“La​ ​liberté​ ​est​ ​un​ ​droit​ ​inviolable.​ ​Personne​ ​ne​ ​peut​ ​te​ ​forcer​ ​à​ ​aller​ ​contre​ ​ta​ ​propre​ ​volonté.” (le​ ​fleuriste​ ​dans​ ​​Pane ​ ​ e ​ ​ Tulipani ​ ​ ​-​ ​1h18min)

Aurélie Maunichy

Aurélie​ ​MAUNICHY

Cette citation résume parfaitement ce qui est essentiel pour tout être humain, à savoir, la liberté. Que nous soyons seuls ou en couple, la liberté est propre à chacun de nous. Il serait donc inconcevable de la laisser se réduire à néant dans une relation étouffante voire destructrice. Pourtant, bien des fois, nous voyons des personnes s'engouffrer et sombrer dans des relations amoureuses ; tel un sacrifice subi, non volontaire. Elles deviennent comme prisonnières, dépendantes d'une relation qui suce toute vitalité, toute joie que procure un amour sain. Rosalba Marisanto (personnage principal de Pane e Tulipani) est l'une de ces personnes. Soumise à son mari machiste, elle semble “étrangère” à son couple comme si elle ne​ ​vivait​ ​plus​ ​la​ ​relation​ ​:​ ​elle​ ​subit.

Tout homme, toute femme se veut libre, c'est une réalité. Toutefois, un paradoxe réside lorsque nous réfléchissons sur “L'amour”. Souvent, un individu est prêt à se priver, au-delà du possible ou de l'acceptable, pour retenir l'être aimé. C'est ce que confirme Thierry Vissac dans Amour et liberté, Revue 3° Millénaire n°85, en disant : “J'ai [l'individu] besoin d'être aimé de quelqu'un et je suis donc dépendant de cet autre que moi pour vivre ce sentiment”. Cette ambiguïté, entremêlant liberté et dépendance, peut être comprise comme un désir égoïste de cet individu. Toutefois, là où se trouve l'égoïsme, là aussi se perd la liberté. C'est une réalité qui s'affirme au moment où le mari de Rosalba engage un détective privé pour retrouver sa femme, dans le seul et unique but de l'obliger à rentrer à la maison. C'est une manifestation flagrante de l'absence de liberté qu'il lui accorde. Cette épouse ne peut s'accorder aucun temps pour elle-même. C'est d'ailleurs ce qu'elle confiera à une automobiliste : “Je ne peux jamais rester un seul jour hors de chez moi.”(11min).C'est avec un brin de nostalgie que Rosalba semble décrire la perte de sa liberté. La perte au sens de la définition​ ​que​ ​donne​ ​Frédéric​ ​Worms​ ​dans​ ​son​ ​exposé​ ​: “C'est ​ ​ l'expérience ​ ​ d'une ​ ​ absence, ​ ​ celle ​ ​ d'un ​ ​ projet ​ ​ devenu ​ ​ introuvable, ​ ​ auquel ​ ​ nous ​ ​ liait ​ ​ au préalable ​ ​ une ​ ​ relation ​ ​ de ​ ​ proximité ​ ​ et ​ ​ d'attachement ​ ​ (une ​ ​ relation ​ ​ qui ​ ​ détermine, ​ ​ qui ​ ​ oriente ma ​ ​ propre ​ ​ place ​ ​ par ​ ​ rapport ​ ​ à ​ ​ cet ​ ​ être ​ ​ [que ​ ​ j'ai ​ ​ perdu]. ​ ” F.​ ​Worms,​ ​La​ ​négativité​ ​dans​ ​les​ ​relations​ ​morales​ ​:​ ​rupture,​ ​perte,​ ​violation”​ ​(p.2).

L'amour n'est pas avare, l'amour ne lie pas ; bien plus, l'amour ne se prive ni ne prive autrui. L'écoute de l'autre devient un fondement vital dans la relation. Cette écoute conduit nécessairement à l'acceptation de l'autre, en tant qu'individu différent de nous et ayant sa propre manière d'être qui fait de lui un être unique et libre. Vouloir changer cet aspect fondamental, c'est courir à l'échec de la relation. L'amour appelle, par conséquent, à la liberté. Cependant, celle-ci se rencontre, non pas à l'extérieur de soi, pris dans la relation, mais à l'intérieur de soi. Thierry Vissac (ibid) résume parfaitement cette pensée en certifiant que​ ​: “La ​ ​ liberté ​ ​ ne ​ ​ fait ​ ​ pas ​ ​ son ​ ​ lit ​ ​ dans ​ ​ les ​ ​ draps ​ ​ d'un ​ ​ autre, ​ ​ elle ​ ​ est ​ ​ solitaire, ​ ​ même ​ ​ dans ​ ​ la ​ ​ foule, elle ​ ​ est ​ ​ autonome, ​ ​ même ​ ​ dans ​ ​ la ​ ​ relation, ​ ​ et ​ ​ s'abreuve ​ ​ à ​ ​ une ​ ​ source ​ ​ qu'on ​ ​ ne ​ ​ trouve ​ ​ pas ​ ​ au loin, ​ ​ ailleurs, ​ ​ en ​ ​ l'autre, ​ ​ ou ​ ​ au ​ ​ dehors ​ ​ de ​ ​ soi.”

Penser la liberté, solitaire, autonome, propre à chaque individu, c'est penser conjointement à l'amour de soi. Cet amour consiste dans les faits à se connaître soi-même. Ce processus hautement individuel amène tout un chacun à s'aimer lui-même. Ce n'est qu'à partir de cet instant que aimer autrui en retour devient possible. C'est ici, l'expérience qu'expérimente Rosalba tout au long de son parcours durant lequel elle apprend à se redécouvrir. Néanmoins, si se connaître soi-même provient d'une expérience voulue et vécue par soi-même, la relation avec l'autre, amène tout individu à se connaître, mais cette fois-ci, se​ ​connaître​ ​par​ ​l'autre.

Construire une relation implique un engagement ; et par ce même engagement, nous prenons le risque de nous perdre en omettant une partie primordiale de nous-mêmes. Or, comme le déclare le site Auféminin.com, “l'être humain est un être de lien. Ainsi, en s'engageant, nous apprenons à nous connaître à travers l'autre.” Par conséquent, concevoir l'engagement sous une forme de menace de sa face peut se révéler pervers ; si tant est que la relation soit fondée sur une base saine. L'engagement développe alors une co-construction à la connaissance de soi ; une construction à la fois nouvelle, complémentaire et plurielle. Il convient de reconnaître, ici, le caractère ambiguë de l'être aimé et aimant que nous avons évoqué plus haut dans la réflexion. Pour qu'une relation soit bâtie correctement, un individu doit, non seulement, se construire soi-même, avant la rencontre, mais également se construire à travers l'autre, au fil de la relation. “Notre partenaire révèle [ainsi] notre personnalité profonde”(Auféminin.com). Ce processus nous amène à nous ouvrir à l'autre puisque nous sommes “dans une confiance totale” (ibid). Par cela, il devient clair d'affirmer que “c'est la confiance mutuelle et l'intimité qui permet aux amoureux d'apprendre, au travers de la relation, à mieux se connaître eux-mêmes” (Auféminin.com). C'est ce que Fernando, le Vénitien qui a hébergé Rosalba pendant son séjour, vivra grâce à la venue de cette dernière. Ainsi, il confiera à son petit-fils qu'il faisait la sourde oreille au sujet de ses sentiments ; mais que​ ​maintenant​ ​il​ ​languit​ ​d'amour​ ​(1h45min).

Dans une relation, notre liberté individuelle doit s'adapter à une juste mesure, mais doit aussi être comprise et acceptée. En construisant avec quelqu'un une seule et même relation, la notion de liberté va se complexifier, se re-dé-construire pour former un autre ensemble. Ceci, selon moi, s'effectue consciemment ou non. Toutefois, ce processus est nécessaire à la construction d'une relation avec autrui. La prise en compte de l'autre, du partenaire, est une mesure fondamentale. Le contraire amènerait chacun vers le pan tortueux de l'égoïsme, ce qui déboucherait sur une relation non loin d'être saine. Néanmoins, nous oublier dans notre relation, en accordant et cédant toute chose à notre partenaire ou à nos enfants, ne serait que néfaste. Effectivement, Rosalba Marisanto s'était oubliée. Elle s'était effacée dans sa propre relation conjugale. Finalement, elle ne vivait que pour les siens. Ainsi, la séparation momentanée avec sa famille lui a permis d'en prendre conscience et mieux, lui a permis​ ​d'agir​ ​pour​ ​retrouver​ ​cette​ ​liberté​ ​perdue.
L'amour est un sentiment fort, puissant, dont il convient de prendre le plus grand soin. La gérance de ce sentiment n'est, certes, pas aisée ; mais l'amour, le vrai, est celui qui donne la liberté à l'autre d'être lui-même, et à soi, d'être soi-même, le tout pris dans un même ensemble.

Références/sitographie​ ​:
● ​ ​​http://www.aufeminin.com/vie-de-couple/relation-de-couple-d47141c561350.html
● WORMS F., La négativité dans les relations morales : rupture, perte, violation”(p.2),
https://docs.school/philosophie-et-litterature/culture-generale-et-philosophie/comment aire-de-texte/negativite-relations-morales-rupture-perte-violation-38946.html
● VISSAC​ ​T.,​ ​Amour​ ​et​ ​liberté,​ ​Revue​ ​3°​ ​Millénaire​ ​n°85 ​ ​​http://istenqs.org/Amour_Liberte.htm 

  • Je m’étonne 21 lectures et aucun commentaire ? Les textes intellectuels effraieraient-ils ? Assurément ! Ton essai est pourtant bien construit sur des fondations bibliothécaires solides. Bien monté en sauce, mais les essais n’essaiment jamais. Je nuancerais pourtant la correspondance des temps. Il existe plusieurs phases à l’amour et généralement il commence chronologiquement par celui de la passion dévorante et aliénante. L’état amoureux est une perte de liberté consentie et recherchée par les deux amoureux, une prison dorée d’où l’on ne veut pour rien au monde s’évader. Ce n’est qu’ensuite quand l’attachement prend la relève que la liberté propre réapparait à chacun. Les amoureux doivent couper leurs cordons nombrilistes pour revenir à la société commune des hommes.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Bonsoir Hervé ! Tout d'abord, je tiens à m'excuser du temps de réponse. J'étais prise par la masse de travail donné par mes études. Je te remercie d'avoir pris de ton temps pour lire et commenter mon essai. Il faut que tu saches qu'il s'agit d'une partie d'un travail commun. En effet, dans un des mes cours, nous devions analyser des films à partir de la thématique générale "Des amours, désamour". Avec mon groupe, nous avons choisi d'écrire un essai. Ce travail a deux particularités. En effet, nous travaillions sur une plateforme, qui s'appelle Miriadi, avec des étudiants provenant d'un peu partout dans le monde. Ainsi, tout ce travail permettait de nous rendre conscients d'une écriture collaborative dans un contexte d'intercompréhension. Si tu veux lire l'entièreté de notre essai, voici le lien : http://welovewords.com/documents/repenser-les-relations. Il est également sur ce site. Les langues concernées sont le français, l'espagnol et le portugais. Par ailleurs, ta présentation des différentes phases à l'amour est bien pensée. Effectivement, au début d'une relation de ce type, les deux amoureux mettent de côté volontairement leur liberté individuelle pour mieux connaître l'autre. Tout de même, je n'utiliserais pas le mot "perte" mais plutôt la locution "mise de côté" parce que finalement la liberté propre réapparaît, comme tu l'as souligné. Elle n'est pas perdue mais cachée, mise à part pour un temps. Je place ma réflexion au moment du "retour à la société commune des hommes". Les phases, dont tu as parlées, n'ont pas de mesure de temps effectives. Le temps accordé dans la "prison dorée" peut être une sorte de difficulté justement dans le processus de récupération de sa liberté. Toutefois, la personnalité du partenaire peut également être un obstacle comme je l'ai présenté dans mon essai.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Aurélie Maunichy

    • Pas de problème pour le retard et bon courage pour tes études et recherches !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Ohlala, je pensais t'avoir répondu ! Milles excuses ! Je te remercie Hervé :)

      · Il y a environ 6 ans ·
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      Aurélie Maunichy

    • Pas de problème ! /o))

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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