La galette des rois
Jo Todaro
Il était une fois un magnifique royaume qui possédait tous les atouts pour devenir un véritable havre de paix et de bonheur. Le pays était raisonnablement riche, le climat y était tempéré et n'osait jamais y manifester ses excès de colère, les paysages étaient splendides, les habitants travaillaient honnêtement et étaient tous en bonne santé et bien nourris. Tout semblait donc inviter la population à ne se préoccuper que de jouir paisiblement de cette atmosphère aux doux parfums de confort et de liberté. Il existait cependant un bémol à ce bonheur apparent. Le vieux roi Jacques était malade. Après un trop long règne, il n'avait plus la force, depuis de nombreuses années, de veiller aux intérêts du pays et à ceux de ses concitoyens. Il avait donc, après d'interminables hésitations et tergiversations, décidé de renoncer au trône. Le temps avait cependant fait preuve d'une grande clémence en lui permettant, avec l'aide de ses nombreux conseillers, d'organiser sa succession. Jacques et la reine n'avaient eu que deux filles et le vieux roi pensait que le royaume ne pouvait être administré par une femme. Le rôle de la reine était d'épauler son époux et de l'accompagner lorsqu'il se décidait à partir à la rencontre de ses sujets en se noyant littéralement dans des bains de foule qu'il appréciait fortement tant ils lui permettaient d'évaluer son incroyable popularité. Jacques était un souverain aimé et les cris et encouragements qui allaient parfois jusqu'à couvrir ses discours débonnaires lui en faisaient parfaitement prendre conscience. La fonction de la reine, n'en déplaise aux plus ardents défenseurs d'une monarchie féministe, devait rester une fonction d'ornementation. Mais son règne s'achevait.
Devant l'impossibilité de confier les rênes du pouvoir à sa fille ainée, Jacques dut se résoudre à trouver une solution alternative afin que son royaume puisse rester aux mains de sa noble famille. Il décida donc de fouiller dans son tumultueux passé et envoya chercher un fils illégitime qu'il avait eu avec une paysanne rustique, souvenir d'une escapade champêtre durant laquelle il avait pu laisser pleinement s'exprimer un pouvoir de séduction sans borne. Il en était ainsi. Jacques aimait la campagne et les charmes dépourvus de manière qui y régnaient. Il n'avait jamais officiellement reconnu l'enfant, mais il envoyait chaque mois des messagers veiller au confort du bâtard et de sa rustre maman. Ces derniers s'attiraient d'ailleurs les foudres des autres paysans du petit village qu'ils habitaient. A la vue des paniers remplis de fruits frais, de légumes brillants, de viande délicatement empaquetée et de vins délicieux, les voisins ne parvenaient plus à masquer leur jalousie. Chacun s'interrogeait sur les raisons de cette générosité mais aucun n'était parvenu à approcher la vérité. La pauvre mère expliquait simplement que, n'ayant pas de mari, le roi avait eu pitié d'elle et de sa pauvre condition.
Les soldats chevauchèrent donc leurs plus belles montures et, en habit d'apparat, se rendirent prestement chez le jeune descendant. Dès leur arrivée, le capitaine de la garde expliqua brièvement que le bon roi Jacques désirait que la paysanne fatiguée et son fils s'installe au château de manière définitive. La vieille dame n'en crut pas ses oreilles. Elle pensa qu'après toutes ces années, le roi devait être tenaillé par le remord et allait enfin remédier à ses erreurs passées. Elle allait peut-être devenir reine. A son âge avancé, cela lui apparaissait comme un couronnement tardif, mais il lui semblait cependant préférable de devenir une vieille reine plutôt que de poursuivre sa maturation dans son humble condition.
Elle et son fils emportèrent quelques vêtements et se mirent en marche en direction de leur nouvelle demeure. La silhouette du château qui se dessinait à l'horizon fit naître dans la tête de la pauvre infortunée un chapelet de regrets. Elle aurait dû vivre sa vie entière dans ce palais, au lieu de quoi elle avait passé son existence dans la froideur et l'humidité d'une trop pauvre chaumière. Elle avait souffert de la solitude et du froid. Elle n'avait cependant pas eu à souffrir de la faim comme pouvaient en témoigner ses cuisses roses et dodues ainsi que ses grosses fesses rebondies. Mais son plus grand regret était d'avoir été contrainte d'élever seule son pauvre petit rejeton. Car le jeune homme était petit. Etrangement petit. Si petit que l'on était en droit de se méfier. Ces petits hommes sont souvent arrogants et teigneux comme s'ils désiraient se venger du sort qui les obligeait à ne jamais pouvoir regarder le monde droit dans les yeux. Alors que le bon roi Jacques était homme d'une stature imposante, son fils compensait sa petitesse en laissant trôner sur sa tête une chevelure massive et imposante qui le grandissait à peine mais qui lui donnait l'air d'un chevalier casqué partant en croisade.
Ils se trouvèrent bientôt devant le pont-levis qui s'abaissa pour les laisser enfin pénétrer dans la cour du château. Ils n'y étaient jamais venus. Ils offraient à ce nouveau décor des yeux écarquillés et brillants. Un garde les sortit brutalement de leur émerveillement, les priant de le suivre car le roi les attendait. Ils le suivirent. Ils traversèrent la cour puis pénétrèrent dans de longs couloirs recouverts de marbre, défilèrent dans d'immenses salles aux ornements majestueux faits d'or et d'argent avant de se retrouver à la porte du cabinet privé du roi. Malgré ses mains crevassées qui frottaient régulièrement ses joues rouges, la vieille femme au visage bouffi ne parvenait plus à dissimuler ses larmes. Elle pleurait sur ce miroir luxueux qui lui révélait le degré de misère de son passé. Le garde frappa à la porte, attendit quelques instants puis l'ouvrit. Il invita la femme et son fils à entrer puis se retira sans prononcer la moindre parole. Le roi était là, assis, vieilli mais toujours en possession de ses facultés et revêtu de sa plus belle armure. Il les fixa quelques instants, connaissant déjà la femme mais voulant vraisemblablement juger le petit homme qui se trouvait devant lui.
« Saches, Ségolène, car la paysanne se prénommait ainsi, qu'en d'autres temps et en d'autres lieux, l'histoire se serait très certainement écrite différemment. Ma condition et la tienne ne nous ont malheureusement pas permis d'entrevoir un avenir autre que celui qui a été le nôtre. Les faits étant établis, nous n'y pouvons rien changer. Mais je n'ai rien oublié de nos aventures. Et même dans l'improbable hypothèse où ma mémoire chercherait à se jouer de moi, le petit homme qui se trouve devant moi agirait comme une vitrine ouverte sur mon passé et sur le tien. Peux-tu me rappeler ton nom petit ?
- Je m'appelle Nicolas, répondit fièrement le jeune homme.
- Approche que je te vois mieux ! »
Nicolas s'exécuta.
- Je te trouve tout de même très petit. Lui as-tu donné à manger toutes les victuailles que je t'ai fait portées Ségolène ? »
La femme répondit positivement d'un simple hochement de tête. Le roi ne parvenait que difficilement à masquer son étonnement mais, conscient qu'il ne détenait aucune autre alternative, continua à s'adresser au fils et à sa mère :
« Je vous ai fait venir ici aujourd'hui car est venue l'aube d'un temps nouveau. Je suis à présent malade et trop vieux pour continuer à diriger ce magnifique royaume. Tu es mon seul fils Nicolas. C'est donc à toi qu'incombe cette noble tâche. Mes conseillers veilleront à t'inculquer les rudiments de la fonction qui sera tienne. C'est mon sang qui coule dans tes veines, je n'ai donc nul doute quant à tes capacités à endosser l'armure qui fut mienne. Ta mère s'installera ici, avec toi. »
La paysanne se sentit subitement soulagée d'un immense poids par cette reconnaissance qu'elle avait toujours espérée. Nicolas était fou de joie. Il trépignait, sautait partout, agitait se épaules et s'adressait à Jacques avec une familiarité soudaine que ce dernier semblait n'apprécier que moyennement.
Les responsabilités étant prioritaires, Nicolas et sa mère n'eurent que quelques instants pour savourer ces annonces avant que n'arrivent les nombreux conseillers royaux. Leur travail débuta sans délai. On sépara le fils et la mère. Elle fut emmenée dans ses appartements et immédiatement harcelée par une tribu de façonneurs endiablés. Il fallait tout changer pour parvenir à la rendre présentable. On la lava avec insistance comme pour gommer de sa peau les meurtrissures de son passé de gueuse. On tailla ses cheveux abîmés et emmêlés pour l'affubler d'une perruque brune et avantageuse. On lui confectionna de nouveaux vêtements dans les plus riches étoffes. On ne put malheureusement trouver de remède à la disproportion de ses larges cuisses. On décida donc de rajouter aux vêtements des pièces issues des plus nobles soies et destinées à cacher ses formes. On parvint tout de même à tirer avantage de ses rondeurs en mettant en valeur sa gorge généreuse que l'on rehaussa à l'aide d'un corset pigeonnant. Les perles savamment disposées autour de son cou parvinrent enfin, en attirant les regards, à faire oublier la rougeur de sa peau. L'illusion était parfaite. Elle pouvait être la mère du futur roi.
Nicolas était pour sa part prisonnier de ses formateurs depuis de longues semaines. Son apparence avait changé, il ressemblait à s'y méprendre à un roi. On lui avait enseigné les rudiments de la monarchie, il avait appris à manier les armes, il parvenait tant bien que mal à rester digne sur sa monture et on envisageait de remplacer la protubérance capillaire qui trônait tout en haut de son court personnage par un attribut plus en rapport avec sa nouvelle future fonction : une couronne. Il semblait prêt à accomplir son destin mais certains de ses conseillers demeuraient inquiets quant à sa diction. Il lui arrivait en effet de puiser dans la citerne de son ancienne identité un vocabulaire populaire et grossier en totale inadéquation avec son statut de monarque. Le roi Jacques trancha. Le temps ferait son œuvre et allait terminer ce que les hommes avaient débuté en complétant la formation du futur souverain. De plus en plus fatigué, Jacques sentait venir le temps de l'abdication et souhaitait se retirer dans un petit palais privé situé dans les plus lointaines contrées du royaume. Il ordonna donc que l'on procède aux préparatifs. Il manquait cependant toujours un détail. Une future reine. Il fallait trouver une épouse à Nicolas. Jacques avait entendu de la bouche de grands marchands voyageurs qu'il existait dans le lointain royaume d'Angleterre, un prince qui avait voulu régner sans compagne. Mais il ne fut jamais couronné. On présenta donc à Nicolas une courtisane prénommée Cécile en le pressant de l'épouser au plus vite. Elle n'était pas d'un raffinement extrême mais présentait l'avantage indéniable de vivre au château depuis de très nombreuses années. Elle en connaissait ainsi tous les rouages et en maitrisait parfaitement les us et coutumes. Elle parviendrait indubitablement à donner le change et son amour invétéré pour les fastes devrait la convaincre sans trop de difficultés d'accepter cette mission de potiche ornementale.
La volonté de Jacques fut exaucée et on put ainsi procéder discrètement au mariage du futur couple royal. Arriva enfin le jour du couronnement. Des dizaines de messagers avaient parcouru l'entièreté du royaume pour annoncer la grande nouvelle. Le bon peuple regrettait déjà son vieux roi Jacques mais il savait celui-ci usé et se félicitait finalement de voir couronner le plus jeune roi de l'histoire. « Un jeune roi pour l'avenir ! » Tel était le slogan qu'on pouvait entendre dans les campagnes et qui saluait l'avènement de Nicolas. Il fut donc couronné par Jacques en personne, lors d'une immense fête à laquelle était conviée l'entièreté de la noblesse. Les réjouissances durèrent trois jours au terme desquels Jacques se retira définitivement dans son humble palais, pour ne plus jamais réapparaître.
Nicolas était donc roi. Un nouveau roi qui ne tarda pas à déposer son empreinte sur une monarchie qu'il voulait transformer. Il congédia un à un tous les conseillers qui avaient accompagné le règne de son successeur pour en nommer de nouveaux qu'il s'en alla chercher dans le village dans lequel il avait grandi. Des hommes inexpérimentés, excellents cultivateurs mais qui ignoraient tout de la gestion d'une nation, peu instruits et peu accoutumés aux usages de la bienséance. Tout cela importait peu au nouveau roi tant il ne souhaitait pas partager le pouvoir. El il ne s'en priva pas. Les années succédèrent aux mois et Nicolas s'affirmait comme un véritable despote. Il profitait égoïstement des richesses, entouré de sa cour d'admirateurs invétérés, alors que son peuple connaissait les affres de la misère. Un conseiller vint un jour le trouver pour l'informer du mécontentement grandissant de la population. Nicolas 1er lui répondit avec désinvolture :
« Je suis le roi ! En quoi devrais-je être inquiet ? Y-a-t-il seulement, dans tout le royaume, quelqu'un qui puisse me juger ? »
Puis il renvoya le conseiller qui dut retourner à sa condition de paysan dans son pauvre village. A partir de ce jour, plus aucun conseiller n'osa adresser la moindre remarque au souverain. Il régnait sans partage, assouvissant le moindre de ses désirs, organisant des banquets gigantesques, se livrant à tous les excès, dépensant le trésor national sans compter. Il répudia sa compagne pour épouser une autre femme. Il affichait sa toute puissance avec mépris en crachant sur les foules son statut d'intouchable.
Les habitants de cet empire étaient de plus en plus malheureux. Ce type de malheur profond qui peut devenir un terreau fertile dans lequel grandissent les éventuelles idées contestataires. Un prince s'en aperçut et y vit une opportunité qu'il ne se devait de mettre à profit. Un gros prince, un homme sans manière, un homme à la noblesse non méritée mais simplement issue d'un arbre généalogique énigmatique. Un prince à la noblesse héritée. Il demeurait cependant prince et ambitionna donc de disputer le pouvoir au roi Nicolas.
Le gros prince François arpenta le royaume durant de très longues semaines, perché sur un âne fatigué et la besace chargée de promesses. Partout où il faisait halte, il haranguait les foules :
« Moi si j'étais roi, tout serait différent ! Moi si j'étais roi, je veillerais sur vous comme sur mes descendants ! Moi si j'étais roi, je partagerais les richesses du trésor ! Moi si j'étais roi, je serais proche de mes sujets ! »
Il passa des mois à hurler ses engagements aux quatre coins du domaine. Il parcourait les villes et villages de long en large, en visitant jusqu'à la moindre ruelle et s'assurant au passage la sympathie inévitable des pauvres gens crédules. La vie était devenue si pénible depuis le couronnement de Nicolas 1er que la population semblait accepter l'idée d'un changement de régent. La graine de la révolte avait été semée par François qui espérait que les conditions de vie extrêmes que connaissaient les habitants suffiraient à la faire croître. Il n'eut qu'à patienter quelques semaines avant que le désir de soulèvement ne gagne l'ensemble du pays. Partout on hurlait des jurons ou des slogans destinés au roi en place.
« Mort au roi ! Nicolas a trop vécu ! »
C'est dans ce climat de feu que François reprit sa croisade, se mêlant aux protestataires, les encourageant à marcher sur le château et soulignant toujours les infamies commises par Nicolas. L'insoumission était née, il allait la faire grandir. Il marcha donc à la tête d'une population déchainée tant elle n'avait plus rien à perdre. Des paysans armés de faucilles et de torches et qui menaçaient de mettre le feu au château en hurlant toute une ribambelle d'insultes à l'encontre du tyran. Nicolas apparut soudain sur la promenade de la plus haute tour de la forteresse. Il tenta de calmer la foule en promettant que le temps du partage arrivait et que le printemps annonçait certainement des jours meilleurs. Nul ne voulut l'écouter et les torches volèrent soudainement vers le pont-levis dans une tornade ardente. Le feu prit rapidement et l'entrée de la citadelle ne fut bientôt plus protégée. La population utilisa des planches de bois, des échelles, des grappins ou de simples cordes pour se ruer à l'assaut de ce symbole de l'oppression. Nicolas était acculé, enfermé en haut d'une tour dans laquelle il risquait fort de devoir finir ses jours. Il demanda à parler au chef de ces émeutiers. François fut désigné et après d'interminables palabres, il obtint la reddition de Nicolas qui s'engagea, en échange de l'assurance de sa sécurité, à quitter le pouvoir pour rejoindre son père Jacques dans le fameux palais lointain. Le peuple hurlait sa joie en élevant François au rang de saint.
« François nouveau roi ! François nouveau roi ! »
Ces acclamations furent entendues et François fut sacré roi le jour même.
Il s'installa au château en compagnie de son épouse et de ses enfants. Il renvoya sans ménagement les conseillers de Nicolas et décida de nommer tous les membres de sa famille aux postes clés de la nouvelle monarchie. Le temps passa sans que François ne parvienne à changer les conditions de vie des pauvres besogneux qui l'avaient porté au pouvoir. Il n'avait même pas tenté de les améliorer. Les premiers reproches lui furent adressés. Il répondit comme un enfant accusé d'une faute qu'il n'aurait pas commise :
« Tout cela, c'est la faute à Nicolas. »
Il continua de renforcer son idée de la monarchie en se souciant chaque jour un peu moins des pauvres gens. Il s'endormait et se réveillait dans un luxe indécent et mangeait les mets les plus raffinés quand le peuple devait se contenter d'horribles racines. Il organisait des soirées festives où se succédaient trouvères, ménestrels, acteurs et actrices, cracheurs de feu, acrobates, montreurs d'ours et jongleurs. Il mangeait, il dansait, il riait et s'autorisait d'inédites et étranges promenades nocturnes sans qu'aucun garde ne puisse le suivre afin d'assurer sa sécurité. Il répudia lui aussi son épouse, pour en prendre une seconde qu'il répudia ensuite avant d'en prendre une troisième. L'ensemble du bon peuple se sentit piétiné, humilié. Le gros roi François, porté au firmament par toutes ces âmes, les remerciait par une simple trahison.
« Mort au traître ! » pouvait-on entendre sur les places des marchés ou au fond des sombres tavernes. L'insoumission refaisait surface dans ce monde décidemment devenu instable.
Un Duc désargenté contrôlait un minuscule duché rattaché au territoire régenté par le gros roi François. Témoin de toute cette agitation, ce petit Duc imagina qu'il pouvait jouer à François le mauvais tour que ce dernier avait si habilement su jouer à Nicolas. Ce petit Duc s'appelait Tralala. Il chantait :
« Moi Tralala si j'étais roi, je ferais ci, je ferais ça. Moi Tralala si j'étais roi… »
Mais revenons un instant à la raison chers amis car vous et moi ne le savons que trop bien, cela me semble clair, Tralala n'est pas un prénom, pas plus que Tralalère. Il en existera encore de ces bonimenteurs comme Nicolas, François ou Tralala, assez habiles pour nous faire écouter les serments et promesses que nous souhaitons entendre et assez cruels pour tenter de nous les faire oublier dès lors que leur autorité est clairement établie. Plutôt que de céder de façon répétitive au charme de chaque nouveau prophète, ne serait-il pas plus réfléchi d'éclairer beaucoup mieux nos lanternes afin de parvenir à déceler sur leurs visages les éventuels traits qui caractérisent les imposteurs. L'histoire est un éternel recommencement, dit-on, mais ne devrions-nous pas nous inquiéter plus conséquemment dès lors que cette histoire est atteinte de bégaiement ? Ne pourrait-on pas réformer cette monarchie plutôt que de croire éternellement en un nouveau messie ?
Mais vous n'êtes ni plus fou ni plus idiot que moi
C'est dans votre cœur et vos yeux que je l'ai lu
Qu'ils se nomment Nicolas, François ou Tralala
Voyez-moi apaisé que vous n'y croyiez plus.