La solitude, c'est pire que la drogue

Malou

2012

Ça grimpe, ça bouffe, et je me retrouve à moitié nue expirant des bouffés d'air enneigées à ma fenêtre l'air hagard. Pieds nus. Tout contact devient un son, Chaque son devient une expérience, une sensation. J'invente des couleurs, je me demande ce que je fous là. 

La solitude c'est pire que la drogue. 

Je déambule dans un espace restreint avec trop de motivation pour rester en place mais pas assez pour faire quelque chose de constructif. Je dors un peu. Je respire beaucoup. Je rêve. J'écoute des vieux Tango. Des voix sombres et mélancoliques, éraillées et passionnées. Puis c'est au tour de ce bon vieux Jim. Avec lui je suis dans le désert à la recherche d'un chaman. Mon cœur bat plus fort et je sais qu'il était beau parce qu'il était cinglé. Les gens sont bizarres.  

La solitude c'est pire que la drogue. 

Je vois tout sans rien regarder vraiment. J'essaie de penser, de réfléchir, de faire le point. De penser à mon bien, mon mal, à demain. Mais je n'y arrive pas. Rien ne paraît avoir de l'importance. Seule persiste une vague lucidité. Je suis vivante. Je n'ai pas faim, je n'ai pas soif, je n'ai pas sommeil.  Ma bouche est pâteuse. Le tabac froid. Ma frange tape mes cils et j'ai envie de fuir en éclatant de rire. Et courir ! Je frissonne, je transpire. 

La solitude c'est pire que la drogue. 

Le violon est beau. Ils parlent tous d'amour. Mais je préfère ne pas penser à l'amour. Ou alors je n'y arrive pas. Mon amour est incohérent.  Les gens sont normaux, sains. Ou peut-être qu'ils ne sont pas seuls. Peut-être qu'ils sont réellement défoncés. Ils tripent et ils savent pourquoi. Ils l'ont recherché. Et puis ils se disent que ça ira mieux demain. Moi je vois bien qu'on est une génération agonisante. Qu'on aurait besoin d'une bonne révolution. On a tous la flamme, mais on est tous abrutis. Trop abrutis par les soirées de débauches qui s'enchaînent, l'idée d'essayer de faire quelque chose de bien de sa vie et l'écran de notre ordinateur. Ah ouais ça ça nous calme. On se dit que ce n'est pas si grave. Heureusement qu'on sait encore baiser. Et pourtant le mal être est là. Génération du sida, des sms, des réseaux sociaux, de la crise en Europe, génération sans guerre et sans cause. Génération fadasse.  C'est pas vraiment les causes qui manquent en fait. On ne sait pas se battre. On ne sait plus créer le rock n roll. On ne sait plus écrire sur les murs. Pour de vrai. Tous ensembles. On est des merdeux qui prétendent savoir ce qu'est l'art. On agonise les enfants. ET on n'en a rien à foutre. Il nous faudrait un court-circuit, un sacré coup de défibrillateur. Mais moi aussi je m'en fou après tout. Moi aussi j'ai trop bu hier, et je suis encore en pijama. 

La solitude, c'est pire que la drogue.

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