La vague
My Martin
L'océan
Les algues verticales s'élèvent, du sol rocheux à la surface, qui se brouille sous les déferlantes
Forêt de varech ou goémon (kelp forest), souples piliers. Nuages de poissons
Des oursins, des centaines, des milliers d'oursins violets avancent en tapis mauve, à l'abri de leurs dards. Leurs pieds ont des ventouses, les oursins progressent, quelle que soit la pente. Leurs dents rongent la pierre
Ils s'orientent. Leurs fines antennes mobiles portent des cellules yeux, sensibles à la lumière
Les oursins forment une gaine sombre qui enserre la base des algues. Leurs trois dents triangulaires rongent la chair verte des plantes. Elles meurent, sectionnées. Le désert s'étend
Une sorte d'écrevisse. Elle soulève l'oursin avec ses pinces, le tient au-dessus d'elle en casque hérissé. Elle se déplace ainsi, à l'abri des prédateurs
Protégées, les loutres sont revenues, se sont multipliées. Elles plongent sans cesse, prélèvent les oursins. En surface, elles font la planche, les oursins en attente sur le ventre. Elles cassent les coquilles avec leurs dents aiguës et se délectent de la chair rouge
Les loutres. La population des oursins est contrôlée. Les forêts d'algues. La vie, le fragile équilibre est rétabli
Les loups pêcheurs vivent sur le rivage. Ils dévorent les jeunes phoques à l'écart
En mer, les loutres sont inaccessibles
Une loutre est fatiguée. Elle grimpe sur un îlot rocheux
Le loup l'observe. Il nage, contourne l'îlot de loin. Il approche par derrière, sous le vent. Il se tapit
La loutre est sur le versant ensoleillé. Elle roule sur le dos, présente son ventre au soleil. Elle ferme les yeux, somnole
Le loup s'abat sur elle, plante ses crocs dans la gorge offerte. Les cartilages, les os craquent. La loutre ouvre la gueule, cri étranglé. Elle ne spasme plus. Le corps chaud se relâche
Le loup emporte sa proie
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Pacifique Nord. Eaux côtières, de la Basse-Californie à l'Alaska. Récifs rocheux, de Russie et du Japon
Chassées pour leur fourrure, les loutres de mer disparaissent du Pacifique Nord. Or elles aident les écosystèmes à capter, à capturer le carbone de l'atmosphère
Les loutres de mer protègent le varech -algues vertes, brunes et rouges. En présence de loutres de mer, le varech prospère. En leur absence, les forêts de varech deviennent des déserts sous-marins
Dotées d'un appétit vorace, les loutres de mer mangent les oursins violets -Strongylocentratus purpuratus- qui mangent le varech
Université d'Alaska Sud-Est, Juneau. Heidi Pearson, biologiste marine. Pour la stabilité de l'écosystème, les loutres de mer sont une espèce clé de voûte
Dans ces zones maritimes, les escargots et les limaces nettoient les algues, ce qui favorise leur croissance. Ces animaux sont mangés par les crabes. Les loutres mangent les crabes
Toutefois les loutres opèrent des prélèvements sur la faune marine (poissons, coquillages), ce qui impacte la pêche commerciale et provoque l'hostilité des professionnels
C.E.B.C. Chizé (Deux-Sèvres), Centre d'Études Biologiques (CNRS-La Rochelle université). David Grémillet, directeur de recherche
Au XIXe siècle, les Européens colonisent la côte de l'Alaska. Le commerce des peaux de loutres de mer se développe, les loutres disparaissent de la région
En l'absence des loutres, les oursins dont elles se nourrissent, prolifèrent. Ils broutent les laminaires, ces algues brunes qui bordent les côtes du Pacifique Nord et atteignent des dizaines de mètres de long. Feuilles en forme de longs rubans aplatis. Les forêts de laminaires disparaissent. Face aux prédateurs, les poissons sont sans abris. Vagues de l'océan, côte nue
L'extermination d'une espèce a un impact massif sur le paysage marin
Fin des années 1960, littoral du Pacifique Nord. Pour rétablir l'équilibre, les loutres de mer sont réintroduites
Elles plongent à la pêche aux oursins. Les forêts de laminaires, moins broutées, récupèrent
Les loutres adorent les coquillages. Elles les rapportent à la surface, flottent sur le dos et avec des cailloux, cassent les coquillages sur leur ventre
Puis elles se toilettent énergiquement, en compagnie de leurs jeunes
États-Unis, Alaska. Archipel Alexandre, groupe d'îles situé le long de la côte du Sud-Est de l'Alaska. A proximité du village de Sitka -île Baranof. Les peuples premiers vivent de la pêche aux coquillages. Les loutres sont des concurrentes. Ils ont des licences de chasse et réduisent fortement les populations de loutres
Santa Cruz, UCSC Université de Californie. Les chercheurs étudient la cohabitation entre pêcheurs et loutres
Près de Sitka -ainsi qu'à Torch Bay, une zone inhabitée du sud de l'Alaska- pendant trois décennies, les chercheurs étudient les relations entre les loutres, les oursins et les laminaires
Ils retracent l'histoire de la cascade écologique liée aux loutres : avec elles, les forêts de laminaires se développent ou dépérissent
Les chercheurs identifient une mosaïque de micro-habitats côtiers, territoires restreints pour les loutres. Les femelles passent leur existence dans un rayon de 10 à 25 km. Les animaux évitent les zones fréquentées par leurs prédateurs -les orques, les requins blancs
En Alaska, un équilibre écologique est possible. Les communautés locales n'ont pas à choisir entre loutres et coquillages, entre écotourisme et pêcheries
Nord-ouest du Pacifique. Jadis selon les fouilles archéologiques, les ethnies accédaient à des zones distinctes, où coquillages et loutres de mer étaient abondants
Canada, extrémité nord-ouest. Colombie-Britannique
Falaises au bord du Pacifique. Forêt du Grand Ours, forêt de la Côte centrale et du Nord
Phoques, loutres de mer, pygargues à tête blanche
Population de loups pêcheurs
Vivant au rythme des marées, les loups pêcheurs se nourrissent de mammifères aquatiques
Ces loups gris (Canis lupus) délaissent pour des poissons et des crustacés, leurs proies habituelles -cervidés
Gras et abondant, le saumon fait partie de leur régime alimentaire
A la fin de l'été, les loups pêchent les saumons venus frayer dans les fjords
Les loups saisissent leur proie avec la patte. Ils ne s'intéressent qu'à la tête du poisson. Le loup évite d'ingérer un parasite mortel pour lui, le ténia, qu'héberge souvent le saumon
Les poissons gras sont une aubaine pour les grizzlies, qui avant d'affronter l'hiver, grossissent de 200 kg. Les ours capturent les saumons avec la gueule. L'ours déchire le poisson et dévore les viscères. Il ne se soucie pas du ténia, le parasite meurt lorsque l'ours hiberne (en réalité, léthargie. Voire activité tout l'hiver)
Colombie-Britannique, Université de Victoria. Chris Darimont, chercheur. Le loup des rivages canadiens pêche lorsque ses proies habituelles – les cerfs – se raréfient ? Non vérifié. En eau peu profonde, la pêche du saumon est sans risque. Le poisson fournit un meilleur apport nutritionnel. La chasse au cerf est dangereuse, voire mortelle
Nulle part ailleurs les loups n'ont évolué ainsi, au contact des poissons. La Colombie-Britannique abrite le saumon royal, le chinook (mot d'une langue autochtone d'Amérique du Nord), le plus gros, le plus gras des saumons
Guillaume Mazille, photographe animalier, Français. Ces loups ne ressemblent plus aux spécimens des forêts. Ils se sont adaptés à leur changement de nourriture
Leur taille est plus réduite, le nombre d'individus par meute a diminué de moitié -ils n'ont plus besoin de chasser le gros gibier en meute. Leur poil a pris des teintes rousses. Ils se fondent par rapport à la vase, aux rochers des cours d'eau
A l'origine ronde, la section de leur poil se rapproche de celle -plate- des mammifères marins
Les loups vont poursuivre leur évolution. Plus tard, ils deviendront des pinnipèdes, mammifères semi-aquatiques aux pattes en forme de nageoires -otaries, phoques, morses
Des loups vivent sur des îles éloignées des côtes de dix, voire quarante kilomètres
Ont-ils nagé jusque-là, sur de longues distances, dans l'eau glacée ?
Sur ces îles, pas de cerfs : les canidés mangent des oies, des crabes, des moules. Pour trouver leur nourriture exclusivement marine, les loups passent l'essentiel de leur temps dans l'eau
Certains scientifiques envisagent de les classer parmi les mammifères marins, tels les ours blancs
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Le requin pèlerin. Il émerge de la nuit, ses contours se précisent. Sa nageoire caudale le propulse, oscille de droite à gauche
Trouble nuage de plancton. Le requin s'arrête, ouvre en tunnel sa gueule plate. Ses fentes branchiales s'ouvrent, faseyent en voiles. Il crée une gerbe de courants vers lui, aspire le nuage palpitant. Le requin est vertical, occupé à son repas. Devant lui, l'eau s'éclaircit, scintille au soleil
La nageoire reprend son mouvement de balancier. Le requin pèlerin s'éloigne dans l'immensité liquide
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Dimanche 21 mars 2021. 14 heures. Quatre pêcheurs amateurs morbihannais s'apprêtent à rentrer au port de Larmor-Baden
L'aileron du requin s'élève au-dessus de la surface, l'animal est visible sous l'eau. Un requin pèlerin de 8 mètres, au large de Belle-Île-en-Mer (Morbihan)
"Nous apercevons un aileron à la surface. Nous nous approchons doucement. Le requin sonde. Il remonte 50 mètres plus loin. Nous allons au-delà de sa direction puis coupons le moteur. Le requin approche. Il est calme, se nourrit de plancton. Il passe sous le bateau"
Association Pour l'Étude et la Conservation des Sélaciens (APECS - Brest, Finistère). Éric Stéphan, coordinateur
Requin pèlerin. Cetorhinus maximus
Espèce de poissons cartilagineux -anciennement nommés Sélaciens (poissons cartilagineux)
Seul membre non fossile du genre Cetorhinus
Seule espèce actuelle de la famille des Cetorhinidae
Rare à observer, impressionnant et discret, l'animal est présent sur les côtes bretonnes. Au début du printemps, d'avril à juin. Ce requin pèlerin est le premier signalement de l'année.
L'espèce est vulnérable. Par le passé, elle a été chassée
Le requin pèlerin se nourrit de plancton. Les plus gros requins atteignent 12 mètres de long (en moyenne, 6 à 8 mètres) pour plus de 5 tonnes. Deuxième plus grand poisson au monde (après le requin-baleine, 18 mètres de long). Le sélacien n'est pas un danger pour l'homme, il se nourrit de crustacés planctoniques. Animal sauvage. Pour un observateur sous-marin, le risque est de l'effrayer et que dans sa fuite, il assène au plongeur, un coup de queue fatal
Dimanche 2 mai 2021. Pyrénées-Orientales, entre Collioure et Argelès-sur-Mer
1 km des côtes. Trois pêcheurs amateurs, Magid, Mathieu et Georges, filment un requin pèlerin d'une dizaine de mètres de long
Ils rentrent d'une partie de pêche et à un kilomètre du port d'Argelès-sur-Mer, ils aperçoivent au loin le requin
Magid Abdouallah, encore sous le coup de l'émotion. "Une belle rencontre, le requin au loin. Pas agressif, lent, majestueux. Pour ne pas l'effrayer, nous coupons le moteur. Le requin s'approche à ras du bateau, à plusieurs reprises. Nous faisons attention, nous risquons de chavirer
Il est en train de se nourrir, la gueule ouverte. Cette année, le plancton est abondant près des côtes. Nous n'avons pas peur, il se nourrit de plancton, il n'est pas dangereux pour l'homme"
D'après les trois pêcheurs, il ne porte ni marque, ni balise. Des requins pèlerins sont visibles au large mais ainsi proche, joueur, émouvante rencontre
Le requin est reconnaissable, avec sa haute nageoire dorsale et sa gueule distendue, lorsqu'il se nourrit. Il se rencontre dans les océans et mers tempérés. Massif, il se déplace lentement. Il est dénué d'agressivité, inoffensif pour l'homme. Il se nourrit de plancton, d'algues ou d'animaux microscopiques, qu'il absorbe par sa large gueule
D'après les scientifiques, observer un requin pèlerin à cette période de l'année si près des côtes, est rare
Association Pour l'Étude et la Conservation des Sélaciens. Alexandra Rohr, chargée de mission
Voir ici un requin pèlerin est rare. Une, deux observations par an, pas davantage
Le requin se nourrit de plancton. Il pèse plusieurs tonnes. Sur les côtes méditerranéennes, plutôt visible au printemps, seul ou en groupe. Pour se nourrir, il monte à la surface
Au printemps, l'APECS déploie ses moyens nautiques pour repérer les migrations de requins pèlerins
Depuis 2015, l'APECS marque certains requins d'une balise satellite, puis suivi depuis l'espace. « Repérés en Bretagne, ils sont signalés au Cap Vert ou en mer du Nord. »
Afin d'étudier l'espèce, l'APECS invite les plongeurs, les plaisanciers, les kayakistes à lui signaler grâce à une fiche d'observation, la présence des requins pèlerins
Côtes bretonnes. Entre 1998 et 2017, le requin pèlerin a été observé plus de 1 300 fois
Il apprécie les eaux tempérées du Finistère, la mer d'Iroise, l'archipel des Glénan. Zones riches en plancton, son unique nourriture. Le requin pèlerin reste en profondeur. Pour se nourrir, il monte près de la surface
Il est présent dans les mers du monde, à l'exception des zones polaires
Son parcours migratoire est mal connu. Au printemps, entre avril et juin, le requin pèlerin croise le long des côtes de Bretagne
Il est moins présent que par le passé. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été décimé par la pêche semi-industrielle ; deux bateaux de Concarneau chassaient le requin pèlerin au harpon. Pour son foie, riche en huile. Par saison, des centaines de requins étaient tués
Depuis les années 1990, la pratique a cessé. La pêche est interdite. Le requin pèlerin est en danger d'extinction
États-Unis, Californie
Le squale était pêché pour son foie ou ses ailerons
Jadis, le gouvernement canadien a lancé une campagne d'éradication, car le squale interférait avec les activités de pêche au saumon
Au début des années 1960, les requins pèlerins étaient rares en Californie
Les chercheurs n'expliquent pas le retour du squale, l'espèce est mal connue
Washington, États-Unis. National Oceanic and Atmospheric Administration NOAA. Elliott Hazen, chercheur. En raison du réchauffement des océans, les requins pèlerins qui vivaient dans des eaux plus tempérées, migrent en direction du nord
Ils sont menacés, notamment en raison de la présence de plastique dans les océans
Le requin pèlerin est présent en Amérique du Nord
Il migre au large du Brésil, du nord-ouest de l'Afrique
Dans les eaux françaises, en Méditerranée, au large de la Bretagne
1934, "L'Homme d'Aran". Documentaire-fiction. Les acteurs reproduisent la vie sur l'île, au XIXe siècle. La lutte pour la vie d'une famille de pêcheurs
Robert Flaherty, réalisateur de cinéma américain 1884-1951
au large des côtes ouest de l'Irlande, Flaherty pose ses caméras sur Inishmore, la plus vaste des trois îles qui forment l'archipel d'Aran. Ni arbres, ni terre. Des pierres, des cailloux. Pendant les tempêtes hivernales, les îles sont presque submergées. Le film décrit la lutte de l'homme d'Aran contre la mer
La mère appelle son fils. Ils vont ensemble accueillir le bateau à rames qui revient. Parmi les vagues gigantesques, difficile de récupérer les filets
La pomme de terre est la subsistance quotidienne. Pour la faire pousser, la femme transporte des algues sur son dos. Pour un rien de terre, casser les pierres. Depuis des milliers d'années, l'homme d'Aran trouve la terre dans les failles des rochers
La pêche traditionnelle du requin pèlerin. Les pêcheurs harponnent l'animal : pour en venir à bout, deux longs jours de lutte. Les pêcheurs reviennent indemnes, le bateau est fracassé
La graisse du requin sert à allumer les lampes. Dans un chaudron, l'huile provenant du foie, est clarifiée
Le requin pèlerin
Cerveau d'une centaine de grammes, foie de 700 kg
Longues fentes branchiales. Chez les jeunes, museau allongé, cylindrique. Chez les adultes, museau court, conique
Sa couleur varie du gris ardoise au brun. En surface, ses deux nageoires -dorsale et caudale- sont visibles
Pratique-t-il de longues migrations ? Passe-t-il l'hiver dans les profondeurs de l'océan ?
La nourriture du requin pèlerin est constituée de plancton, qu'il capture en filtrant jusqu'à 1.500 m³ d'eau à l'heure
Jusqu'en 1990, de mars à mai. Les pêcheurs de Concarneau harponnaient le requin pèlerin lors de son passage, non loin des côtes bretonnes -pour l'huile de son foie
Février 2004, revue britannique Nature. Effondrement de la population des prédateurs marins. Dans le Golfe du Mexique, disparition de 99 % des requins soyeux (peau à texture lisse, eaux tropicales et subtropicales). En Atlantique, 89 % des requins marteaux
Canada, Université d'Halifax, Nouvelle-Écosse. Croissance lente, faible taux de reproduction. L'effondrement concerne l'ensemble des océans. Les requins pris accidentellement dans les filets de pêche, sont rejetés à la mer. Dans certaines zones, captures pour leurs ailerons
Dimorphisme sexuel. En moyenne, la femelle mesure 9,8 mètres. Le mâle, 9 mètres
La femelle atteint sa maturité sexuelle à l'âge de 16-20 ans. Le mâle, à 12-16 ans
Gestation aplacentaire et vivipare. Protégé dans l'utérus, l'embryon ne reçoit pas de nutriments maternels par l'intermédiaire d'un placenta. Les embryons sortent de leurs œufs à l'intérieur de l'utérus de la mère. Ils sont menés à terme, en consommant les réserves de leur vitellus et dans les derniers stades de développement, reçoivent certains nutriments de la mère
La gestation dure entre 2,5 et 3,5 ans -la plus longue gestation des vertébrés. La femelle donne naissance à une demi-douzaine de jeunes, d'une taille supérieure à un mètre
Les Pèlerins adultes n'ont pas de prédateurs connus. Les jeunes sont vulnérables aux orques / épaulards (Orcinus orca), aux grands requins blancs (Carcharodon carcharias).
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Les cormorans plongent en torpilles, débusquent les poissons. Parfois les fortes vagues drossent les oiseaux sous l'eau contre les rochers
Le cormoran noyé tombe au fond. Une anémone le retient, le dévore lentement
Le courant déplace l'oiseau. L'anémone voisine agrippe le corps. Les faisceaux de chair blanche s'effilochent, écheveau livide entre les rivales. Duel au ralenti. L'oiseau disparaît, absorbé, digéré
Une plume noire dérive dans le courant
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05/2014. Université de Washington. JISAO Joint Institute for the Study of the Atmosphere and Ocean. Revue Marine Ornithology, étude et à la conservation des oiseaux de mer
Kim Martini et Lisa Guy, océanographes, étudient une photo d'archives. Une anémone de mer consomme un poussin cormoran. En état de décomposition, sans doute mort deux jours avant d'être mangé par l'anémone
Les anémones sont fixées aux rochers. Au gré des courants océaniques, elles agitent leurs tentacules
Les cnidaires, nature prédatrice. Les anémones géantes et vertes (Anthopleura xanthogrammica, famille des Actiniidae) mangent des poissons, des crustacés, des moules détachées
Immobiles, elles utilisent une variété de sources de nourriture
Sur une autre photo, une anémone mâche la patte rompue d'une mouette
05/2019. Côtes rocheuses du Pacifique, de l'Alaska au Panama
Anthopleura xanthogrammica, anémone de mer
De couleur verte aux teintes vives parfois fluo, le cnidaire atteint 25 centimètres de diamètre
Essentiellement immobile, son cycle de vie l'oblige à se nourrir de manière opportuniste de poissons, crustacés, moules. Capturés entre ses tentacules dotés de nématocystes
Ces organites vénéneux permettent à l'anémone d'immobiliser ses proies. Afin de les digérer, elle les achemine vers sa cavité centrale. Pour passer à travers l'orifice gastrique, les proies sont de petite taille
24 Juillet 2013. Nord-ouest des États-Unis. Le long des côtes de l'Oregon. National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Publication parue dans la revue Marine Ornithology
Rares mais pas exceptionnels, trois cas étudiés
Juillet 2013. A. Xanthogrammica engloutit un poussin de cormoran (Phalacrocorax sp.) d'une taille bien supérieure à la sienne
Août 2007. Anémone. Restes de goéland
Juillet 2003. Une anémone mange un poussin tombé du nid
A. xanthogrammica consomme des oiseaux de mer, dans la mesure où ils rentrent en contact avec elle. Morts ou trop faibles pour se débattre