La rue de Turenne Ch 6

Bernard Delzons

Visites matinales

Visites matinales :

 

Édouard devait être endormi depuis deux heures, quand il se réveilla avec la sensation qu'on l'avait touché. Sans doute, Camille, mais celui-ci dormait profondément à ses côtés. Il tendit la main et rencontra une touffe de poils soyeux. Il s'assit, et réalisa que ça ne pouvait être qu'un chat. Il avança à nouveau sa main et il sentit la tête se redresser pour se faire caresser. Après quelques gratouilles, il se leva pour aller aux toilettes et là, à la lueur des réverbères de la rue, il reconnut Milou qui l'avait suivi. Il alla dans la cuisine lui prépara un petit bol de lait et s'adressa à elle avant de se recoucher : “ ça va pour cette fois, mais il ne faudra pas que ça devienne une habitude.” Quand il se réveilla le matin, il vit que la chatte était confortablement installée entre Camille et lui. 

 

Ils étaient en train de déjeuner quand on sonna à la porte. Édouard demanda à Camille de rester en retrait, et il alla ouvrir en peignoir de bain. C'était James :

-       Bonjour Édouard.

-       Salut.

-       Bien dormi, ton champagne était excellent, je n'ai pas eu mal à la tête, c'est un bon critère. Je voulais parler à Camille.

-       … ?

-       J'ai eu beaucoup de plaisir à le revoir.

-       Vous vous connaissiez ?

-       J'aime beaucoup sa peinture… je l'ai rencontré à une de ses expositions.

-       Il ne m'avait rien dit.

-       Ça ne m'étonne pas, il est presque aussi cachotier que toi. Vous allez bien ensemble.

Édouard devint rouge écarlate. James se mit à rire, puis ajouta.

-       Il a essayé de me draguer, mais, moi, les mecs ce n'est pas mon truc, Tu as vu Pari, elle est super.

-       C'était quand ?

-       La semaine dernière.

Devant la mine déconfite du garçon, il reprit :

-       Mais non c'était il y a plus de deux ans, il ne te connaissait pas encore.

-       Et pour moi, comment tu as su ?

-       Il suffit de suivre tes yeux quand tu le regardes.

Camille les rejoignit.

-       Salut James.

-       Salut beau gosse. Tu vas devoir t'expliquer avec Édouard, j'ai gaffé. Je voulais juste savoir où avait lieu ta nouvelle exposition.

-       125 rue Saint Honoré.

-       C'est super ! il faut que je me sauve J'ai un avion à Orly pour Lisbonne. Salut les hommes.

Édouard l'interpella avant qu'il ne sorte.

-       Vous en avez parlé avec les filles ?

-       Pas le temps, à bientôt.

Lorsqu'ils se firent pour se dire au-revoir, Édouard se surprit à trouver une certaine ressemblance entre les deux garçons qu'il se garda bien de partager. Ce n'était pas physique, ils étaient très différents ; dans leur façon d'être, peut-être…

James parti, Édouard voulut demander des explications. Camille s'avança vers lui, le prit dans ses bras et l'embrassa tendrement. Édouard regarda sa montre, il était tôt ; ils avaient le temps pour un câlin. Il l'entraina vers la chambre. Mais Milou était toujours sur le lit. Ils la firent sortir…

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