La Pensée

sylvenn

Noires Heures - Essais

Les mots créent des concepts. Ils font apparaître à notre esprit une image, comme n'importe quelle image qui se trouve devant nous et qui est retransmise par nos yeux. Ils lui font même visualiser les idées. Ils transportent ailleurs dans l'espace, dans le temps, et même dans les possibles.
Alors, en alignant certains mots d'une certaine façon, nous avons l'opportunité de donner vie - d'abord dans notre esprit, puis parfois dans la réalité – à ce qui n'est pas. Ainsi par la pensée l'Homme est le seul à pouvoir modifier la Nature à ce point. A première vue, notre pensée est donc clairement un outil des plus puissants pour aider l'Homme à survivre, vivre et même s'épanouir dans cette Nature.
Mais parce que toute existence tend vers l'équilibre, à aller trop loin dans l'application de sa pensée, l'Homme court ce risque : celui de briser l'équilibre si bien préservé par la Nature et par les autres formes de vie, ces dernières étant limitées dans leur impact sur la Nature justement parce qu'elles ne peuvent formuler de concept comme l'Homme le fait.
Ainsi le « trop penser » corrompt la Nature autour de l'Homme puisqu'elle détruit cet équilibre. Dès lors il est vital pour l'Homme mais aussi pour l'existence de limiter l'activité et donc l'impact de la pensée.
Pour aller plus loin, je dirais que tout naît de la Nature et qu'ainsi l'Homme est lui-même Nature ; alors de la même façon le trop plein de pensée corrompra l'intérieur de l'Homme autant que son environnement.
La pensée est l'outil de l'Homme comme la ruche est celui de l'abeille, comme la vision nocturne est celui du chat. Pour autant, l'abeille ne passe pas son temps à construire des ruches, et pour autant il ne fait pas toujours nuit. Ainsi les autres espèces préservent naturellement cet équilibre intérieur entre leurs sens et leurs outils. A l'Homme d'en faire autant pour savoir conserver sa juste place dans la Nature. Sans cela, il s'aliénera de lui-même comme il aliénera son environnement, jusqu'à détruire l'un autant que l'autre.
Parce qu'aujourd'hui nous avons déjà su trouver notre place sur Terre et que nous continuons pourtant de l'étendre, parce que nous avons su utiliser notre pensée et que nous continuons pourtant de l'exploiter, il est urgent, et prioritaire de rendre sa juste place à la simplicité, à l'efficience de nos autres sens, de notre ressenti, de notre instinct.

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