La lune et la dune

balneon

Au bord d'une rivière respirait une plume.
Elle rêvait sans peine, au destin je présume.
Les nuits se balançaient, elle attendait l'écume,
qui ne venait jamais, elle pleurait l'infortune.

Elle disait que l'écume soulèveraient les sanglots vers le ciel,
que l'océan montant viendrait pleurer sa belle,
que les coeurs endormis se réveilleraient un jour,
et puiseront dans cette eau leurs plus beaux chagrins d'amour?

La dune veillait pour éviter la prophétie.
Elle n'aimait pas la prose et toute la poésie.
Elle était le gardien de la logique et du temps,
surveillait ses frontières , l'air fier et pédant.

Mais la dune obstinée a surveiller l'horizon,
ne put que trop tard voir ce cher Cupidon
frapper de sa belle lame l'océan en son sein
et de la mer jaillit un reflet, un dessin.

La lune se pencha et embrassa les flots.
Elle laissa dans la mer un morceau de son dos.
La mer se retira, bercée par la lumière.
C'était donc ça l'amour, une douce prière.

Elle entendait encore un chant résonner,
celui de l'astre blanc qui allait s'envoler.
Peinée la mer brisa les lois de ses aînés
et pleura sa misère de n'être qu'eau salée.

L'eau devint limpide, claire, et la dune étonnée
se pencha doucement pour cette beauté contempler.
Ce fut son erreur car dans un effort bien vain
la mer se jeta vers son amour son destin.

La grande dune s'effaça sous le poids de l'océan.
La mer déchaînée déversait les larmes de son sang.
La rivière vit une vague remonter son flanc,
de mémoire de terre on n'en avait eu vent.

La mer était si fragile et si désespérée
qu'elle pouvait tout donner pour avoir un baiser.
La plume fut soulevée par une légère écume
et sur le sable restant écrivit le mot lune.

Un cœur se dessina sur le bord de la rivière
et la lune comblée devint rouge et sincère.
Depuis ce jour l'océan s'avance et se retire
sans cesse pour rappeler que son amour la déchire.

Eternel et incessant viendra le jour divin
où bravant la colère des dieux elle se jettera enfin
dans les bras de la lune accomplir son destin.
Ce jour la, la plume contera ce refrain :

Souviens toi de cette histoire ou s'est brisée la dune,
l'amour n'a de frontières que les nuits sans lunes.

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