LA FERNANDE...

rocco-souffraulit

La Fernande vendait son corps
Du temps où l'avarice faisait recette
Et remplissait toutes les bourses,
Elle compte à son actif répugnant
Tellement de bouts de plastique
Sur les bites qu’elle a contentées,
Vite usées et renvoyées aux foyers
Qu’aujourd’hui encore dans le quartier
Cris des bruits de monstres impuissants
Devant l’habitude du travail bien fait,
Parce que la Fernande, pour subvenir
A ses besoins et sa retraite à venir
N’avait que ça pour s’en sortir,
jetée comme une merde par la société,
Rejetée par les barèmes de l’ASSEDIC
Amnésique de ses contributions,
A l'époque où elle allait à l’usine
Pour garder la tête haute
Et remplir le frigo pour continuer
A bouffer correctement du jambon,
Sous vide, emballé sous cellophane.

Pour s’éloigner de sa triste réalité,
La Fernande, connue de ses voisins
De palier à du prendre par besoin
Pour souffler une autre orientation
Pour subvenir à la nécessité
D'avoir un toit et s’habiller.
Devant la misère de l’exclusion,
Elle a trouvée refuge dans la prostitution
Car elle n’avait pas d’autre solution.
Parfois comme assistante sociale
Ou vide couille immoral,
Les voisins qui la connaissent
L’achetaient pour se vider,
Partir loin dans un autre monde
En laissant dans une odeur immonde
Un billet pour le travail bien fait,
Au moins par respect comme ils disaient.
Respect mon cul ouais
Ronchonnait-elle toujours,
Les mauvais employeurs sont ceux
Qui laissent un billet par pitié
Pour un partage équitable,
Fiftyfifty, dix-quatre vingt-dix,
Le liquide déposé pour elle
Éclabousse comme la vie dégueulasse
Qui se repend avec les années
Comme la misère qui se transmet
De génération en génération.

Malheureusement les temps ont changés
Dans notre pays en état de crise,
Aujourd’hui les bourses s’amenuisent
Et ses varices ne font plus recettes.
Ses amis comme ils prétendaient l'être
L'ont totalement mis à l’écart,
Surtout parce que que pour moins chère
Les hommes désormais offrent des fleures
Aux femmes pour se faire pardonner.
La Fernande elle l’a dans le cul,
La vulgarité de ses clients
N’est pas celle de l’avoir souillée
Mais plutôt de l’ignorer aujourd’hui
Comme si rien ne s’était passé.

Qu’est ce que je vais devenir
Dans ce monde où mon avenir
Me mettra à la porte, dehors,
Sans toit ni toi pour m’aider
Se disait-elle,
Toi, l’état en qui j’avais confiance
pour me proposer un petit toit
Et qui, depuis les dernières élections
Essaye de me mettre sur la paille,
Sans le moindre état d'âme,
Sans me laisser aucune chance
Pour pouvoir m’en sortir.
La plus pute des deux,
Ce n’est pas moi rajoutait-elle,
Parce que moi au moins mes promesses
Ne sont pas que des paroles en l’air.

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