La France du milieu du 17e siècle

Dominique Capo

Thèse personnelle de doctorat en Histoire, page 1 à 3

A l'aube des années 1590, le roi Henri IV, monté sur le trône depuis peu, a déjà subi de nombreuses tentatives d'assassinat. Et sa mort a plusieurs fois failli plonger le royaume dans de graves tourments. Or, si Henri IV périt, son plus proche héritier se trouve être le Prince de Condé : un enfant en bas âge ; et cousin lointain de surcroît. Son trône est de fait encore fragile. D'autant plus que de nombreux nobles lui en veulent encore de n'être qu'un obscur provincial, un ex-huguenot trop facilement converti a la religion Catholique.

Afin de renforcer sa position, il est donc nécessaire a Henri IV de se marier au plus vite. Il est également vital qu'il engendre rapidement un héritier. Il légitimerait de cette manière sa dynastie face à ses adversaires. Son choix se porte donc sur une nièce du grand duc de Toscane : Maria dei Médici. En effet, les liens des familles souveraines de Toscane et de France remontent aux Valois, et au mariage du futur Henri II et de Catherine de Médicis. Ceux-ci ont ensuite été confirmés en 1589 par l'union entre le grand duc Ferdinand et Catherine de Lorraine. Puisque cette dernière était l'une des filles de Claude de France, elle même fille de Catherine de Médicis.

L'Italie étant composée d'un conglomérat de petits états disparates, cette alliance a permis à la Toscane d'acquérir un peu de liberté, face à la suprématie de l'Espagne en Italie, Elle a également permis à la France de se trouver un allié sûr dans l'éternelle guerre qu'elle menait contre l'empire des Hasbourgs. Elle lui a, enfin, permis de briser l'encerclement dont elle était victime depuis l'époque de François 1er, et d'arrêter d'être le champs de bataille de ces deux puissances.

Malheureusement, d'un autre coté, à l'aube des années 1590, les guerres de Religion continuent de ravager la France. En effet, les Églises réformées n'ont plus de protecteur depuis qu'Henri de Navarre est monté sur le trône. Aujourd'hui, ce titre, le plus prestigieux qui soit dans les rangs de la noblesse protestante revient à Henri de la Tour d'Auvergne. Celui-ci porte désormais fièrement ses qualités de vicomte de Turenne, du Quercy, de Sedan – situé à la limite des Ardennes - de duc de Bouillon, et de maréchal de France. Il souhaite faire de Genève la capitale de la Religion réformée. Et il considère cette ville, a l'instar de nombreux huguenots, comme un nouvel Israël ; une cité Sainte jouissant d'un prestige Européen, et dont il souhaite doter de moyens importants.

Mais, en Novembre 1602, le duc de Bouillon est appelé par le roi à venir en cour, afin de se justifier de ses velléités d'indépendance. En effet, son mariage éphémère avec Antoinette de la Marck lui a fait acquérir la principauté de Sedan ; il s'agit d'un petit espace souverain situé aux confins du royaume, et accolé aux territoires du prince évêque de Liège. Par là même, il est devenu un membre de la famille du prince d'Orange et sujet du prince électeur du Palatinat. Et il commence à avoir un rôle de plus en plus international.

Loin de se soumettre aux exigences d'Henri IV, le duc de Bouillon visite les communautés réformées du Languedoc. Il se rend ensuite à Genève, puis à Heidelberg auprès de son beau-frère. Il s'établit enfin à Sedan, et à l'abri de sa citadelle frontalière, il commence à orchestrer les mécontentements : il y accueille notamment le pasteur Antoine Renaud ; lequel s'emploie à dresser les princes Allemands contre Henri IV.

En Novembre 1604, le roi de France se résigne donc à sévir. Il emprisonne le comte d'Auvergne à la Bastille, et fait instruire son procès par le Parlement de Paris. Il laisse faire une commission de justice, qui fait le procès de quelques obscurs gentilshommes locaux liés au duc de Bouillon. Les sentences rendues par la Cour en Février 1605 sont terribles. Elles comportent en effet cinq condamnations à mort par décapitation, et ordonnent que la marquise de Verneuil, qui a été l'une des principales conjurées de cette faction, dite « des Entragues », soit recluse à vie dans un couvent. Malgré tout, condamnations ne sont pas exécutées. Bientôt, le roi rend visite à la province révoltée pour lui accorder son pardon. Il rentre ensuite triomphalement à Paris, plaçant les nobles peu de temps auparavant séditieux dans le cortège pour marquer leur soumission aux yeux du public. Et dès la fin de l'année, il reprend sa liaison avec la duchesse ; le comte d'Auvergne étant le seul à rester enfermé à la Bastille jusqu'en 1616.

A suivre...

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