La nécessaire transmission de la mémoire

fanny89

Porter aux écrans les combats de Nelson Mandela peut-il contribuer à lutter durablement contre la persistance d'un racisme, alimenté par le maintien de stéréotypes et préjugés trop souvent banalisés ?

Que peut-on espérer d’une société sans mémoire ? Déshérités de leurs souvenirs, les groupes peuvent-ils aspirer à un avenir meilleur ? A quoi peut-on s’attendre, lorsque les individus n’ont plus qu’une connaissance partielle de leurs histoires, de leurs interactions avec l’Autre ? Si nous ne pouvons prévoir, établir une relation de cause à effet systématique et pragmatique, nous pouvons néanmoins envisager la continuité de phénomènes pouvant affecter jusqu’à l’Humanité.

C’est en s’essayant à transmettre les images d’un passé soit disant révolu, portées par des personnages aussi emblématiques que symboliques, que l’on peut espérer discontinuer certains comportements, les déconstruire. Comment ne pas penser la profusion contemporaine de films consacrés à Nelson Mandela, comme une tentative artistiquement médiatisée de revitaliser les mémoires, de réveiller les inconscients, de ranimer les sens et les sentiments ? Lutter contre la persistance d’un racisme inlassablement alimenté par le maintien de stéréotypes et de préjugés trop souvent banalisés, nécessite une réflexion, mais également une approche émotionnelle du sujet. C’est l’empathie, profondément humaine, sensible au sein des films dédiés aux luttes de Nelson Mandela, qui participera de l’atténuation de tensions que l’on voudrait anéanties.

Penser le passé cristallisé et coupé de nos réalités contemporaines est une erreur. A l’annonce de la possible disparition de Nelson Mandela, les sociétés du monde entier se sont mises à frissonner. La perte d’une figure des luttes raciales du XXe siècle pourrait-elle faire craindre une proche amnésie générale, faire vaciller un équilibre déjà trop fragile ? A vos mémoires, à vos écrans !

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