La porte du paradis

sandrine-p

D’un scandale parmi tant d’autres…
Y'a des soirs je trouvais que Dieu ça faisait mal,
J'en avais un peu peur, le trouvais un peu sale.
Alors dans mes prières je demandais pardon
De confondre l'enfer et la génuflexion.


Y'a des soirs je pensais, c'est pratique la soutane 
Pour se faire des secrets sur le dos des profanes.
Moi j'aurais voulu dire que j'étais pas d'accord 
Que quand même plaire à Dieu c'était beaucoup d'effort.


Y'a des soirs je pleurais, mes larmes tenaient les comptes
Du poids de l'innocence que multiplie la honte,
Des boisseaux de silence à porter tête haute
Éclairée si possible d'un sourire d'apôtre.


Y'a des soirs je priais de toute ma jeunesse 
Je promettais la foi, la prière et la messe
Jusqu'à mon dernier jour contre la délivrance
De ne plus être l'élu de cette étrange chance.


Y'a des soirs j'avalais ma rage de ne pas savoir
Simplement lui dire: non! je reste dans le dortoir.
Mais puisque c'était Dieu qui donnait sa tendresse
Il n'y avait qu'à suivre et aller à caresse.


Tous les soirs je tremblais comme une feuille encore vive
Guettant le courant d'air qui signait l'offensive, 
La porte du paradis qui s'ouvrait sans un bruit
Et cette odeur d'encens qui approchait mon lit.


Il y a encore des soirs où la nausée s'installe 
Au bord de mes souvenirs si cruellement banals.
Que Dieu existe ou pas ne change rien à l'affaire 
C'est toujours en son nom que l'on inflige l'enfer…
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