La première fois
papatangocharlie
Lorsque j'arrivais à Paris, venant de ma tranquille province, je n'avais que vingt-et-un ans. Je quittais pour la première fois le cocon familial pour me lancer plein d'espoir, mais non sans une certaine crainte, dans la vie d'adulte. Je venais de décrocher un emploi dans une grosse société américaine et ce fait à lui seul suffisait à ma satisfaction et me motivais plus que tout. Pourtant, l'appartement sordide dans lequel je m'installais dans une banlieue perdue au nord de la capitale et que je devais partager avec un jeune étudiant, aurait dû tempérer mon enthousiasme. Mais peu m'importait. J'étais enfin libre !
Si mon expérience professionnelle était encore toute relative à cette époque, sur le plan sentimental j'en étais encore au « bac à sable ». J'étais un jeune homme très timide qui avait été trop longtemps terrorisé par les filles. Je n'avais eu que quelques flirts plus ou moins chaotiques et ma plus longue relation n'avait sûrement pas dépassé les six mois. Pour être franc, lorsque je débarquais dans la capitale, je n'avais pas encore connu le plaisir de bander dans la douce et chaude main d'une femme. En deux mots, j'étais un authentique puceau !
Mais plus pour longtemps. Peu de temps après mon arrivée à Paris, je rencontrais celle qui allait me faire découvrir le sexe.
Nous l'appellerons Amandine. Je ne me souviens plus exactement comment je l'avais rencontrée, probablement dans un bal ou dans une boîte de nuit. Originaire de l'est de la France, elle habitait le XVe arrondissement et travaillait à Paris. Je ne me souviens plus non plus de son visage, mais elle était sûrement jolie, car je tombais très vite amoureux d'elle durant les trois mois que dura notre relation. Nous sortions très souvent le week-end ensemble, mais bientôt également certains soirs de semaine. C'était des soirées ciné-resto, ou seulement restaurant, qui se terminaient immanquablement de la même manière : je la reconduisais dans son quartier et, une fois la voiture garée près de chez elle, nous restions très longtemps à l'intérieur et dans l'obscurité, à nous embrasser et à nous faire des câlins. Nous apprécions tous les deux particulièrement ses moments d'intimité où nous nous aimions ainsi, à notre manière. Nous nous sentions bien ensemble, mais notre relation restait somme toute très chaste.
Pourtant, Amandine me plaisait tant que ma libido montait très vite lorsque j'étais près d'elle. Je ne me souviens plus si je bandais lorsque nous nous câlinions dans la voiture, mais c'est très probable. En tout cas, mon désir pour elle se fit de plus en plus prégnant et, assez rapidement, je commençais à évoquer mon désir d'aller plus loin avec elle :
- Quand passe-t-on une nuit ensemble, lui demandais-je de plus en plus souvent avec une mâle assurance ?
Invariablement, elle me répondait que c'était encore trop tôt. Si bien que je finis par penser que cette jolie petite avait encore peur du « loup » et qu'elle n'avait probablement aucune expérience. Grave erreur de ma part !
Mon comportement fut alors pour le moins stupide : le puceau que j'étais ne cessa de parler de coucher, tel l‘homme qui en avait déjà vu bien d'autres. Être encore vierge à mon âge, pour un homme, ce n'était pas très « normal » ! On venait tout juste de vivre la révolution sexuelle de soixante-huit, mais sur ce plan je n'avais pas vraiment été « révolutionnaire » et je n'en étais pas très fier. Aussi je tentais de dissimuler mon inexpérience derrière de crânes bravades. Au lieu de jouer à l'homme, j'aurais été plus inspiré de faire montre d'humilité !
Un soir en effet, alors que je faisais encore le mec aguerri qui a hâte de montrer sa virilité à une petite vierge effarouchée, Amandine me répondit à ma plus grande surprise :
- D'accord, je veux bien… Tu viens chez moi ?
Je me sentis tout à coup désarmé. Je me rendis compte que, malgré mes demandes stupidement réitérées, je n'étais pas vraiment prêt. La « petite » me prenait de court et j'en fus complètement déstabilisé. Dans l'amour, le meilleur moment dit-on est quand on monte l'escalier. Je ne suis pas sûr que ce fut le meilleur moment pour moi. Amandine me mettant brutalement devant le fait accompli, il allait falloir assurer, montrer que j'étais un mec, un vrai ! Je pris alors conscience de toute l'importance de l'événement : j'allais pour la première fois de ma vie coucher avec une fille, j'allais pour la première fois faire l'amour à une femme,… et cela me stressait déjà en montant l'escalier à ses côtés.
Et le monde est mal fait.
Je m'étais tellement enfoncé à vouloir passer pour ce que je n'étais pas auprès d'elle, qu'il m'aurait fallu, pour ne pas perdre la face, vivre ma première fois avec une fille aussi innocente que j'étais vierge. Mais la suite de la soirée allait me prouver qu'Amandine n'était pas une novice.
A peine étions nous enfermés dans l'intimité de son petit appartement, qu'elle commença à se déshabiller, sans plus de cérémonie, en femme qui sait où elle va. Tout penaud devant une telle assurance, je l'imitai timidement : le « mec qui en avait vu bien d'autres » rentrait dans sa coquille comme un petit enfant apeuré.
Une fois mon dernier sous-vêtement ôté, pour la première fois de ma vie je me retrouvais tout nu devant une fille, ce qui m'intimida plus que je ne l'aurais pensé. Probablement qu'Amandine eut à ce moment-là un regard sur ma virilité, espérant découvrir une belle verge en érection. Mais il est non moins probable que, l'émotion produisant un effet bloquant sur mon désir, elle ne vit qu'un pauvre membre pendant lamentablement.
Une fois nue, elle se glissa le plus naturellement du monde sous les draps et attendit que l'homme, qui lui avait si souvent parlé de coucher, la rejoignit enfin ! En un mot, elle attendait son baiseur !
Mais le baiseur, lui, soudain envahit de mille doutes, n'assumait plus du tout !
« D'abord on se croit / Plus fort que le loup », chantait Serge Lama.
J'avais en effet surestimé mes capacités, persuadé que le désir à lui seul suffirait à mon érection, mais il n'en fut rien ! Finalement, ce fut avec une toute petite bite que je la rejoignis sous les draps !
« Puis les bras en croix / On ne tient plus debout »
J'entrepris d'abord de lui caresser les seins, une partie de son corps que je connaissais déjà assez bien pour avoir déjà glissé ma main dans son décolleté. A vrai dire, je ne savais pas vraiment par où commencer et je ne prenais donc aucune initiative. Le « loup » devint tout à coup doux comme un agneau !
Rapidement, mes caresses sur ses seins ne suffirent pas à combler la demoiselle, qui était déjà chaude comme la braise. Nous n'étions au lit que depuis quelques minutes quand elle me chuchota :
- Mets tes doigts !
Panique ! Je n'avais encore jamais touché un sexe de femme ! Qu'attendait-elle de moi exactement ? Où donc voulait-elle que je mette mes doigts ? J'en avais bien une petite idée, mais je ne l'avais jamais fait.
Et puis je n'aurais jamais pensé que cette fille, qui m'avait parue jusqu'alors si pudique, qui avait toujours retenu ma main lorsqu'elle avançait un peu trop sous sa jupe, put avoir tout à coup l'envie quasi obscène d'être touchée par un mec. Et avec quelle crudité avait-elle exprimé ce désir : « Mets tes doigts ! »
Ah, si une femme me demandait ça aujourd'hui ! Je saurais quoi faire ! D'ailleurs, elle n'aurait même pas eu le temps de me le demander que mes doigts seraient déjà enfoncés dans son intimité. Mais le pauvre idiot que j'étais alors ne sut que faire. A tâtons sous les draps, dans l'obscurité de la chambre, je cherchais le sexe de la belle Amandine et, à tout hasard, commençai par caresser sa pilosité. Quelle honte je ressentis lorsqu'elle me prit le poignet pour me poser la main sur ses lèvres intimes. Pauvre idiot !
« Ne t'en fais pas / Non, ne t'en fais pas / C'est toujours comme ça la première fois »
A cet instant, je fus sûrement rouge comme une pivoine, mais heureusement, dans le noir, ça ne se voyait pas.
Nos caresses mutuelles raffermirent néanmoins peu à peu ma verge et je tentai une première fois de me positionner au-dessus de ma malheureuse amante dans le but de la pénétrer. J'avais beau être inexpérimenté, je savais tout de même à peu près comment faire l'amour à une fille. Mais non seulement je m'y prenais comme un manche (si l'expression est permise en la circonstance), mais mon érection s'avéra insuffisante. Découragé par mon impuissance, je m'affalai aux côtés d'Amandine rempli de honte. A cet instant, j'aurais voulu disparaître dans un trou de souris. La fébrilité et l'émotion achevèrent de me faire débander.
- Mais qu'est-ce que tu as fait avant de venir, me fit-elle insidieusement et certainement très contrariée par mon incapacité à lui donner le moindre plaisir ?
A ces mots, la honte me reprit. Non, je n'avais rien fait avant. Je n'avais pas vu d'autres femmes et je ne m'étais pas même branlé ! Mais pourtant, terrassé par l'émotion, je n'arrivais pas à bander !
Amandine vint alors à mon secours. Elle empoigna mon membre viril (si l'on peut dire) et le masturba avec une dextérité qui m'étonna. La belle n'en était visiblement pas à sa première branlette ! Elle parvint ainsi à redonner de la vigueur à ma verge, mais une nouvelle tentative de la pénétrer se solda par un nouvel échec.
Découragée, elle se retourna et me souhaita une bonne nuit… Point final ! Fin des hostilités !
Honte à moi, le baiseur qui était incapable de faire l'amour à une jolie femme. Je l'avais pourtant tant désirée. C'est peu de dire que je ne fus pas fier à ce moment.
« Et tout là haut / Tout comme un drapeau / Flottaient ta chemise, ta jupe et tes bas »
Pour nous c'était plutôt drapeau en berne et sonnerie aux morts !
Mais je n'avais pas l'intention d'en rester là.
Il est probable que, torturé par l'humiliation devant mon impuissance à satisfaire cette fille, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Elle non plus, à n'en pas douter. Si elle avait attiré un homme dans son lit ce soir-là, ce n'était sûrement pas pour compter les moutons. Peut-être me masturba-t-elle de nouveau, ou peut-être me masturbais-je moi même pour me redonner vigueur, toujours est-il que l'un et l'autre n'avions pas l'intention de rester sur cet échec. Vers le milieu de la nuit je me sentis prêt. Mon érection fut enfin à la hauteur de mes ambitions et je parvins cette fois à la pénétrer. Nous eûmes une relation sexuelle complète, presque normale et qui se termina pour moi par un orgasme certainement trop précoce pour qu'Amandine ait eu le temps d'y prendre du plaisir. Elle pensait avoir accueilli dans son lit un amant rompu aux choses de l'amour, elle ne se retrouvait qu'avec un puceau quasi impuissant ! Pauvre Amandine !
Enfin, après cette « virile performance », je pus m'endormir, bon an mal an satisfait d'avoir réussi à honorer la fille que je convoitais depuis si longtemps. Le lendemain matin, pour la première fois de ma vie, j'avais le bonheur de m'éveiller aux côtés d'une femme. Mais il n'était plus temps de rêver, malgré la nuit presque blanche que nous venions de vivre, il fallait nous préparer pour aller au travail.
Bien sûr, je n'avais pas anticipé de découcher et j'étais venu les mains dans les poches, sans même une brosse à dent. Amandine me prêta donc quelques ustensiles de toilette. Elle avait même un rasoir ! Une femme décidément très prévoyante !
Dans la journée qui suivit, je baignais dans un océan de bien être. Malgré mes piètres performances nocturnes, j'étais si heureux d'avoir fait l'amour à une femme que j'étais habité du curieux sentiment d'être enfin devenu un homme comme les autres. Je faisais désormais partie d'une communauté, celle des gens qui vivent en couple, qui font l'amour et qui jouissent de la vie. Et ça, c'était vraiment nouveau pour moi.
Le jour même ou le lendemain j'appelai Amandine à son bureau (on n'avait pas de portable à cette époque) afin de prendre de ses nouvelles et surtout de fixer un nouveau rendez-vous, tout heureux à l'idée de passer une nouvelle nuit avec elle. Je me sentais prêt. Cette fois je serai à la hauteur !
Quelle ne fut pas ma déception lorsqu'elle m'apprit qu'elle ne souhaitait plus me voir. Je fus atterré ! Ce fut comme si on m'avait donné un grand coup de poing dans le ventre. Ça m'a fait très mal. Le sol se déroba sous mes pieds et tout s'écroula autour de moi, ne laissant qu'un grand vide. Je ne verrai plus mon Amandine !
Tout cela était de ma faute ! J'avais été si stupide à vouloir jouer à l'homme avec elle. « L'expérience s'achète chèrement, mais c'est la seule école qui puisse instruire les sots » (vieux proverbe rural). Cela me servirait de leçon !
Il me fallu des mois pour me remettre de cette malheureuse expérience. Une longue période durant laquelle mon encéphalogramme sentimental resta quasiment plat.
Mais quelques temps après, j'eus le bonheur de rencontrer une jolie jeune femme dont les yeux noirs me firent vite chavirer d'amour. Je ne fus pas long à comprendre que c'était elle que je cherchais. Que de bonheur avec elle ! Entre nous, ce fut l'entente sexuelle quasi parfaite. Je ne saurais dire combien de fois mes doigts ont exploré son intimité, ni combien de fois elle enroba ma verge en érection de sa délicate main féminine, ni combien d'orgasmes nous eûmes, mais toujours est-il qu'avec elle je ne connus jamais la moindre défaillance.
« Ne t'en fais pas / Non, ne t'en fais pas / C'est toujours comme ça la première fois »