La défonce

Pénéloppe Pearce

Je dépose mon sachet de thé dans le cendrier, je ne sais lequel de mon joint ou de mon sachet mouillé, fume encore. J'approche mon mug près de mes lèvres et souffle délicatement sur le dessus. Les effluves brûlantes de tilleul viennent embrumés les carreaux de mes lunettes. Je les ajuste sur l'arrête de mon nez et attend que la buée se résorbe pour me replonger à nouveau dans mon roman. 

Je regarde l'horloge à palettes posée sur mon bureau, il est 23h34. Je sens les battements de mon cœur à l'intérieur de ma poitrine et je prend une grande inspiration.

 Me vient alors « mon inspiration ». 

La première gorgée me brûle la langue, et je sens la douleur de mon œsophage jusqu'à mon estomac. Je tire une latte sur mon joint et vois un halo blanc se dessiner à la base de mes pupilles juste avant d'angloutir la fumée épaisse dans ma bouche.  J'attrape à nouveau l'ense de mon mug rempli et sens une force appuyer sur mes abdos qui tente de supporter mon geste. J'avale la gorgée un peu plus tiède cette fois-ci et j'observe mon corps, relâché comme posé inerte sur le fauteuil.

J'aime cette défonce. 

Signaler ce texte