La lettre

ellyn

Une perle glisse, roule silencieusement, effleure la lisse surface d’une caresse. Une autre perle vient la rejoindre, toute aussi silencieuse, de l’autre côté de la proéminence. Puis une autre se joint à elles, cortège muet, avancée de tristesse. Avancée de douleur… Et d’autres encore arrivent encore, se joignant aux premières, creusant sillon de leur passage. Elles semblent insatiable mais rien ne les balaye, la liberté les tient, la peine les maintient. Il est trop tard…

Les larmes glissent sur mes joues, je n’ai plus la force de les arrêter, je n’ai plus la force d’agir… Elles glissent les unes après les autres, flot continue qui trouble ma vision, flot continue qui efface le monde… Toutefois je le sais, je le sens, ce ne sont pas les larmes de mes yeux, mais les larmes de sang de mon cœur brisé… Je ne l’entends plus, il est mort, brisé, détruit… Je ne l’entends plus, mais je n’entends plus rien. Le silence est là, il me pèse, il m’obsède, il est tout, tout ce qu’il me reste… L’impression d’être immergée dans l’eau  m’inquiète, je sais pourtant être libre je sens encore la lettre dans mes mains tremblantes. Sa lettre… Je ne vois plus rien, tout est trouble, à l’image de mes pensées, mais mes yeux la fixent encore. Je ne parviens à en détacher mon regard, mon attention, elle est le couteau fiché dans mon cœur sans vie… Je la regarde, encore, toujours, espérant trouver quelque chose, autre chose… Je n’ai plus besoin de la lire pourtant, ses mots sont gravés en moi, torture qui n’a de cesse dans mes pensées, torture que je colle contre ma poitrine, tout contre ma poitrine, espérant qu’elle l’y rejoigne, lui, ma vie… Je ferme les yeux, le noir m’enveloppe, le noir m’emporte. C’est la fin… Je la sens qui s’en va, je la sens qui s’envole. Je l’imagine voler, virevolter, puis rejoindre le bureau. Je l’imagine se poser, comme la feuille morte d’un jour d’automne, faire sa place au milieu des boites vides. Elle sera belle dans les cachets blancs, reine de pâleur, ornée de sa divine écriture, elle sera belle… Je me sens glisser, glisser en arrière, glisser dans l’obscurité. Je me sens partir… Un sourire m’éclaire, je sais ne jamais revenir, faible consolation à ma douleur… Voilà, c’est la fin, ma fin. Le noir…

.:. Couverture d'un journal .:.

Amour fou :

Hier dans la soirée, une jeune adolescete d'une quinzaine d'années a été retrouvée morte. A ses côtés, une boite de médicaments ainsi qu'une lettre de rupture, sans aucun doute ses assissins...

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