La danse de la tortue qui ressemble à une grenouille
My Martin
La chute des rois mayas
11 juin 2022. Les jungles d'Amérique centrale, sur une surface couvrant le Mexique, le Guatemala, le Belize et le Honduras. La civilisation maya prospère pendant plus de deux mille ans 2600 av. J.-C. à 1520 ap. J.-C.
Technologiquement avancées, les cités comptent parmi les plus peuplées de la planète
Les guerres entre souverains
Les inégalités croissantes entre les différentes classes de la société
Le recul de la ferveur des populations envers les rois
Les nombreux épisodes de sécheresse
Censés être en relation directe avec les dieux, les rois invoquent la pluie, qui sauverait les récoltes
Le recours accru aux sacrifices, sans résultat probant
A partir du VIIIe siècle après J.-C. les cités sont abandonnées
Archéologie. La télédétection par laser permet de voir au travers de la couverture végétale et de cartographier de vastes zones de la jungle - localiser les cités, les voies de communication, les canaux pour transporter l'eau
Au cœur de l'actuel Belize, Baking Pot, dans l'antique cité de Komkom. Les archéologues découvrent un vase ; il porte le texte le plus long jamais écrit sur la période
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Le sacrifice humain est un rituel, afin de nourrir les dieux. Le sang est source d'énergie divine. Il convient d'offrir régulièrement aux dieux, notamment par auto-sacrifice
Le sacrifice d'une créature vivant est une puissante offrande de sang. Le sacrifice d'une vie humaine est l'offrande ultime, par laquelle se terminent les rituels mayas les plus importants
Le sacrifice sanglant est nécessaire à la survie, tant des dieux que des humains. Il fait monter l'énergie humaine vers le ciel et en retour, les êtres humains reçoivent le pouvoir divin
Le roi utilise un couteau d'obsidienne ou un aiguillon de raie pastenague. Il s'entaille le sexe. Le sang coule sur du papier contenu dans un bol
Les épouses des rois tirent une corde hérissée d'épines à travers leur langue
le papier maculé de sang est brûlé. La fumée s'élève, établit un lien direct avec le monde céleste
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1er avril 2006. Architecture grandiose. Connaissance approfondie de l'astronomie et des mathématiques
Sans la roue et sans outils en métal, hautes pyramides, monuments en pierre taillée, centres cérémoniels
Depuis leurs observatoires astronomiques -Chichen Itza, entre Valladolid et Mérida, dans la péninsule du Yucatán. Les Mayas suivent le cycle de Vénus et mettent au point un calendrier solaire de 365 jours. Vénus, mais aussi les Pléiades (dont les mayas cosmiques seraient originaires), Mars, Jupiter, Saturne, ...
Les Mayas dressent des calendriers, complexes et précis. Ils mesurent le temps, déterminent les phases de la Lune, la position du Soleil au moment des éclipses, des solstices et des équinoxes. Les cycles de la nature. Ils prédisent l'avenir, fixent les dates des cérémonies
Système mathématique original, en base 20, utilisant le zéro. Le zéro est utilisé par les Mayas durant le Ier millénaire, comme chiffre dans leur système de numération de position, comme nombre et comme ordinal dans le calendrier, où il correspond à l'introduction des mois
Système hiéroglyphique fondé sur des centaines de signes complexes
Durant la période dite classique, apogée entre l'an 250 et 950 après J.-C.
Vers 750, la population s'élève à 13 millions d'habitants
Entre 750 et 950, la société implose. Les Mayas abandonnent les centres urbains. Les édifices tombent en ruine. « Effondrement du Classique terminal », disparition de la civilisation maya
Conjonction probable de plusieurs causes. Guerres intestines, invasions étrangères, épidémies, dépendance excessive vis-à-vis du maïs (depuis plus de 4 000 ans), dégradation de l'environnement. Le maïs est la culture de base des plus solides civilisations précolombiennes comme les Incas, les Mayas et les Aztèques
Changement climatique. Vers la fin de la période classique se produisent des changements météorologiques inhabituels
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1er avril 2006. Le Yucatán est en un désert saisonnier
De janvier à mai, la saison hivernale est sèche
Entre juin et septembre tombent 90 % des pluies
La végétation est tributaire des pluies estivales, qui varient fortement d'une extrémité à l'autre de la péninsule
Sur la côte nord, les précipitations annuelles ne dépassent pas 500 millimètres
Dans certaines régions du sud, elles atteignent 4 000 millimètres
Le contraste entre la saison sèche et la saison des pluies provient de la migration saisonnière des précipitations. Structure atmosphérique, zone de convergence intertropicale, « l'équateur météorologique »
En provenance des tropiques nord et sud, les alizés d'est convergent vers cette zone. L'air s'élève en hauteur -nuages et pluies abondantes
Pendant les mois d'hiver -janvier à mai, la zone de convergence intertropicale s'éloigne vers le sud. Sur la péninsule du Yucatán, le nord de l'Amérique du Sud, prédomine un temps sec
En été -juin et septembre, la zone de convergence intertropicale remonte vers le nord, avec les pluies nécessaires à la vie dans le Yucatán et le sud des Caraïbes
Les eaux superficielles ne s'écoulent pas en surface. Elles s'infiltrent dans le socle calcaire du Yucatán -grottes et rivières souterraines
Affronter la longue saison sèche -janvier à mai. Les Mayas s'adaptent au contraste saisonnier. Ils ne s'installent pas le long des principaux cours d'eau
Tikal, Caracol, Calakmul. Les centres régionaux se développent en des lieux dépourvus de rivières permanentes ou de lacs
Pendant quatre ou cinq mois, absence d'eau de surface. Construction de systèmes collecteurs d'eau
Les cités récupèrent les eaux de pluie et les acheminent vers les anciennes carrières, les excavations, les dépressions naturelles aménagées
Tikal dispose de réserves suffisantes pour faire face aux besoins de la consommation
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3 septembre 2021. Régions d'Amérique centrale. Mexique, Belize, Guatemala, Salvador, Honduras
La civilisation des Mayas s'implante sur une longue période 2600 avant J.-C. à 1500 après J.-C.
Agriculture, chasse, pêche, commerce du cacao et de la céramique
Les Mayas maîtrisent l'écriture, l'astronomie, les mathématiques. Vie religieuse complexe
Belles œuvres d'art, système d'écriture élaboré. Hautes pyramides
Trois périodes
pré-classique. 2000 av. J.-C. (ou même 2500) à 250 ap. J.-C.
classique (apogée). 250 ap. J.-C. à 900 ap. J.-C.
post-classique. 950 ap. J.-C. à 1250 ap. J.-C.
A partir du VIIIe siècle apparaissent les premiers signes de déclin
Arrêt des constructions monumentales et des inscriptions
Les centres urbains se dépeuplent. La rupture est progressive, les cités sont abandonnées, les édifices tombent en ruines
Des cités mayas perdurent jusqu'à l'époque post-classique. Elles s'éteignent avec la conquête espagnole 1523 à 1547 après J.-C. et l'arrivée des maladies importées par les Européens -typhus, grippe, diphtérie, rougeole
Déclin. Thèse du dérèglement climatique dû à l'activité humaine
Goddard Institute for Space Studies GISS, affilié à l'Agence spatiale américaine (NASA). Columbia University Earth Institute
La destruction de la forêt tropicale par les Mayas accélère le processus de changement climatique
Hausse des températures, de trois à cinq degrés
Baisse des précipitations, de l'ordre de 20 à 30 %
Principale source d'alimentation de la population, le maïs est sensible à la sécheresse. Les exploitations agricoles se raréfient
Les Mayas n'ont pas disparu. Ils se sont mêlés aux peuples environnants, dont les descendants sont les actuelles populations du Mexique, Honduras, Guatemala. Le nombre de descendants des Mayas est estimé aujourd'hui à huit millions
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3 août 2018. Mexico, péninsule du Yucatan, lac de Chichancanab "petite mer". Une équipe de scientifiques analyse les sédiments au fond du lac. Température, taux d'averses, qualité de l'air
Xe - XIVe siècle. Le déclin des Mayas coïncide avec l'optimum climatique médiéval Xᵉ au XIVᵉ siècle après J.-C. Une période de climat inhabituellement chaud, localisé sur les régions de l'Atlantique Nord
Entre 800 et 1000 après J.-C., le taux des précipitations chute de moitié
Répétition des sécheresses autour de l'an 1000
La déforestation opérée par les Mayas aggrave la situation
Les sols sont déstabilisés
University of Nevada, Las Vegas. Matthew S. Lachniet professeur de géoscience. Double coup de malchance climatique
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8 août 2018. Université de Cambridge (Royaume Uni). Nicholas Evans, neuroscience. Chercheurs anglais et américains.
Sud-est du Mexique, péninsule du Yucatán. Analyse des sédiments du lac de Chichancanab. Entre l'an 700 et l'an 1000, les précipitations annuelles diminuent de moitié, en moyenne
Pendant trois périodes de sécheresse, les précipitations annuelles chutent de 70 %
Première période, après l'an 600
Deuxième période, pendant une centaine d'années entre 750 et 850
Troisième période, à la fin du premier millénaire, entre 950 et 1050. Le début de l'optimum climatique médiéval. Sur l'Atlantique Nord, la période est exceptionnellement chaude. Les Vikings s'établissent au Groenland 982 après J.-C., première vague de colonisation nordique
CNRS, Archéologie des Amériques. Stéphen Rostain
CNRS, Archéologie des Amériques. Chloé Andrieu, chargée de recherche. Empire maya, vaste territoire. Les climats sont diversifiés. La sécheresse au nord du Yucatán présente une intensité différente par rapport au sud, à une centaine de kilomètres
Dès le VIIIe siècle, les populations désertent les anciens sites
L'an 1000 marque une rupture entre les périodes classique et postclassique
Chloé Andrieu. La civilisation maya est organisée en royaumes indépendants, liés les uns autres. À partir du VIIIe siècle, l'empire connaît une grave crise politique. Les cités entrent en guerre intestine. Le système politique des royautés sacrées s'écroule. A partir de 830, toute trace d'écriture disparaît
Stéphen Rostain. Archéologue français, spécialiste des Amérindiens, né en 1962. Les peuples amérindiens s'adaptent aux aléas du climat, ils ont un rapport direct à la terre et déplacent leur lieu de vie
Vers l'an 1000, les Mayas passent de techniques architecturales de grande ampleur à des constructions plus légères
Chloé Andrieu. Quels sont les mouvements démographiques ? Les populations disparaissent ou migrent ?
Période postclassique vers 950-1250 après J.-C., dans le nord du Yucatán (région du lac de Chichancanab, dont les sédiments ont été étudiés). Malgré la sécheresse, une nouvelle civilisation renaît
Lorsque le déclin est entamé, un évènement précipite la chute
Pour l'empire romain, l'évènement déclencheur est constitué par les mouvements migratoires des populations germaniques, hunniques 375-577 après J.-C.
Pour l'empire maya fragilisé, la sécheresse assène le coup de grâce
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16 octobre 2018. Entre les années 800 et 1000, l'abandon des cités est lié à la combinaison de plusieurs facteurs
Calakmul, Caracol, Palenque, Tonina, Chichén Itzá. Le territoire maya est constitué de centaines de cités-Etats -à l'instar de Tikal, une dizaine de cités accueillent jusqu'à 70 000 habitants
Benjamin I. Cook, climatologue américain. Entre 600 et 800, apogée maya. L'empire compte près de dix millions de personnes. Les cités sont prospères -Yaxchilán, Bonampak, Piedras Negras, Copán, Ceibal, Xunantunich, Altar de los Sacrificios
Le territoire tropical et forestier offre une faible place à l'agriculture. Pour pallier la pauvreté des sols, les Mayas utilisent la Milpa forêt-jardin « ce qui est semé dans les champs ». Deux à trois ans de culture, huit à dix ans de jachère. La population s'accroît. Les paysans ne respectent plus le temps de repos et augmentent la rotation des cultures. Les terres s'appauvrissent, les rendements fléchissent
Jean- Noël Salomon. Géographe français, né en 1945. Quinze hectares et une cinquantaine de jours de travail […] pour nourrir une famille de dix personnes pendant un an
Les cultivateurs étendent les surfaces cultivées -parfois jusqu'à des dizaines de kilomètres de leurs habitations. La déforestation est massive. Érosion des sols, déficience en nutriments. Dans certaines régions -le Petén surviennent d'importants glissements de terrain. Malnutrition, famine, maladies. Les Mayas fuient les villes, vivent sur des exploitations individuelles
Belize. Près de San Ignacio, dans le district de Cayo, à l'est du territoire maya. Grotte d'Actun Tunichil Muknal ATM. (2012) les anthropologues, climatologues et archéologues étudient la concentration des stalagmites en sels minéraux
De 450 à 660, longue période de pluviosité
A partir des années 800, phases d'extrême sécheresse
Augmentation de la population. Durant les années diluviennes, surexploitation des ressources. Au cours de la période caniculaire, baisse spectaculaire des rendements
Benjamin Cook, climatologue. Le passage de la forêt à la culture du maïs réduit le niveau d'humidité transféré depuis le sol jusqu'à l'atmosphère. Le niveau des précipitations diminue
Simulations informatiques par les chercheurs de la NASA. La disparition de la forêt augmente les températures de trois à cinq degrés et entraîne une baisse des précipitations de l'ordre de 20 à 30 %. Principale ressource des populations, le maïs est sensible à la sécheresse
Jean-Noël Salomon, géographe. Pour assurer une récolte, il faut au moins une précipitation annuelle de l'ordre de 600 millimètres. Entre 760 et 910 après J.-C., vital pour la culture du maïs, le seuil des 450 millimètres est rarement atteint. Les sols s'appauvrissent. Les paysans mayas abandonnent les cités et migrent plus à l'ouest, vers d'autres régions de l'actuel Mexique
Université Vanderbilt, Nashville, Tennessee. Institut d'archéologie mésoaméricaine. Arthur Demarest, anthropologue américain. « Des Etats-théâtres ». Pas de chef d'État à la responsabilité administrative et économique. L'autorité est fondée sur la représentation
Dans chaque ville règne le K'uhul Ajaw (Divin Seigneur). Le roi au caractère « charismatique et chamanique » assure le lien entre les humains et les puissances surnaturelles. Il assoit son pouvoir par des guerres avec les autres cités-Etats. Il se procure ainsi des prisonniers à offrir en sacrifice aux dieux. Mise en scène des attributs divins à travers cortèges, fêtes ou rituels
La compétition existe entre les cités-Etats. Les rois rivalisent, étalent toujours plus de richesses
Durant les années 700 à 800, les villes grandissent, la course au prestige s'avive, les coûts deviennent exorbitants, les cités courent à la ruine
Arthur Demarest, anthropologue. Les élites sont polygames, le nombre de princes se multiplie. Ils entrent en compétition pour occuper les positions de pouvoir. Querelles fratricides, le peuple n'ont plus foi en leur roi. Années 800, sécheresse, crise de subsistance
Cérémonies sanglantes, sacrifices aux dieux
de la Pluie (Chac). Dieu de la pluie des Mayas et des Toltèques. Avec sa hache de foudre, Chaac frappe les nuages et déclenche le tonnerre et la pluie
et de l'Agriculture (Ahmakiq). Il enferme le vent, lorsqu'il menace de détruire les récoltes
Les élites n'obtiennent aucuns résultats concrets. Désacralisé, le pouvoir se délite. Insécurité, révoltes, exode des Mayas vers le nord
Vers 900, fin de la période classique. Militarisation et violence. Les pierres sont arrachées aux temples. Les murs défensifs sont édifiés à la hâte. Forteresses villageoises, palais abandonnés, trônes mis en pièces, statues mutilées
A partir des années 900, l'instabilité s'accroît, le nombre et l'intensité des conflits augmentent. Le peuple fuit la guerre, le pouvoir politique se désagrège
D'autres cultures méso-américaines s'imposent. Les fresques et céramiques du IXe siècle intègrent des motifs mayas et toltèques -Chichén Itzá, Tikal, Ceibal
Les « Etats-théâtres » sont remplacés par des systèmes centralisés -les Toltèques, les Mixtèques. Plus tard les Aztèques
En Amérique aujourd'hui, les langues mayas sont parlées par environ six millions de personnes, dans la zone géographique de la civilisation maya -du sud du Mexique jusqu'au Honduras
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Les Toltèques, les « maîtres bâtisseurs ». Entre 900 et 1200 après J.-C., la culture toltèque se développe autour de Tula, leur capitale située près de Teotihuacan au Mexique. Peuple guerrier, ils conquièrent les tribus environnantes et imposent des hommages, sans se soucier d'intégration
Les Mixtèques, « le territoire du peuple des nuages ». Apogée entre 950 et 1521 après J.-C. Peuple de Mésoamérique dont les descendants habitent toujours les États de Oaxaca, de Guerrero et de Puebla. Aire culturelle, dont l'unité est linguistique, connue sous le nom de La Mixteca
Les Aztèques, « ceux d'Aztlan » (Aztlan, « lieu de la blancheur » ou « lieu des aigrettes ») ou Mexicas. Apogée et déclin au XVIe siècle -arrivée des conquistadors espagnols dirigés par Hernan Cortès. Peuple amérindien du groupe nahua -langue nahuatl. Vers le début du XIVᵉ siècle, ils se sédentarisent sur le plateau central du Mexique, dans la vallée de Mexico, sur une île du lac Texcoco. Peuple guerrier, haut niveau de civilisation. Avec les autres membres de la Triple Alliance, ils dominent le plus vaste empire de la Mésoamérique postclassique
La Triple Alliance « Excan Tlatoloyan » « tribunal des trois sièges » Institution politique préhispanique et supra-étatique du centre de l'actuel Mexique
Mexicas
Acolhuas. Peuple de Mésoamérique qui s'installe tardivement dans la vallée de Mexico, à Texcoco, au début du XIIIe siècle
et Tépanèques. Descendants de l'une des sept tribus légendaires nahuas qui pénètrent au centre du Mexique, après la chute de Tula à la fin du XIIe siècle. Apparentés aux Chichimèques et aux Aztèques
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1er juillet 2020. Guatemala nord, province du Petén. Tikal, l'un des plus importants sites archéologiques de la civilisation maya précolombienne
Plusieurs siècles avant J.-C., la cité est déjà peuplée
Entre le IIe et le IXe siècle après J.-C., apogée -près de 90 000 habitants
Entre 900 et 1000 après J.-C., la région est frappée par d'importantes sécheresses, les Mayas abandonnent le site
Université de Cincinnati, Ohio. Les chercheurs américains analysent
des échantillons de sédiments collectés dans dix réservoirs de la ville
et l'ADN découvert dans l'argile stratifiée de quatre réservoirs
Importants taux de contamination au mercure, au phosphate et aux cyanobactéries
Proches du palais et du temple de la cité deux réservoirs sont fort pollués
La présence de mercure serait due à l'utilisation des pigments pour décorer les bâtiments ou les objets en terre cuite
Lors des pluies, le composé chimique s'est déversé dans les réservoirs
Les cyanobactéries seraient produites par deux algues
La pollution rend l'eau impropre à la consommation, inutilisable pour la cuisson des aliments ou l'irrigation des cultures
D'autres réservoirs de la ville ne sont pas contaminés
La ville et ses réserves sont affaiblies. Tikal se dépeuple puis est abandonnée
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19 octobre 2021. A la fin de l'ère classique, entre l'an 800 et l'an 1000 après J.-C., la civilisation maya traverse une crise politique et démographique profonde. Les villes sont abandonnées
Située dans l'actuel Guatemala, la ville maya d'Ucanal connaît à cette époque, une période florissante
Université de Montréal, Québec. Christina Halperin, chercheuse en anthropologie. L'équipe analyse les structures de gestion de l'eau à Ucanal
Relevé topographique du site, analyse des bassins hydrographiques, série de sondages du terrain
Cinq canaux sont découverts. Ils stockent l'eau pour faire face aux périodes sèches. Afin de réduire les risques d'inondation, ils servent à évacuer l'eau hors de la ville, à la déverser dans la rivière Mopán
Depuis plusieurs années, la connaissance de la fin de l'ère classique des Mayas s'est nuancée. Plutôt qu'une sécheresse généralisée, les études récentes décrivent une période marquée par les sécheresses, les pluies abondantes, les ouragans. Les Mayas d'Ucanal construisent leurs infrastructures d'évacuation de l'eau, afin de gérer le manque d'eau et les fortes pluies
La ville prospère, alors qu'à cette époque, d'autres villes déclinent
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Baylor University, Waco, Texas. Julie Hoggarth. XVIe siècle. Les Espagnols ont fait rassembler et brûler les livres (codex), car ils contenaient des informations religieuses non-conformes au christianisme
Les informations compilées par l'évêque Diego de Landa ont fourni des indices, car il a demandé à des scribes mayas d'écrire ce qu'il pensait être un alphabet. Ce document a aidé à déchiffrer l'écriture. Les scientifiques étudient les langues parlées par les descendants des Mayas pour aider à comprendre l'ancienne écriture
Frère Diego de Landa, moine franciscain 1524 - 1579. Le premier et l'un des meilleurs chroniqueurs du monde maya. Paradoxalement, il s'est acharné à détruire les vestiges de cette civilisation
Prêtre cruel et fanatique, il mène une violente campagne contre l'idolâtrie. Il fait brûler les manuscrits mayas (codex), qui auraient été utiles au déchiffrement de l'écriture maya, à la connaissance de la religion et la civilisation maya, ainsi qu'à l'histoire du continent américain
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23 avril 2019. Baking Pot. Site archéologique maya situé dans la vallée du fleuve Belize, sur la rive sud du fleuve. Au nord-est de la ville moderne de San Ignacio, dans le district de Cayo, au Belize
Baking Pot, "marmite". Site ainsi nommé car les explorateurs anglais ont remarqué le chiclé maya bouillant dans les pots. Le chiclé "gomme" provient du latex blanc du sapotillier Achras sapota, originaire d'Amérique centrale et du Sud. Les Mayas mastiquaient la sève du sapotillier pour muscler les mâchoires. Les femmes, pour rafraîchir l'haleine
Vallée fluviale semi-tropicale. Important centre agricole et cérémoniel. Temples, sanctuaires, terrains pour le jeu de balle, marchés. Résidences royales
Le jeu de balle, sport rituel, est pratiqué pendant plus de 3 000 ans par les peuples précolombiens de la Mésoamérique
Près de l'entrée du palais Royal, dépôt rituel d'abandon. Lames, pendentifs, encriers, fragments de flûtes. Ossements humains dans des lieux de sépulture
Julie Hoggarth. De nombreux groupes autochtones des Amériques croient que les esprits vivants habitent les objets inanimés. Faire un trou dans un objet en céramique ou casser la tête d'une figurine, libère l'esprit
Le vase aurait été utilisé comme récipient à boire pour le souverain. Il porte un texte hiéroglyphique. Céramique multicolore. 812 après J.-C. Période classique, apogée de la civilisation maya
Les chercheurs sont dirigés par Julie Hoggarth, professeure adjointe d'anthropologie. Baylor College of Science and Arts, Waco, Texas
Christophe Helmke, Université de Copenhague, au Danemark. Archéologue et spécialiste des hiéroglyphes mayas classiques
Jaime Awe, Northern Arizona University NAU, Flagstaff, Arizona
Le vase est brisé. L'équipe assemble les 82 fragments -60 % de l'original. Le vase mesure environ 23 cm de haut et dans son intégralité, aurait été composé de 202 blocs hiéroglyphiques. Le plus long texte précolombien découvert au Belize. Parmi les dix plus longs textes de la période classique (250 à 1000 après J.-C.) jamais découverts dans la région maya
Au moment de la création du vase, la civilisation maya entame son déclin. Les villes sont abandonnées. Vers 900 après J.-C., les Mayas n'édifient plus de monuments
Julie Hoggarth. Croissance démographique. A la fin de la période classique, les Mayas défrichent la forêt pour accroître les surfaces cultivées, l'environnement se dégrade. Du milieu à la fin du IXe siècle (vers 820-900 après J.-C.), série de sévères sécheresses. Le rendement des récoltes fléchit. Les rois divins mayas sont les intermédiaires avec les dieux. Ils n'apportent pas les pluies, leur légitimité est remise en cause. Les Mayas quittent les villes
Le vase de de la cité de Komkom (Buenavista del Cayo) raconte la guerre à cette époque
Julie Hoggarth. Les Mayas classiques écrivent sur les évènements politiques, les naissances, les décès, les ascensions, les alliances, les rituels. Pas sur les sécheresses ou les problèmes commerciaux. Le vase de Komkom est écrit pendant ce temps d'instabilité
Guerres, diplomatie, cérémonies, généalogies. Le texte fournit des informations sur le propriétaire royal du vase. Il n'est pas nommé directement. Son père est Sak Witzil Baah, le roi de Komkom. Sa mère est une épouse royale du royaume de Naranjo, Petén, Guatemala. Le propriétaire du vase est un roi tardif de Komkom
Le roi mène des actions guerrières. En juillet 799 après J.-C., il coupe à la hache le milieu de la grotte de Yaxha. La grotte fait probablement référence à la politique ou à la colonie de Yaxha -centre cérémoniel maya, situé sur les rives du lac Yaxha
Incendie. Le roi de Yaxha, K'inich Lakamtuun, vaincu, s'enfuit de la ville vers un endroit où abondent les moustiques et les mouches. Pour célébrer la victoire sur Yaxha, le roi propriétaire du vase exécute une danse de la tortue qui ressemble à une grenouille
De nombreux événements décrits sur le vase sont détaillés par des textes sculptés sur les monuments du site de Naranjo. Les dirigeants de Naranjo mènent les attaques guerrières contre Yaxha. Naranjo est un royaume plus puissant que Komkom
La déclaration de filiation décrit la mère du propriétaire du vase de Komkom avec un titre royal du site de Naranjo. Des alliances politiques et matrimoniales existent entre les deux royaumes
Selon le vase de Komkom, le roi de Komkom, le propriétaire du vase, mène les attaques contre Yaxha. Récit de propagande, afin de mettre en valeur l'action du roi de Komkom
Royaume-Uni. University College de Londres (UCL). Institut d'archéologie. Elizabeth Graham, professeur d'archéologie mésoaméricaine
La longueur du texte et la datation -au moment de l'effondrement maya- fournissent une approche intéressante de la période
Une minute, les Mayas peignent de beaux textes dans la tradition classique. La minute suivante, ils s'effondrent
Les mêmes événements ou titres sont enregistrés sur d'autres sites -dans le cas du vase de Komkom, à Naranjo, Tikal et Yaxha
Julie Hoggarth cherche à préciser la chronologie, afin de reconstituer l'effondrement des systèmes politiques et l'abandon des centres mayas. Jusqu'à récemment les chronologies sont fondées sur des phases céramiques qui s'étendent sur plusieurs centaines d'années
L'équipe utilise la datation au radiocarbone pour déterminer à quel moment les palais royaux et les centres cérémoniels sont abandonnés. Étudier la corrélation entre l'effondrement et les graves sécheresses au cours de cette époque