La succube sur le trottoir

biolene

Laissez le froid humide vous pénétrer, le cou engoncé dans un manteau lourd; les passants indifférents aux autres tracent leur chemin dans leur bulle... et puis, la voici Elle... le voici Lui...

Il connait l’abime depuis qu’il a croisé ses yeux gris sur ce trottoir déprimant.

Elle s’est arrêtée face à lui: «J’ai froid...» 

Un souffle à peine plus audible qu’un bruissement de soie dans la tempête mais qui sonne tel un coup de fusil. Comment lâcher ce regard perdu sous la pluie crépusculaire sans lui réchauffer le corps et l’âme? 

Il sourit. La foule s’écoule autour d’eux. Ils restent face à face une fraction de seconde, puis il rétrécit l’espace entre eux d’un pas... vers l’ombre frêle.

«Ta peau... pour me brûler...». En basculant la tête, son cou porcelaineux se dévoile...

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