La joie. L'amour

D'après un article du journal "Le Monde" du 8 juin 2024. Abel Mestre, journaliste  

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Yvelines. Saint-Germain-en-Laye. Le père, Georges Fesch (1885-1957), est directeur de banque, d'origine belge. Athée, anticlérical. Érudit. Distant 

Marthe (1892-1956), pieuse, mère au foyer 

Antisémites. Les rapports entre les parents sont difficiles 

Trois enfants, deux sœurs aînées (Monique et Nicole) ; et Jacques -le petit dernier, éducation plus libre 

Jacques Fesch (24 ans). Pierrette (d'origine juive), son épouse. Véronique et Gérard, leurs enfants 

Un fils naturel (né en 1954. Placé à l'Assistance publique). Reconnu en 2007, par décision de justice ; à 47 ans, Gérard Troniou / Droniou devient Gérard Fesch 

Déshérence. Jacques Fesch ne travaille pas vraiment ; il flambe 

Il rêve de faire le tour du monde, à bord d'un voilier 

25 février 1954. Avec son complice Jacques Robbe, Jacques Fesch décide de dévaliser un changeur -achat ou vente de métaux précieux (pièces, lingots, numismatique, bijoux). Quartier de la Bourse, à Paris 

Alexandre Silberstein, ancien combattant. "Le Comptoir de Change et de Numismatique". 39 rue Vivienne (2e) 

Vol à main armé 

Rien ne se passe comme prévu 

Fuite 

Jacques Fesch blesse deux personnes -Raymond Lenoir tente de l'agripper. Grièvement blessé à la nuque  

Une balle, en plein cœur 

Jacques Fesch abat un gardien de la paix, Jean-Baptiste Vergne, qui s'est lancé à sa poursuite 

35 ans. Veuf depuis deux ans. Une fille de quatre ans, Marie-Annick  

Station de métro Richelieu-Drouot (9e). Georges Plissier (28 ans) poursuit Jacques Fesch dans les couloirs. Il parvient à le désarmer  

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Prison de la Santé (14e). Pendant trois ans, détention de Jacques Fesch 

Chaque semaine, son avocat lui rend visite. Paul Baudet (1907-1972), ténor du barreau de Paris de l'époque, choisi par ses parents 

"La panthère de Dieu". Très croyant, Paul Baudet joue un rôle dans le cheminement spirituel de son client. La souffrance, le châtiment, la pénitence, la rédemption  

7 juin 1956. Décès de Marthe, la mère de Jacques Fesch (64 ans. Cancer)  

Jacques Fesch lit, écrit 

Il ne se révolte pas contre son châtiment 

Le doute, l'apathie, l'angoisse ; parfois, la sérénité  

La révélation de la foi. « À la racine du mal, de tout mal, se cache le péché, c'est-à-dire le refus de l'amour, le refus de Dieu. Le péché, c'est le refus de l'amour » 

La relation avec Jésus  

La joie. L'amour 

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6 avril 1957. Forte représentation de cinq syndicats de police 

Devant les assises de la Seine, Jacques Fesch reconnaît les faits 

Il présente ses excuses à la famille Vergne. « Je présente mes excuses à Madame Vergne. Oh Madame ! Vous êtes en droit de me haïr, mais je vous dis mes regrets les plus sincères, comme à tous ceux à qui j'ai fait […] »  

Il exprime ses regrets 

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L'avocat général, Claude Sudaka, conclut. Dans le dossier, il a cherché des éléments en faveur de l'accusé. Il n'a trouvé que le cancre, le jouisseur, le voleur, l'assassin 

À deux voix de majorité, Jacques Fesch est condamné à la peine de mort sans circonstances atténuantes  

La demande de grâce auprès du Président René Coty, est rejetée 

Deux comparses, Jacques Robbe et Jean Blot, sont reconnus innocents 

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Mardi 1er octobre 1957. L'aube 

Prison de la Santé. Cellule de 10 m2, à l'isolement 

La cour  

Jacques Fesch (27 ans) est guillotiné 

Il est inhumé au cimetière ancien de Saint-Germain-en-Laye. 78 bis rue Léon-Désoye 

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Après sa mort, le parcours spirituel de Jacques Fesch est rendu public, par trois livres 

1972. "Lumière sur l'échafaud". Lettres de prison 

1980. "Cellule 18". Lettres de prison 

1990. "Dans cinq heures, je verrai Jésus". Sur ces mots, s'achève le journal de prison de Jacques Fesch 

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1987. Jacques Fesch, un exemple de rédemption par la foi 

Un procès en béatification est ouvert par le cardinal-archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger (61 ans) 

Procédure toujours en cours 

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Calvados, au nord de la plaine de Caen. Lion-sur-Mer 

En Normandie, un établissement scolaire privé catholique prend le nom de Jacques Fesch 

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Pour la mémoire de son père, Gérard Fesch (69 ans), le fils de Jacques Fesch, engage un long combat  

4 février 2020. Gérard Fesch soulève une question prioritaire de constitutionnalité 

Elle aboutit à une disposition issue de la loi du 24 décembre 2020 ; les ayants droit peuvent engager une procédure de rétablissement de l'honneur 

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Jeudi 6 juin 2024. Cour de cassation, chambre criminelle. La plus haute juridiction judiciaire 

Première procédure de ce type. L'action vise au rétablissement de l'honneur de Jacques Fesch 

en raison des gages d'amendement qu'il a pu fournir 

La rédemption (notion religieuse, personnelle) implique-t-elle une réhabilitation (notion juridique) ? 

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La réhabilitation n'est pas équivalente à un procès ou une grâce par le président de la République  

Elle efface la condamnation  

Elle met fin (parfois, de façon différée) aux interdictions, déchéances et incapacités, résultant de la condamnation 

Pour la procédure de rétablissement de l'honneur, il faut prouver que durant sa détention, le condamné a montré des gages d'amendement -sans les définir 

En l'absence de précédent, le raisonnement juridique se calque sur la jurisprudence de la Cour de cassation, concernant la réhabilitation 

Les gages d'amendement s'évaluent, en tenant compte  

de la gravité des faits, qui ont conduit à la condamnation 

du comportement du condamné 

et des mesures de réparation réalisées par le condamné 

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Pour Xavier Tarabeux, l'avocat général à la chambre criminelle, les conditions ne sont pas remplies 

Il n'est pas établi que la réparation civile soit intervenue  

Lors de sa détention, Jacques Fesch n'a rien fait, qui mérite une reconnaissance de la société 

À elle seule, compte tenu de sa dimension mystique, son élévation religieuse ne fournit pas la valeur d'exemplarité attendue de gages d'amendement 

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Au contraire, Patrice Spinosi, l'avocat de Jacques Fesch, insiste sur le comportement exemplaire du condamné, durant sa détention 

À l'appui, le témoignage de l'ancien directeur de la prison de la Santé 

L'avocat souligne  

le repentir, profondément sincère, de Jacques Fesch 

et ses regrets, s'agissant de son comportement et du mal qu'il a causé à la famille de Jean-Baptiste Vergne ; ainsi qu'à sa propre famille 

Me Spinosi cite une lettre de la fille du policier, Marie-Annick (74 ans. Élevée par ses grands-parents). Dans son souvenir (elle avait quatre ans, au moment des faits), le paiement des dommages civils à sa famille, a été effectué 

L'exécution de Jacques Fesch ne lui a pas permis de parachever son amendement, en se réinsérant dans la société 

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Mardi 1er octobre 2024. Décision de la Cour de cassation