La Señorita De Soto
Marie Gufflet
La Señorita De Soto
« La Señorita De Soto un jour s'en va.
À son cou, un petit foulard fuchsia,
Dans ses cheveux une rose à peine éclose.
Du rouge à ses lèvres, elle ose.
Fière est-elle dans sa robe en taffetas
Dont l'on aperçoit le froufrou délicat.
Les cils habillés d'un mascara noir profond
Le regard souligné d'un précis trait de crayon
La belle se prépare à séduire son aimé.
Dans une brume légère, elle s'est parfumée
D'un bouquet de fleurs et de senteurs orientales.
Elle exhale la rose de mai, la vanille, le jasmin
La fleur d'oranger, la pêche et le santal,
Comme mon jardin l'été, au petit matin.
Jamais son désir ne se satisfait ni se repose.
Telle une goutte d'eau sur un bouton de rose
Brièvement, sur son cœur il se pose.
De l'opéra, elle s'éprend avec passion.
Elle aime ses musiques émouvantes et ses vendettas
Ses acteurs faisant leur mea culpa
Avant de découvrir un autre objet d'adoration.
Secrètement, elle aspire à l'amour
Qu'autrefois on lui contait le jour.
Il n'est guère difficile pour cet homme habile
De bercer la señorita de poésies futiles.
Elle abandonne son cœur aux mains du bourreau
Qui use de son charme et de son sourire mystérieux.
Ce sentiment inespéré lui est si nouveau
Qu'elle ne sait discerner ses desseins ténébreux.
Ses yeux grands ouverts semblent pourtant clos.
Comme un papillon pris au piège de la lumière artificielle
Attirée par la promesse d'un amour éternel
La señorita hélas ! s'est brûlé les ailes.
Marchant seule sur une route abandonnée
Les cheveux ébouriffés, la rose piétinée
La señorita rentre chez elle désappointée
Le cœur brisé et l'âme égarée. »
Tiré de GUFFLET, Marie. « Une vie pour aimer. » Editions du 20 Décembre, 2013-02-22. iBooks.
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