la snipeuse d'Avenue de Clichy

Cécile Johanet

Elle porte un anorak qui l’enveloppe.

Ses jambes frêles font valser un pagne aux couleurs de là-bas. Jaune, rouge, vert. Pagne d’origine, ça se voit. Ses talons claquent dans des tapettes qui n’ont plus de couleurs.

Sa tête ronde et sombre aux cheveux courts et crépus trône au-dessus de son anorak.

Elle marche énergiquement Avenue de Clichy, une kalachnikov en plastique au bout du bras. Canon en l’air, crosse sur la hanche. Le regard inquisiteur, décidé, son jouet en plastique est dérisoire mais le symbole est mis en scène. Que pense-t-elle ? Qui est-elle ?

Quelle différence entre ce bout de plastique et le métal froid et dur de l’arme sans âge, plébiscitée mondialement.

Elle marche décidée, les yeux sur le qui-vive, angle de vue à 180°. Elle s’arrête, épaule et englobe du canon son horizon, elle balaie de son arme son paysage…

Sniper insensible, elle joue…

Elle joue à la guerre, à la guerre des enfants comme l’enfant soldat joue à la guerre des adultes…

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