La relance en crise

Robert Drabowicz

La crise… ce monstre qui  fascine, agace, désespère et inquiète. Peut-on encore parler de crise alors qu’elle dure et se pérennise au sens où elle ne s’évacue pas vraiment ? Dans une entreprise consciente et responsable, cela porte un autre nom : « nouvelle donne économique ».

Les origines majeures en sont connues, du moins le croit-on, car on l’a fait croire ainsi aux naïfs, larges publics que l’on matraque d’explications et d’analyses, de chiffres indigestes. Ceci, tant et  si bien, qu’on finit par se demander qui comprend vraiment quelque chose là-dedans. En attendant, les temps sont tristes pour le plus grand nombre, un peu moins pour le nombre du milieu et pas du tout -comme d'habitude - pour le plus petit nombre. Certes, des spéculations hasardeuses, des placements mal inspirés, des systèmes financiers aberrants ainsi que tout un ensemble de ce que l’on pourrait qualifier de dysfonctionnement ont fait que l’équilibre mondial de l’économie et de la finance s’est retrouvé brutalement au bord du gouffre.

Aujourd’hui, le mot relance économique reste sur toutes les lèvres. D’aucuns guettent le moindre signe, le moindre indice qui permettront d’annoncer avec force et conviction une prochaine sortie de tunnel. Pour l’instant, les cocoricos poussés par ceux qui prétendent savoir et avoir vu se sont tous transformés en couacs. Nous restons bel et bien dans le tunnel. C’est à se demander si tous ces économistes, financiers de tout poil et politiques de tous bords sont conscients que la relance passe par la consommation… pas n’importe laquelle : la grande consommation ; celle des ménages. Or, pour consommer, il faut avoir de l’argent à dépenser. Cet argent ne peut être disponible qu’en étant, d’une part, gagné en suffisance par le travail -donc l’emploi- et, d’autre part, libéré par l’épargne, du fait de taux rémunérateurs très bas, incitatifs à son utilisation. Au lieu d’enrichir le monde du travail pour servir autant l’économie que le confort de tout un chacun, des inconscients politiques ont imaginé réduire le temps de travail en le faisant passer de 39h à 35h. Quelle utopie ! faire croire qu’il est possible de continuer à gagner autant en travaillant moins ! Bien sûr, ce projet onirique misait sur une création compensatrice d’emplois. Ces doux rêveurs n’ont pas pris en compte le fait que le monde du travail est un monde organisé, notamment dans un cadre horaire. Ainsi, une journée de vie est de 24h, généralement répartie en trois tiers : un pour le travail, un pour ses activités personnelles et le dernier pour dormir. Imposer les 35h aux entreprises allait forcément revenir à les désorganiser d’une part, mais aussi à les obliger à repenser entièrement les horaires de travail. Ceux-ci ont été tellement bien repensés que le nouveau cadre horaire légal de travail n’a quasiment généré aucun emploi de compensation. Par contre, et avec l’effet du temps, cela a appauvri les salaires… De fait, tous les emplois à venir ont été alignés sur les 35h, mais avec une rémunération en rapport ! Il suffit de regarder d’un peu plus près tous ces emplois ne nécessitant pas une grande qualification. Que gagnent-ils donc ? entre 1300€ et 1500€ par mois… allez donc vivre avec ça ! et, plus encore, allez « consommer » avec ça ! Les autres, «  le plus petit nombre » continue d’analyser, de cogiter, de refaire le monde, et bien sur de faire du super profit au détriment du plus grand nombre (quand ils ne partent pas se décentraliser à l’étranger)…

Mais au fait, qui peut croire un seul instant que la relance de la consommation puisse se faire et se suffire avec ce « plus petit monde » ?

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