La figure hurlante 

My Martin

Ossements de guanacos, vicunãs / vigognes, poissons, graines de courges, cheveux humains 

Amérique du Sud (Est). Pérou   

Province de Barranca. 182 km au nord de Lima ; à 23 km, la côte Pacifique 
 

Caral-Supe. Site archéologique (626 hectares) 

Désert, surplombant la vallée fertile du fleuve Supe ; le fleuve Supe parcourt 85 kilomètres, jusqu'à l'océan 

Autour d'une place creuse, six pyramides 

En 1948, le site archéologique est localisé ; depuis 1966, il est fouillé par Ruth Martha Shady Solis (Péruvienne, née en 1946), anthropologue et archéologue 
 

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La pyramide « Majeure », la plus haute pyramide (30 mètres) 
 

En utilisant la datation au radiocarbone, les archéologues estiment la datation du site à -3 000 à -2 000 ans avant J.-C. 
 

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Les bâtisseurs utilisent la technique des chicras / shicras, filets en fibres végétales (roseaux) chargés de galets du fleuve. Ils placent les filets, légèrement espacés, pour former les plateformes des temples. Les structures sont stabilisées et les mouvements du sol, amortis 
 

Les habitants cultivent le coton. Différentes tonalités naturelles. Brun, marron, crème, beige. Robes unies, sans décoration 
 

Ficelles entrelacées pour fabriquer les chaussures, sacs, filets de pêche, cordes, cordelettes ...    
 

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Temples, résidences pour les élites, amphithéâtre 

Plateformes de pierre et de terre. Cours circulaires creuses 
 

Ruth Shady. Les édifices monumentaux comportent des traces de rituels, de cérémonies 
 

Les habitants de Caral modèlent des idoles anthropomorphes en argile, qu'ils laissent sécher au soleil. Des statuettes masculines et féminines, fragmentées. Elles participent aux rituels liés au culte de la fertilité, à la rénovation des bâtiments 

Elles figurent les vêtements, les parures, les coiffures des habitants 
 

Ruth Shady. « Les statues enterrées représentent des êtres humains. Différents statuts sociaux » 
 

Forte différenciation sociale, les classes sociales sont organisées d'une manière hiérarchique. Certains groupes sont chargés de la planification et de la prise de décision (dirigeants et prêtres). D'autres, des tâches manuelles -l'agriculture, la construction, la pêche, etc. 
 

Bijoux en os ou en coquillages. Spondylus princeps. Dans les Andes préhispaniques, "Mullu", originaire des mers chaudes de l'Équateur et du Nord du Pérou -golf de Guayaquil et côtes de Tumbes. L'un des biens rituels les plus précieux, offrande importante pour les dieux des sanctuaires 
 

Instruments de musique 

Un ensemble de 38 cornets (trompes) -os de guanaco et de cerf 

Un jeu de 4 flûtes de Pan -ensemble de tuyaux sonores assemblés ; roseaux liés par des fils de coton 
 

Ruth Shady. « Une trentaine de flûtes traversières (-2 170 avant J.-C.). Certaines avec des gravures de singes, de condors. Des animaux marins. Caral entretient des relations avec d'autres régions du Pérou et des contrées plus lointaines » 
 

Possible utilisation de drogues 
 

Culture "précéramique". Caral ne maîtrise pas la technique de la poterie -pièces modelées en argile puis cuites 
 

Ruth Shady. « Ils utilisent les matériaux à leur disposition ». En guise de récipients, des calebasses (fruits aux parois dures portés par les calebassiers et diverses cucurbitacées) 
 

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Ruth Shady. "Les espaces de la vallée ne sont pas occupés ; les terres fertiles sont préservées" 
 

Pendant cinq cents à mille ans, pas de fortifications, pas d'armes 

Réciprocité et échange. Produits de la mer ; os de pélicans ou de condors, pour fabriquer les flûtes traditionnelles 
 

2004. Dans le sous-sol de la pyramide "La Galerie", une cache. Un reste textile, un quipu ("nœud" ou "compte") ? Une cordelette, support de cordelettes avec des nœuds. Moyen d'enregistrer les messages ou les informations statistiques   
 

Sur les plateformes de la pyramide "Mineure", des représentations de quipus sont gravées sur trois blocs lithiques  


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-1 800 avant J.C. Caral est frappée par la sécheresse 

La population abandonne le site. La cité est ensevelie 

 
 

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Caral-Supe, évolution en un millénaire ; remodelages, superpositions 
 

-5 000 av. J.-C. Début des implantations 
 

-3 000 à -2 600 av. J.-C. Premières constructions, plus importantes   

-2 600 à -2 300 av. J.-C. Remodelage général. Annexion des places aux alentours   

-2 300 à -2 200 av. J.-C. Fin de la période d'agrandissement des bâtiments publics. Déclin 
 

-2 200 à -2 100 av. J.-C. Dans la basse vallée, Era de Pando, plus vaste que Caral   

-2 100 à -1 800 av. J.-C. Tremblements de terre, phénomènes El Niño ? 

L'affaiblissement des alizés de l'est entraîne une accumulation d'eau anormalement chaude dans l'océan Pacifique Sud-Est. En Amérique du Sud, fortes précipitations et inondations ; en Australie et en Asie du Sud-Est, sécheresses et incendies de forêt 
 

Caral est abandonnée ; pas d'or, site non pillé 
 

1994. L'archéologue Ruth Shady explore la vallée de Supe ; dix-huit sites présentent les mêmes caractéristiques architecturales 

Caral, Chupacigarro, Miraya, Lurihuasi -les noms quechua des villages les plus proches des sites 
 

Basse vallée moyenne de Supe. Caral est la plus imposante des agglomérations urbaines 

La zone est entourée par la chaîne de montagnes ; à l'est et à l'ouest, des deux côtés de la vallée, les collines sont fermées par une gorge. Sur 10 km, la vallée fertile est bien délimitée, aisée à contrôler 

Rive droite et gauche du rio Supe et quatre vallées adjacentes. Une quarantaine de sites ; cinq à dix mille habitants 
 

Sur la côte Pacifique, près de l'embouchure de la rivière Supe, le village d'Áspero (ou El Áspero). -2 600 avant J.-C. Le port de pêche de Caral 
 

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2016. Áspero. Édifice public "Los Idols". La dépouille d'une femme, la "La Dame aux quatre tupus". Elle appartenait à l'élite locale (-2 500 ans avant J.-C.). Décédée à l'âge de 40 ans 
 

Position fléchie, la tête en bas. Placée dans une fosse creusée dans un dépôt de cendres et de matières organiques. Le corps était enveloppé d'un linge de coton et d'une natte de roseau, fixée avec des cordelettes   
 

Quatre tupus (épingles en os de mammifère), aux motifs de singes, d'oiseaux 

Collier de perles de coquillage. Pendentif en Spondylus 
 

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Restes de sacrifices humains -deux enfants et un nouveau-né 

 

Caral, « ville sacrée ». Feu sacré. Dans les espaces publics, les temples, les habitations, nombreux d'autels pour les offrandes (restes d'ossements de guanacos, vicunãs / vigognes, poissons, graines de courges, cheveux humains  

Observation des étoiles, afin d'établir le calendrier cérémoniel pour les festivités ; ces connaissances ont été appliquées à l'orientation des bâtiments publics 
 

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Dans les plaines désertiques, des lignes -géoglyphes. Des pierres sculptées dispersées. Couverte à l'origine, une enceinte souterraine (un observatoire ?) 
 

An 2 000. Marco Machacuay (responsable des fouilles à l'époque) et Rocío Aramburú. A l'ouest de Caral, une forme délimitée sur le sol par des alignements de pierres rondes. Un visage humain, longs cheveux lisses, bouche ouverte 

Il ressemble aux figures hurlantes gravées sur les murs de pierre de Cerro Sechín, dans la vallée de Casma, à 240 km plus au nord ; la mer, la pluie, les sacrifices humains. Corps démembrés ; têtes, bras, yeux en brochette, intestins, vertèbres, viscères 
 

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Les sociétés péruviennes s'organisent. L'État est établi. La religion joue un rôle central 
 

Caral, deux zones, l'une centrale et l'autre périphérique 

Zone centrale, 32 structures publiques. Plusieurs complexes résidentiels, en deux parties 

Au nord, la moitié supérieure (Caral Alto). Les bâtiments publics et résidentiels de la cité. Sept pyramides. En contrebas, deux places circulaires. Deux espaces de rassemblement 

Pour les "fonctionnaires", des logements 

Pour les artisans et les domestiques, un vaste complexe résidentiel 
 

Au sud, la moitié inférieure (Caral Bajo). Des bâtiments, l'amphithéâtre, l'autel circulaire. Un complexe résidentiel 
 

La zone périphérique. Adjacents à la vallée, des habitations réparties en îlots. Habitations domestiques et ateliers 
 

... la pyramide "Majeure" surplombe la place centrale de la ville 
 

La pyramide "La Carrière" est construite sur un promontoire rocheux. Au sommet, un autel circulaire, avec un foyer et des conduits souterrains -ventilation, puissantes flammes 
 

La pyramide "La Huanca". Devant sa façade, enfoui dans le sol, un monolithe (huanca) -hauteur, 2,15 m. Instrument d'observation astronomique ? 
 

Le bâtiment de l'autel circulaire. L'autel circulaire, avec foyer et conduits souterrains 
 

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Associée à un enclos annulaire, chaque pyramide est de taille différente. Enduits de boue, les murs étaient peints en blanc ou en jaune clair ; parfois, en rouge 

Un escalier central menait à la partie supérieure (étage plat). Plusieurs pièces. Dans la salle principale, sur deux ou trois de ses côtés, des plateformes basses. Au centre, un autel dans le sol 
 

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Caral était la capitale économique d'une région agricole ; les produits étaient échangés avec les pêcheurs de la côte ou d'autres populations 

A Caral, abondance des restes de produits marins 
 

Communauté formée de plusieurs groupes familiaux, dirigée par les chefs de ces familles. Un chef est le "principal" (Curaca) ; les autres, ses homologues 

Cette organisation a été mise en place dans d'autres localités de la vallée de Supe, dans des centres plus éloignés 

Las Haldas et Sechín Bajo -vallée de Casma. A 365 km, au nord de Lima 

Kotosh -à 4 km à l'ouest de la ville de Huánuco, sur la rive droite du rio Higueras. Bassin de Huallaga 

Huaricoto et La Galgada -vallée du Santa, chaîne de montagnes Áncash 
 

L'un des premiers berceaux de civilisation des Amériques 

Une vingtaine de sites archéologiques -3 000 ans avant J.-C. 
 

Toutefois, près de la ville portuaire de Huacho, le site de Bandurria, -3 200 avant J.-C., serait antérieur. Village de pêcheurs côtiers ; lieux de culte 


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