La Passion est une Rose Noire.
Aurore Dupin
Il n'arrivait plus à ouvrir la bouche, sa mâchoire était figé par le froid mordant qui venait d'envahir la colline. La tombe elle même, froide, sinistre, semblait en pâtir et rechercher de la chaleur auprès de l'arbre aux feuilles tombantes. Alors il grelottait en les observant. Il serrait ses bras tremblotant tout contre lui, sa légère veste en cuir ne lui procurant malheureusement aucune source de chaleur. Ses jambes, coincées dans un jean trop grand, étaient parcourues de chair de poule et, dans ses bottes trouées, ses orteils semblaient sur le point de disparaître.
Tandis que son regard était lui aussi paralysé par la morsure glaciale, il tentait de réunir ses pensées afin de réagir. Mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre. Attendre inlassablement dans la nuit marmoréenne. Attendre devant une stèle poussiéreuse recueillant en son sein un être inconnu. Attendre encore et toujours devant un arbre à l'écorce rendue rugueuse par la météo et les années.
Il espérait pouvoir réagir, faire ne serait-ce qu'un pas, mais il était totalement paralysé. Comme un enfant capricieux, son être suivait son absence de pensée et ne bougeait pas. Immobile dans la pénombre, silencieux et semblant inanimé, il voulait que quelque chose se passe pour le faire sortir de sa torpeur.
Et seul le vent répondait à son appel à l'aide muet. Soufflant plus fort, plus austère, plus malsain, il faisait s'envoler ses mèches de cheveux qui venaient alors brouiller sa vue. Il tentait alors de bouger ses bras, de mouvoir ses doigts afin de les dégager, mais il ne pouvait que subir l'assaut hivernal. Tremblant, les larmes aux yeux, les membres lourds, il sentait soudainement une main chaude passer dans ses cheveux et devant lui apparaissait un individu semblant fait de glace.