La souple courbure de la suinte
nacas
Le lent battement du fluide immobile, froid, contre le suant cœur soufré de la petite soufflerie qui se meut à l'extrême ralenti autour de moi… Je perçois le contact rugueux d'un corps chaud, contre mon buste, le long de ma voûte plantaire ; à la naissance de mes cuisses. Mes cuisses écartées comme deux cisailles croquant l'ourson en peluche sur lequel je me repose comme sur un oreiller, que j'agrippe comme une amarre incertaine… Une amarre aux mondes fluctueux des rêves, dans laquelle se vautre le veule désir de s'y glisser ; contre laquelle s'échoue le vain espoir de s'y mêler à nouveau… Avec ce venimeux sentiment qu'il suffirait de plaquer ma texture contre les leurs pour pouvoir les pénétrer… Mes yeux restent clos, collés, privés de nerfs, repus de lumière dans leur moiteur bouffante…
Mon ours énorme ; sur lequel je m'applique, avec la jouissance impie qui m'envahit par bouffées d'exhalaisons capiteusement viciées, mes sens fermés par la mélasse, mon buste turgescent de décharges de sensations… On dit qu'il a été plus grand que moi, cet ours, on dit qu'il m'a regardé grandir, de ses yeux rouge sang… qui me rassuraient, de leur terreur dévorante si proche qu'elle m'acceptait, m'incorporait dans la toile de son aile duveteuse ; qu'il me sent grandir…
Me transmue de poisse.
Volupté.
Mes lèvres s'ouvrent sur le coton tissé de la couverture impératrice, omniprésente. Les poils épais embrasent ma gorge humide ainsi décharnée, du soyeux piquant de leur multitude synthétique… Un ongle de plume effleure mon palais ; dans une blancheur glaciale.
Ma langue s'appose discrètement à son lit de salive incarnadine, gerbant un éclat d'azur bleuté, marbré comme une étincelle spectrale, qui traverse le corps flasque qui me plonge comme la fraîche odeur douce qui se dépose entre mes cils imprégnés pour s'insinuer dans la chaleur du sang qui me fouette autour de moi…