La Passion est une Rose Noire.
Aurore Dupin
Enfuit sous des tonnes de couvertures, il gémissait. Tout son corps le faisait souffrir le martyr, tellement qu'il ne pouvait ni ne voulait bouger. Il était replié sur lui même, tentant par tous les moyens de garder pour lui les larmes cristallines qui menaçaient de tomber de ses iris. Et aussi affamé et assoiffé soit-il, il ne faisait pas un geste. Roulé en boule, position fœtale, en chien de fusil, il regardait droit devant lui les fantômes de son passer danser sur son malheur. Il aimerait vivre et jouer, mais il continuait à subir ses erreurs. Il était condamné à rêver.
Dans son être remuait ses douleurs. Dans son sang, le feu courrait pour le punir d'être en vie. Dans ses muscles, les prémices d'un châtiment qui ne lui appartenait pas. Dans son esprit, le tambourinement incessant qui n'avait pour but que de le rendre fou et de le faire mourir. Car là était son but, ultime, immuable. Il devait mourir pour avoir vécu.
Alors la seule solution qu'il avait trouvé pour ne pas risquer sa peau était de rester caché de ses peurs sous un amas de draps sales. Ainsi, il pouvait subir les heurtes du temps sans jamais réellement en souffrir. Ainsi, il pouvait espérer vivre encore un peu, et ne pas mourir pour rien.
Dans les tremblements qui parcouraient son corps, il voulait croire à un sauveur, un prince charmant sur son cheval blanc qui viendrait le délivrer de sa malédiction. Dans les fièvres qu'il endurait, il croyait à un nouveau feu venu l'aider à combattre un passé qu'il n'a pas vécu. Dans les gémissements qu'il poussait, il faisait savoir qu'il ne durerait pas longtemps.