La nuit bouge encore

boukinoli

Poète

La nuit bouge dans ton lit
Rafle tes couvertures
Te possède transi
Bouscule tes lectures
Démaille tes idées
Et  pique sur les murs
Ses papillons mités
Frôlant les sinécures.

La nuit pour toi porte cuirasse
Elle a du ventre à te cacher
Derrière un vieil écran d’ fumée.

La nuit et ses contrats fourchus
Paraphés de mercure
La nuit que tu engrosses
Et qui te veux toujours
Dans les bras si menus
De sa progéniture.

La nuit que les étoiles rémunèrent
Pour qu’il y ai des amants énamourés
Qui s’énumèrent les étoiles du lendemain.

La nuit gavant tout bas
Les bossus de sa cause
Qui te tournent le dos
Et toussent des paroles
Qui t’irritent la gorge
Et grattent le cahier
Ou les astres
Sans pudeur se baignent.

La nuit douce infirmière
Gite dans tes brancards
La nuit roulant toujours
Les phares aveuglants
La bouche en demi-teinte
Et l’énigme béante.

La nuit les flamants gris et les paupières roses
Ses affres aussi loin que les offres percluses
Ses pentes oscillantes à la clarté diffuse
Ses offres aussi près que les doigts du sommeil
Et le miel cyanuré de tes songes gluants.

Tes fou-rires fantômes chantent à l’unisson
L’intervention dernière et les rares prisons
Ou tu ne pressas pas l’orange de ta vie.

Larme à portée de l’œil
Ou tremper le biscuit
Des frugales rencontres
Rire à portée des dents
Pour happer goulument
Les pléthoriques causes.

Et sérieux devant
Et sérieux derrière
Tu gagnes les avants
Tu gagnes les arrières
Du piège bien tendu
De ses lèvres ratières

Nuit

J’ai pour tes holocaustes
Le chien chaud refroidi
Qui monte et s’assoupit
A ton septième comble.
Nuit pour t’arraisonner
J’ai du poivre de Cayenne
Comme bourre d’oreiller
Comme pénitencier.

Nuit pour tes salaisons
J’ai l’océan saumâtre
J’ai l’écume marâtre
J’ai le vent destructeur
Nuit pour tes conjonctures
Du miel dans mes souliers
Des semelles ardentes
Des songes harassés.

Nuits tes manufactures
Tes ouvriers logés
Dans mes vieilles blessures
Tu les as licenciés
Nuit tes métisses convolent
Avec les luminaires
Ceux que l’on voit danser
Libres et chicaneurs.

Poète

Les têtes rétrécies
Que tu massacres encore
Au fil de tes figures
Flambantes et furibondes
Les cuisses de ferrailles
Que tu désarticules
Avec tes lance-flammes
Les frugales amantes...

Les floralies augustes où sécateur en liesse
Tu tailles des bavettes et siffles des buvettes
D’une paille narquoise.
Et tu rixes et tu boxes tu t’esclaffes et tu claques
Les talons de tes bottes comme les talons de cheque
Des millions d’escapades sans provisions humaines.

Les luttes que tu engages
Au monde de Piété
Vont par monts et bagages
Rejoindre le passé
Tu ne reconnais plus
La consigne est trop lâche
La nourrice est trop sage
Son sein n’a plus d’étrave
La mort tu veux téter.

Poète

Le cidre de ses bras noueux
Et ses caresses tortueuses
Les chevrotants sentiers
Les cagneuses lumières
Les adipeux reflets
Les étiques bergères
Le passeur noir du gué
Le passeur très affable
L’artificier mauvais
L’artilleur en tenue
Squelettique accolade.

Mort sous titreuse soupirante
Mort soutireuse sous traitante
Mort tritureuse d’apparence

Essayez de me dire ce qu’il y a de plus tragique
Qu’un clown....
Essayez de me dire ce qui saoule plus
Qu’une stut....
Essayez de me dire ce qui rampe mieux
que l’amour...

Mort
Quant on a ton pédigrée et tes rangs
De soldats dans le sang
Que l’on caresse ta nuque suintante
Du gout des lèvres adorables de la vie

On veut te suivre et te périr.

Pourtant
je te chante et j’ai le cœur gai
De tes alunissements torrides
De tes ahurissements telluriens
De tes roulottes pétrifiées
De tes fétiches
De tes cagnottes.

Pour toi je n’ai que des secrets utiles
Que des triangles manifestes
Des cercles à n’en plus finir
Pour toi que des lotus funestes
Que le carré du mouchoir quotidien
Et pour la nuit des spagiries futiles
J’écrase les mégots crâneurs.

Poète
Tu périras d’une tumeur d’arc-en-ciel
Généralisée et l’on fermera ton nuage
Avec un toupillon d’azur.

On distribuera tes atomes comme des petits pains chauds

On réglera ta mécanique
Pour qu’elle discoure à temps perdu
Des parties nobles de ta vie
Et qu’elle présente en temps voulu

L’âme à la patte blanche

  • POUAAH ! C'est à dix mille ans des choses que j'aime lire -ou penser, mais là j'adhère ! Quelle voix !!
    J'avoue néanmoins un certain manque d'honnêteté dans ma lecture : je l'ai récité comme aurait pu le faire Ferret, et ai donc un peu fantasmé sur le texte. C'est que moi aussi, la nuit, je re-mue.

    · Il y a environ 13 ans ·
    N880520390 1528028 7227 orig

    vicon

  • Bonne nuit lousalome vos remarques me touchent beaucoup et je pense qu'au delà des mots nous nous comprenons...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Mateuse

    boukinoli

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