçons qui pèsent sur lui et sur sa femme. Les répercussions sur le parti risquent d'être désastreuses. L'image du mouvement va forcément en pâtir. Elle va exacerber les velléités des uns et des autres.
D'autant que je ne suis pas sûr que Laurent Wauquiez ou François Barroin parviennent à faire face à la fronde qui va découler de l'issue des scrutins de Juin prochain. La Droite est désormais extrêmement fragilisée par ce qu'elle vient de vivre. Les électeurs, perdus du cause de la défaite de François Fillion, et des affaires qui l'ont accompagné, alors que celui-ci a longuement affirmé qu'il était irréprochable, et que le futur président de la République se devait d'être irréprochable, n'a donné l'exemple qu'il voulait être. Il a décrédibilisé l'ensemble du parti, et accéléré la décision des pro-Macron à Droite à tenter leur chance ailleurs.
Cette défaite a encore montré les limites d'un système de pensée politique, tel que je l'ai décrit plus haut concernant le néo-capitalisme et le libéralisme à outrance. Et la population en a plus qu'assez que ce soit toujours ces mêmes tètes qui se partagent le pouvoir, changeant de poste et de fonction au gré des échéances électorales et des gouvernements. Elle voit surtout des élites de Droite qui s'accrochent à leurs places parce qu'ils y ont des avantages incroyables, par rapport à l'immense majorité des gens du commun. Ils sont scandalisés par ceux-ci, par leurs salaires, par les accointances entre le privé et le public en fonction des intérêts électoralistes des uns et des autres. Les dépenses somptuaires aux frais de l'État – on se souvient de l'arrêt au Fouquet's dès le soir de son élection, par Nicolas Sarkozy. Le ton était alors donné sur l'orientation/. Alors que, dans le même temps, on demandait aux français de se serrer la ceinture pour renflouer – en vain – le déficit du pays.
Je ne parle mème pas de l'incapacité à faire refluer la radicalisation, à protéger nos concitoyens dans les zones de non-droit, à résorber le chômage, à endiguer le recul des prérogatives de l'État – police, médecin, déclin du monde agricole, hôpitaux, poste, etc. - dans nombre de régions de France. Accroissant encore plus la désertification au nom du sacro-saint précepte qui veut que ces administrations soient rentables… ou disparaissent.
Pour ma part, j'estime qu'une administration telle que celles que je viens de mentionner, n'ont pas vocation à être rentables. Elles sont financées par nos impôts, via l'État, les régions, les départements, etc. Elles se doivent d'être utiles, avant tout. C'est le seul critère qui vaille. Parce qu'elles sont au service de la population. Bientôt d'ailleurs, je crains qu'on en vienne à refuser de soigner de pathologie trop chères à prendre en charge, afin de faire des économies. Moi qui suit l'évolution de notre système de santé – bien obligé, étant malade et handicapé -, je me demande si on en arrivera pas au système qui prévaut aux États-Unis. En tout cas, nous nous y dirigeons progressivement.
C'est un choix de société auquel je ne souscris pas. Ce choix élimine l'humain de l'équation, si je puis me permettre cette image nauséabonde et monstrueuse. Comme pour le monde de l'entreprise, ce choix est à l'image de ce néo-capitalisme vieillissant, de cet ultra-libéralisme moribond. Celui-ci, après l'effondrement du Communisme, imaginait qu'il était la seule option viable pour que la civilisation occidentale continue de peser de tout son poids sur l'avenir de la planète.
On se rend compte que ce n'est pas vrai. Au contraire, il contribue à la conduire à l'abîmé. De plus, les populations n'en veulent plus§. Ils abhorrent de plus en plus. Ils le repoussent de toutes leurs forces. Ils le condamnent et en finissent par détester ceux qui le symbolisent. Et ce que les Républicains vivent est à l'image de cette option choisie à l'aube des années 90, mais qui a débuté avec l'Ère industrielle au milieu du 19e siècle. Et tout comme ce à quoi nous assistons comme régression économique, culturelle, sociale, etc. dans l'ensemble des pays occidentaux, la France et ses Républicains le subissent et le subiront aussi.
4) Le Parti Socialiste : Tandis que les Républicains se retrouvent perdus et en proie à des tensions internes, le Parti Socialiste, lui, est en pleine décomposition. Il faut dire que son passif est lourd.
Nul ne peut nier que le quinquennat de François Hollande a été calamiteux. Les affaires ont succédés aux affaires. Elles ont débuté avec le compte caché en Suisse de Jérôme Cahuzac. Elles n'ont, ensuite, cessé de proliférer. Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, Christiane Tobira, et leurs prises de parole ou de positions intempestives. Manuel Valls et son envie d'en découdre à tout va. Les délocalisations, la pauvreté, le chômage, n'ont fait qu'augmenter. François Hollande avait promis qu'a la fin de son mandat, le chômage serait stoppé, voire résorbé. Ça a été un échec total. C'est le contraire qui est advenu. Il n'a jamais été aussi haut. Les attentats dont la France a été victime n'ont fait qu'alourdir le climat. L'état d'urgence n'a pas réussi à empêcher les suivants de survenir. On pourrait citer des exemples à tout va. J'estime, pour ma part, que François Hollande président de la République a été le pire qui ait été au pouvoir depuis les débuts de la Cinquième République.
Il faut en outre se souvenir que si François Hollande a été élu à la tète de l'État, c'est davantage parce que les français ne voulaient plus de Nicolas Sarkozy. Ils se sont, en majorité rallié à François Hollande pour s'en débarrasser. Mais il est vrai que beaucoup de gens, que beaucoup de politiques, en la matière, ont la mémoire courte. Finalement, François Hollande n'a été qu'un « moindre mal ». On en vu le résultat tout le long des cinq années écoulées ; Et encore plus au cours de la campagne présidentielle qui vient de s'achever.
Je suis sincèrement convaincu que François Hollande était persuadé qu'il aurait la capacité de se représenter. S'il ne l'a pas fait, c'est parce qu'il s'est finalement aperçu qu'y compris au sein de son propre camps, il ne parviendrait pas à rassembler. Le gros défaut de cet homme, c'est que, bien qu'un vétéran de la politique, il n'a jamais participé à aucun gouvernement. Certes, il a tenu les rennes du parti socialiste pendant un certain nombre d'années. Il a toujours essayé de ménager les uns et les autres des courants qui font son parti. Il a toujours tenté de rassembler les « éléphants du PS » qui avaient chacun leur propre vision de ce que devait être ce dernier. Mais c'est différent de voir la réalité d'un gouvernement diriger le pays.
Or, il n'a jamais vécu cette expérience fondamentale. Et cela lui a énormément nuit. Par ailleurs, comme lorsqu'il menait le parti, il a tenté de faire en sorte que ses collaborateurs représentants chacun un courant spécifique du PS, s'entende avec les autres. Là encore, ce n'a pas été possible. Et on en a vu le résultat. Des défections en série, des prises de position ne correspondant pas à la ligne présidentielle. Emmanuel Macron est le dernier qui a joué « cavalier seul ». François Hollande n'a pas imaginé un instant que son jeune protégé se séparerait de lui ainsi. Pire encore qu'il créerait son propre mouvement ; et qu'il finirait par le trahir définitivement.
Il est d'ailleurs intéressant, voire comique, de constater, après l'élection d'Emmanuel Macron, de quelle façon notre tout jeune ancien président essaye de rattacher son successeur a sa politique. Une manière pour lui, de chercher à prouver que sa politique n'a pas totalement échouée. Une façon aussi, de rattacher Emmanuel Macron a l'ancienne ligne issue du PS ; alors que celui-ci veut s'en démarquer à tout prix. Emmanuel Macron ne veut pas être vu comme l'héritier de François Hollande – on peut le comprendre. Il l'a d'ailleurs assez répété, bien qu'on veuille bon gré mal gré, parmi les Républicains, à le considérer comme tel. Mais, là encore, la ficelle est trop grosse. Elle est trop visible pour être efficiente.
En tout état de cause, il était prévisible qu'après cette parenthèse hollandiste, le parti socialiste échoue à convaincre les électeurs de reconduire François Hollande. Le fait que Benoît Hamon ait été choisi lors des Primaires de la Gauche n'y a rien changé.
Là encore, bien que cela fasse un certain nombre d'années que Benoît Hamon soit en politique, celui-ci n'a pas de légitimité suffisante pour porter l'avenir du PS sur ses épaules. L'expérience lui manque, par bien des aspects. De plus, il appartient à une fraction assez faible de ce dernier. Elle a longtemps été minoritaire parce que trop réformatrice au goût des éléphants. Et, lorsque ceux-ci se sont aperçu que ce qu'il proposait était la seule voie possible afin de le revitaliser, il était trop tard. Les français ne voulaient plus du parti socialiste au pouvoir ; comme il ne voulaient plus des républicains non plus.
De fait, les français ont massivement reporté leurs voix sur les seules fractions politiques qui leur paraissaient encore tolérable : les extrêmes, de Droite ou de Gauche, ou le petit nouveau qu'est En Marche. Il n'est, dès lors, pas étonnant que le Parti Socialiste n'est pas pu, lui aussi, franchir le cap du Premier Tour des présidentielles. C'était à prévoir. C'était irrémédiable, logique.
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Le problème du Parti socialiste est à la fois différent et semblable de celui des Républicains. Il est différent parce que l'idéologie sur laquelle se base sa politique n'a rien à voir.
Le Parti Socialiste est l'héritier du Parti Communisme. Ils sont tous deux issus de la même souche idéologique apparue à la fin du 19e siècle, et à l'aube du 20e siècle. L'essor du monde ouvrier durant cette période, concomitant avec l'essor de l'industrialisation. Le combat de celui-ci pour sa reconnaissance, pour qu'il profite du progrès de la même manière que les autres classes sociales constituant l'immense majorité de la population. Ces revendications justes et légitimes ont fait l'objet de batailles : les congés payés, le droit de vote pour tous, l'égalité devant l'enseignement, la sécurité sociale, le mariage pour tous, que sais-je, sont leur héritage.
Et ces combats devaient être menés. Ces victoires devaient être remportées. Ces acquis sont à la base même de la spécificité française ; cet idéal républicain teinté d'égalité.
Pour autant, entre-temps, le monde a changé. Les bouleversements ont été nombreux. Le plus important est que le bloc communiste s'est effondré en 1991. L'idéal que portait celui-ci, a disparu corps et bien. Ce n'est pas pour rien que le parti communiste français et son influence, n'a cessé de se réduire dès cette époque. Le temps de Georges Marchais et de ses prédécesseurs est révolu. Le communisme a failli. Ses fautes sont incommensurables. L'idéal qu'il incarnait a été très tôt trahi. Le paradis communiste n'était en fait qu'un enfer, avec comme seul résultat davantage de morts, de 1917 à 1991, que la Seconde Guerre Mondiale.
Son déclin s'est accentué du fait que le monde ouvrier a commencé à disparaître à partir des années 1970. Les usines automatisées, robotisées, ont demandé de moins en moins de main d'œuvre afin de les faire tourner. Plus les technologies ont évolué, moins leur présence était utile. D'autre part, avec la mondialisation triomphante à partir des années 1990 – il est à noter que son triomphe s'est révélé une fois déchu le communisme et les territoires sous sont contrôle. L'un est donc a relier à l'autre. Les délocalisations que nous connaissons depuis lors ont encore accentué ce phénomène. Le monde ouvrier ne s'en est pas remis. Il ne s'en remettra jamais.
Le malheur, pour le parti socialiste, c'est d'assumer et de persévérer dans cette pensée qui fait de la lutte des classes une de ses principales revendications. Le droit à chacun de bénéficier des bienfaits du confort moderne, d'un pouvoir d'achat, d'un emploi, est respectable, honorable, et légitime. Mais, dans un monde mondialisé comme le notre, il est intenable.
Qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non, ce monde a changé. Ses codes sont différents. Ses bouleversements ont conduit le monde ouvrier au déclin, puis à la mort. Alors que, paradoxalement, le PS s'est toujours appuyé sur celui-ci après la fin du communisme, pour exister. Les petites gens contre les possédants et les « bourgeois ».
Cette idéologie est morte. Pour le peu qu'il en reste, ce monde ouvrier s'est aperçu qu'une fois au pouvoir, le PS avait le même discours et la même politique que ses adversaires de toujours. Il s'en est donc détourné pour se jeter dans les bras des extrêmes. Seuls recours pour tenter de survivre dans un monde ou il est inadapté et agonisant. C'est pour cette raison que les Insoumis ou le Front National ont recueilli autant de voix. Cependant, ces nouvelles forces politiques ne pourront jamais dépasser un certain seuil électoral. Le monde ouvrir n'étant plus que l'ombre de lui-même, il ne sera pas assez puissant pour les favoriser au-delà de leurs scores actuels. Ce qui veut dire que ces partis ne pourront jamais accéder aux plus hautes fonctions.
Bien sur, n'existe pas que le monde ouvrir. D'autres composantes parsèment le corps de la France. Sa population est diverse, très riche et disparate. Néanmoins, en ce qui concerne le Parti Communiste jadis, et le Parti Socialiste aujourd'hui, il s'agit du socle sur lequel il s'appuie politiquement parlant.
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Je pourrais, évidemment, approfondir davantage encore, mon propos concernant le socle électoral du Parti socialiste. Historiquement, c'est un fait, il s'appuie sur les classes laborieuses. Or, elles sont de moins en moins nécessaires à la marche de la société et de l'économie française. Je sais qu'en lisant cela, certains et certaines vont me vouer aux gémonies. Ils vont me vilipender. Ce ne serait pas la première fois, et peu importe. Se voiler la face, ne pas admettre ces faits n'en n'est que plus douloureux et plus éprouvant encore.
Je sais aussi que ce que j'écris est schématisé. Mais ce n'en n'est pas moins réel. Ce monde n'existe plus. L'échec, puis, la décomposition du Parti Socialiste, en ce moment, en est la preuve la plus éclatante. Après le Communisme, il était inévitable que le Socialisme, tel qu'il a été prôné depuis des dizaines d'années, disparaisse à son tour. Nous y assistons. C'est là, sous nos yeux.
Là est encore le résultat des dernières élections présidentielles. Emmanuel Macron a rempli le vide laissé par le Parti socialiste. L'Extrême Gauche et l'Extrême Droite ont récupéré les miettes des voix qui lui restaient encore jusqu'à il y a peu. Or, tout cela a été balayé par l'arrivée du petit trublion qu'est Emmanuel Macron ; et par la poussée des extrêmes comme seul autre recours possible.
Les velléités d'anciens socialistes à rejoindre le mouvement « En Marche » depuis la défaite de leur parti, n'a fait qu'accélérer l'inéluctable. Les défections se multiplient. Quelques-uns tentent – vainement – de prendre exemple sur notre nouveau président pour fonder leur propre parti. Là encore, cette initiative va amplifier la rapidité de la mise à mort du « Socialisme de papa ».
Le Parti Socialiste va présenter des candidats pour les prochaines législatives. Il va remporter un certain nombre de sièges. C'est évident. Mais il va se retrouver en minorité. Il n'est pas exclu que, malgré leurs dissensions internes, les Républicains les devancent tout de même. Le grand gagnant, à mon avis, à Gauche, va être le mouvement des Insoumis. C'est lui qui va récupérer les voies de l'ancienne Gauche. Pour autant, celui-ci ne parviendra pas à atteindre la majorité. L'Histoire en marche ne peut être stoppée. C'est ainsi.
5) Conclusion : Alors, que va t'il advenir désormais ? Il est évident qu'Emmanuel Macron va avoir besoin d'une majorité pour gouverner. Pour mettre en place la politique qu'il désire mener. Va t'il réussir ? Rien n'est moins sûr.
Les obstacles sur sa route restent nombreux. Son mouvement a un an. Il n'a pas encore fait ses preuves politiquement parlant. Pour le moment, il a remporté la première victoire : les Présidentielles. C'est loin d'être suffisant. Le grand danger – et c'est ce qui risque probablement d'advenir -, c'est qu'aucun des partis ou mouvement en concurrence n'ait de majorité à l'Assemblée Nationale. En ressortira un gouvernement de coalition. Davantage à Droite, davantage à Gauche. Rassembler au-delà des clivages Gauche-Droite comme le souhaite Emmanuel Macron. Cette dernière option serait la plus sage et la plus efficace, en effet. Mais les partis traditionnels, et leurs leaders, vont-ils penser à la raison d'État, à la nécessité des temps, avant leurs rancœurs et leurs politiques partisanes. J'ai du mal à y croire. Et pourtant, c'est la seule issue possible.
Sinon, on en reviendra aux façons de procéder de la quatrième République. Des coalitions momentanées en fonctions des lois à adopter. Des directions empruntées pour essayer de redresser la France. Et dès que le Gouvernement sera mis en minorité du fait d'une nouvelles coalition à l'Assemblée Nationale, celui-ci sera obligé de démissionner. Un autre prendra sa place pendant un certain temps. Avant d'être, à son tour, mis en minorité et contraint à la démission.
Un blocage définitif apparaîtra finalement. Nos institutions ne seront plus efficaces et légitimes. Il faudra en changer ; avec toutes les conséquences, au niveau national et européen, que cela implique. De nouvelles élections, probablement. Et les Extrêmes en sortiront gagnantes. Le pire sera alors à craindre pour notre nation.
En parallèle, Emmanuel Macron va t'il avoir les épaules assez solides face à ces innombrables épreuves qui s'annoncent ? Il manque d'expérience. Il lui faudra être bien entouré et conseillé s'il veut réussir ce tour de force qu'est de redresser la France ; même un minimum. Résorber, même juste un peu, le chômage. Enrayer le terrorisme islamiste. Combler les déficits. Redonner de l'élan à une Europe qui ne sait plus où elle en est. Les chantiers sont nombreux, et ils sont tous urgents. Ils sont tous vitaux. Reconquérir les zones de non-droit dans les banlieues. La transition entre l'Ère tout pétrole et l'utilisation d'énergies alternatives pour amoindrir le freiner au mieux le réchauffement climatique. Quand on pense qu'on est au mois de Mai et que les nappes phréatiques sont au plus bas !!! Soutenir le monde agricole qui ne peut pas faire barrage à la concurrence déloyale des autres pays à bas coûts…
Le secteur de la santé qui est en maque d'effectifs, comme la justice ou la police. Le recul des administrations dans les villes et les villages « non rentables » pour qu'elle y demeure. Réconcilier les Français avec l'immigration, pour qu'ils ne voient plus en celle-ci un danger, mais une source de richesse.
Su Emmanuel Macron ne parvient pas à endiguer cette déferlante à laquelle nous assistons, et qu'aucune des deux formations politiques traditionnelles n'a réussi à solutionner, la France ça inévitablement devenir une nation de seconde zone. D'ailleurs, franchement, par certains aspects, elle l'est déjà. Ce qui m'exaspère au plus haut point, c'est que nos politiques pensent avant tout à leurs carrières, à leurs querelles partisanes, avant de penser à l'intérêt général. Tout s'effondre autour d'eux, et ils en se battent pour empêcher celui qui a accédé à l'Élysée, a avancer.
Je ne suis pas Macroniste dans l'âme. Je vois surtout en lui un homme courageux. Néanmoins, pour avoir observé nos hommes politiques et leurs actions à la loupe depuis des années, je suis loin d'être sur qu'il y arrive. Quel président élu a-t-il tenu ses promesses de campagne électorale ? Aucun. Il n'y a pas de raison que cela change du jour au lendemain. Je demande juste à voir. Je vais observer, analyser, au fil des mois et des années qui viennent. Mais l'horizon est déjà obscurci. Les nuages s'amoncellent. Les différends s'accumulent, grossissent. Les mécontentements, les ressentiments, les haines, les clans attendant la bonne occasion de renverser la situation en leur faveur, patientent ans l'ombre. Ils attendent la décomposition généralisée. Ils vont faire mal à la France.
Pour autant, quel que soit l'issue de ce combat titanesque, la chute n'en sera que plus rude. Les socialistes ont été les premiers à tomber. Les suivants ne vont pas tarder à les suivre. Car il en est ainsi de toutes les formes de gouvernement. Elles naissent, grandissent, s'épanouissent ; puis s'affaiblissent, avant de disparaître dans les limbes de l'Histoire.
Ce à quoi nous assistons n'est qu'un des divers épisodes de la déliquescence de cet Occident autrefois triomphant et conquérant. Les USA de Trump le démontrent. Le Brexit aussi. La montée des nationalismes et des extrémismes partout en Europe ; et en France comme nous l'avons vu, aussi. L'islamisme radical en profite pour inciter les populations à se déchirer et à se haïr. Il n'a pas besoin de faire plus pour contribuer à notre décadence ; mème si, au final, il sera défait.
En fait, les seuls vainqueurs sont les pays d'Asie. L'axe économique de notre monde se trouve là bas désormais. Il y sera de plus en plus. Comme les pièces d'un puzzle, les éléments se mettent progressivement en place pour que ce phénomène soit bientôt irréversible. Tous les événements vont dans ce sens. Nul ne pourra l'empêcher. Car la Chute des Géants, lorsqu'elle s'est mise en branle, est sans retour en arrière…