La grande guerre

Roland Grandet

poésie épique

 

Alors commença la grande guerre des statues.

Elles s'étaient dressées magnifiques de colère décolorées par des siècles de malheur. Elles découvraient leurs mains abîmées par tant de labeur. Ces mains qui désormais ne se contenteraient plus de plier mais qui épouseraient la forme du poing vengeur.

Alors commença la grande guerre des pauvres.

Elle résonnerait pour longtemps Elle serait la référence, l'étalon et les fils découvriraient leurs pères.

Alors commença la grande guerre des fils

En l'honneur du Dieu qui donna le sien et qui ressuscita. Et les fils combattirent à leur tour et la terre était rouge de leur sang.

Alors commença la grande guerre du sang

Et celui-ci coula nourrit par les torrents du ciel et  la violence de ce flot rougit à jamais la terre des fils.

 

 

Alors commença la grande guerre tout court

Et ce ne fut que cris, larmes, déchirements et l'esprit humain ne tarit pas d'innovation pour détruire son prochain.

Alors commença la grande guerre de la terre. Et le pain se fit rare. Ce fut le temps de la grande démission. On ferma les portes qui restaient. On monta des murs On s'épia.

Alors commença la grande guerre de la faim.

Les langues furent oubliées. L'amour fut supplicié et les fils des fils pratiquèrent la masturbation à l'infini.

Alors commença la grande guerre de l'extinction

Les rares feux qui brillaient encore s'éteignirent. Les signes devinrent épidermiques puis disparurent.

Que reste-t-il au bout de la misère ?

 



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