La grosse et le drogué

edgard

Une grosse femme solitaire consacre du temps à aider les sans abris qui vivent dans son quartier de l'Est de Londres. Elle finie par s'enticher de l'un d'entre eux.

(Extrait d'un roman en cour d'écriture)

Stuart possède une vie bien réglée. Il dort le jour et travaille la nuit dans le centre pénitencier de Penton Hill. Les conditions de travail étant dures, il est plutôt bien rémunéré pour quelqu'un qui n'a pas fait d'études. Les pots de vin qu'il reçoit de certains détenus lui permettent de joliment arrondir ses fins de mois. Le seul inconvénient à cette vie est qu'il ne voit que très peu sa femme et sa jeune fille née l'an passé. Peut être dans quelques années, lorsqu'il aura mis suffisamment d'économies de côté, il envisagera d'ouvrir un garage automobile. Il en a toujours rêvé. Même si ce n'est pas facile d'attendre ce jour là, il s'estime heureux de mener la vie qui est la sienne. Et pour cause, il avait vécu à la rue pendant plusieurs années. Des années durant lesquelles, il n'était rien de plus qu'un clochard errant de squats en squats à la recherche d'un caillou de crack à fumer.

 

Après avoir maintes fois touché le fonds il avait rencontré Mary, sa femme. Cette assistante sociale aux nombreux kilos en trop avait pris l'habitude de subvenir aux besoins alimentaires de quelques junkies. Généralement ceux qui survivaient autour de chez elle. Stuart était l'un d'entre eux. Il était très sale mais son visage était beau. Elle trouvait son visage touchant. Lorsqu'elle l'apercevait, elle l'invitait de temps en temps chez elle pour prendre un café. Parfois elle cuisinait pour lui. Il était plusieurs fois parti pendant qu'elle avait le dos tourné. La plupart du temps en emportant son portefeuille ou un autre objet de valeur. Les junkies ont tous ceci en commun. Ils ne peuvent s'empêcher de voler. Et étant elle même une ancienne droguée, elle savait cela. Elle ne lui en tenait d'ailleurs pas rigueur, elle s'estimait plus chanceuse lui.

 

Un matin elle le trouvait frigorifiait devant sa porte. Elle le fit donc entrer pour se réchauffer un peu avant qu'elle ne parte travailler. Epuisé, Stuart s'était endormi sur le confortable canapé du salon. Et Mary n'avait pas eu le cœur de l'y déloger. A son retour, plusieurs meubles n'étaient plus à leur place. La télé avait disparu et ses bijoux aussi. Elle décidait donc de partir à sa recherche dans cette partie de l'Est de Londres si peu accueillante lorsque la nuit est tombée. Après plusieurs squats, elle tombait sur l'énergumène gisant peu gracieusement sur le sol. Une seringue encore pendante au bout du bras. Quelques claques d'une force inouïe plus tard, elle décidait de le ramenait chez elle. Peu importe que les objets aient été revendus plus tôt pour quelques grammes de drogues apaisantes. Elle voulait le sauver de sa routine d'addiction.

 

Sur son lit, le clochard dormait à poing fermé. Elle avait attaché ses poignets avec des menottes que son ancien mari, un flic alcoolique, avait laissé avant de s'en aller pour une femme moins grosse, plus jeune. Avec du scotch chatterton, elle avait attaché ses pieds. A son réveil, le drogué s'était trouvé pris au piège. Malgré quelques tentatives désespérées de se défaire des liens bien noués par Mary, il n'avait pas pu se libérer. Il sentait le manque venir et pleurer en la suppliant de le détacher. Il lui avait même demandé d'aller au moins lui acheter une dose pour qu'il arrête de souffrir. Mais elle résista. Elle voulait qu'il soit sevré. Et d'une façon ou d'une autre, elle y arriverait. Le deuxième jour, alors qu'elle le nourrissait d'un bouillon de poulet, il lui dit : « Détaches moi je t'en prie ! Je ne reviendrais plus jamais ! Je te rembourserais ! ». Mais au lieu de le détacher, elle baissa son pantalon jusqu'à ses genoux. En prenant son pénis sale dans la bouche, elle éprouva un sentiment de contrôle incroyable. Et chaque jour après l'avoir nourri elle répétait ce rituel pour essayer de calmer son manque. Ceci ne suffisait pas et il hurlait souvent des insultes pendant la nuit, lui disant « détaches moi grosse pute ! Je veux m'en aller ! Je vais te crever ! ». Elle, ne réagissait pas. Après plusieurs semaines, elle décidait enfin de le défaire, estimant qu'il était maintenant sevré. Ce jour-ci, s'effondrant en sanglots, Stuart l'a remercia de tout ce qu'elle avait fait pour lui. Allant jusqu'à dire qu'il était maintenant sien, qu'il l'aimait. Elle l'avait sauvé.

 

Mary n'était pas belle. Mais elle avait été la seule à l'aimer tel qu'il était. Elle avait été la seule à être là pour lui alors qu'il s'enfonçait dans une descente aux enfers qui aurait pu lui être fatale. Pour cela, il éprouvait de l'admiration et de l'amour pour elle. Ils s'étaient donc mariés. Il lui avait donné une petite fille dont elle rêvait depuis des années. Son ancien mari n'avait jamais pu la combler à ce niveau à cause de sa stérilité.

 

Les nuits de travail sont longues à Penton Hill. Au petit matin Stuart est toujours fatigué lorsqu'il rentre chez lui. Ce jour là, en ouvrant la porte, il découvre un spectacle auquel il ne s'attend pas. Mary est allongée sur le sol, nue. Son ventre gras dégouline sur ses flancs. Elle est inconsciente. Dans son lit, leur jeune fille est endormie. Une tête de mouton sanguinolente a été placée à quelques centimètres de sa minuscule tête. Il est horrifié par ce qui lui est donné de voir. Sur le mur est écrit à la bombe de peinture noire « Plus d'affaires avec les albanais ». Il amène sa femme à l'hôpital aussi vite qu'il le peut. Elle est seulement assommée et a subit un gros traumatisme crânien. Les médecins lui disent qu'elle va bien, qu'il peut la ramener chez lui mais qu'elle a besoin de repos. Elle n'a aucun souvenir de ce qui a pu se passer. Il s'occupe alors d'elle pour le reste de la journée. Il prend même un jour de congé pour le passer à ses côtés. Alors qu'elle dort, il appelle deux de ses collègues avec qui il aide les albanais dans leur commerce de drogue. Il leur explique ce qu'il vient de vivre.

Les albanais ne pourront désormais plus compter sur l'aide des matons. 

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