La pente douce

Non ! Je la vois venir et je n’aime pas ça.

Elle s’attaque à mon coeur et d’ores et déjà

Elle arrive en douce, ne présage rien de bon. 

Cette pente douce qui ne dit pas son nom.

Je la porte en moi. Même quand nous sommes nus

Car d’une vie à deux déjà je n’y crois plus.

Elle me tape dans le dos, traître copine,

Puis au plus mauvais moment, elle m’assassine.

Cette pente douce, cette effroyable amie

a le vilain défaut de rester tapie

et de m’attaquer en pleine solitude

pour mieux me ronger, comme une sale habitude. 

Même si j’ai toujours envie de remonter

Où trouvez la force et à quoi bon lutter ?

La fatale pente douce a sorti ses griffes.

Fin inéluctable, me sussurait Sisyphe,

Car la pente douce ne part pas en vacances.

Elle s’amuse et pour alourdir ma balance

Elle invite de vieilles copines à s’installer.

Et voici la routine qui vient d’arriver.

Dans mes pupilles ne brille plus la beauté.

Puis ma fougue secrètement s’en est allée. 

Tu as deviné ma profonde tristesse

Que ne peuvent plus cacher nos soirées d’ivresse.

Voilà qu’ils débarquent à présent, sans pitié :

Doute, rancoeur, jalousie, infidélités.

Ils se sont tous incrustés pour déjeuner

Bouffant mes dernières miettes de volonté.

La pente douce a gagné. C’est encore chaud.

Sans faire de bruit, sur la pointe des sabots, 

Les princes charmants lentement sont partis.

Nous étions des amants, voilà, c’est fini.