La force de vie
mahaut-dorsay
Tout à coup, au détour du chemin de ce matin, après être allée à la rencontre de Jean-François, je me suis retrouvée avec Blaise Cendras.
Je l’ai aimé depuis toujours, Blaise. Sa force de vie, comme la mienne. Démesurée.
Cette force de vie qui fait dire à mon amie : “ Je suis la pour te freiner...”. La pauvre, elle qui pourtant marche à deux cent à l’heure, et qui trouve que je vais trop vite. La force de vie n’est pas uniquement dans la vitesse, on peut me dire, et c’est vrai : c’est dans la ténacité.
Cendras, amputé du bras droit lors de la première guerre mondiale. Il fera compensation avec son bras gauche, au point que rien ne lui sera interdit, rien ne lui sera refusé, ni enlevé par son handicap : il conduira des voitures de course, et tapera ses manuscrits à la machine à écrire, d’une seule main : bel exemple de la force de vie, en ce temps traversé où tant d’humains se laissent couler pour une cochonnerie de virus. Stand up, people !
La force, c’est d’abord, de la regarder en face, la vie ; droit dans les yeux et de de lui dire que le maitre, c’est soi. Pas l’autre, ni l’autre. Soi tout court. Comme a fait Jean-François lorsqu’il a décidé de prendre sa vie en main. Entre les siennes, de mains. Et s’il faut s’expatrier pour cela, il le fera.
(Extrait)