La France du milieu du 17e siècle

Dominique Capo

Thèse personnelle en doctorat d'Histoire, pages 13 à 15 :

Le 24 Juin 1648, le prince de Condé arrive trop tard pour sauver Lens, qui capitule. L'armée de Léopold abandonne les hauteurs afin d'accabler Condé dans la plaine. Or, c'est ce que celui-ci a prévu. Il fait aussitôt face aux Espagnols, et renouvelle ainsi sa victoire de Rocroi : il s'empare de 120 canons, d'innombrables étendards, et met les régiments ennemis en déroute.

Le 26 Juin, à peine le conseiller Broussel est t'il arrêté, que l'émeute s'installe dans le quartier où il habite. Des barricades commencent à se dresser jusqu'au voisinage du Palais Royal. Le maréchal de la Meilleraye, chargé de rétablir l'ordre, manque d'être massacré avec ses gardes. C'est Paul de Gondi, surgi comme par hasard en rochet et canail, qui parvient à le dégager et à l'entraîner vers le Palais. Toute la nuit, les insurgés campent autour des barricades, dans les rues chaudes et grouillantes de monde.

Le 26 Aout, alors qu'à Notre Dame on chante le Te Deum, ordre est donné d'arrêter le conseiller Broussel, ainsi que les principaux meneurs de l'opposition parlementaire. Ceux qui se sont opposés à la réforme de l'Etat en Juin et Juillet, sont emprisonnés. Mazarin délègue les pouvoirs du roi dans les provinces à ses intendants de Justice Il désigne des agents dociles afin d'y devenir ses magistrats, ses agents de police et des finances. Il renforce par la même occasion leurs privilèges. Et il transforme les administrateurs du royaume en membres d'une caste héréditaire ayant la possibilité de démanteler les ministères locaux.

Le 27 Aout, sur l'ordre de la reine, les milices bourgeoises sont convoquées. Grave erreur : c'est oublier qu'au service de la municipalité, elles sont toutes dévouées au Parlement. C'est au cri de « vive Broussel » qu'elles se rassemblent. Dans un premier temps, elles abolissent un quart des impôts, privant ainsi le gouvernement des ressources lui permettant de poursuivre la guerre. Elles proclament ensuite l'interdiction de créer de nouveaux impôts. La situation s'aggrave donc. Les magistrats traversent rapidement les barricades qu'on ouvre pour eux. Ils se rendent en grandes robes au Palais Royal pour réclamer la libération de Broussel et des autres conseillers. « Libérer Broussel », s'écrie Anne, « je l'étranglerais plutôt de mes propres mains. ». Mais, une fois de plus, Mazarin tempère son ardeur. La reine finit par céder. Et les prisonniers sont libérés, à condition que le Parlement promette de ne plus s'occuper que des affaires de justice.

De fait, le 28 Aout, après quelques échauffourées, les barricades sont démolies Et le conseiller Broussel, qui était déjà sur la route de Sedan, où on devait l'enfermer, rentre triomphalement à Paris.

Or, dès Septembre, alors que monsieur le prince de Condé ramène ses troupes des Flandres, le Parlement, malgré la défense de la reine, reprend ses réunions. Ne souhaitant pas tromper l'espérance du peuple, Broussel, comme le dit Mazarin, se retrouve associé au roi. Mais, aux yeux d'Anne et du premier ministre, le meilleur moyen de trouver une solution à cette situation est de sortir de Paris, comme l'a fait Henri III après la « Journée des Barricades ».

Voila pourquoi le 12 Septembre, toute la cour se transporte à Rueil, dans l'ancien château du cardinal de Richelieu. Et il est temps, car un début d'émeute éclate aux portes de la ville. Heureusement, il est rapidement réprimé. Puis, le 13 Septembre, Anne, qui a tenu à rester au Palais Royal, sort de la capitale sans se presser, et rejoint son fils.

Malheureusement, de fin Septembre à fin Octobre, la situation reste difficile : le gouvernement craint un soulèvement dans les provinces. Il a peur que celui-ci soit accompagné d'un refus de payer les impôts. A Rueil, Monsieur, toujours indolent, jure qu'il ne désire que la paix Condé, de son coté, montre autant d'hostilité au « gredin de Sicile » qu'aux « chats fourrés du Parlement ». Et, enfin, à Paris, commerçants et artisans s'agitent, en prétendant que le départ de la cour nuit à leur commerce. En fait, ils redoutent surtout le siège de la capitale par les armées du roi.

Finalement, le 22 Octobre, à Saint-germain, la reine signe en pleurant la réforme préparée par les députés de la chambre de Saint-Louis, et qui sanctionne celle de l'Etat. Le 24 Octobre, la déclaration est enregistrée au Parlement. Le même jour, les traités de Munster et Osnabrück – qui mettent fin à la guerre de Trente Ans – sont signés en Westphalie. Mais, cette paix victorieuse est accueillie dans l'indifférence, tant les esprits restent inquiets et troublés.

Dès lors, dès Novembre, la cour peut rentrer à Paris. Malgré tout, la reine reste ferment décidée à prendre sa revanche sur le Parlement. Hélas, désormais, une autre Fronde – celle des princes – se prépare autour du prince de Conti, de la duchesse de Longueville, de la fille de Gaston d'Orléans Madeleine, de l'évêque Paul de Gondi, du duc de Bouillon, du duc de la Rochefoucauld, et de quelques autres.

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