La Valeur des Intentions
Simba Lioness
On parle d'intentions qui comptent, on utilise ces mots dans chaque occasion stéréotypée où ils trouvent leur place… Nous n'avons même jamais vraiment réfléchi à la profondeur de leur sens…
C'est la valeur de l'intention qui fait la force d'un geste. Ce que nous en attendons, l'effet que nous souhaitons atteindre. Avoir une bonne ou une mauvaise intention : cette pensée formulée dans notre esprit dont nous sommes seuls détenteurs et qui motivent notre action. Nous ne pouvons pas ne pas nous soucier de nos intentions.
Nous agissons plus souvent par pur intérêt que par sympathie et dévouement. Nous réfléchissons stratégiquement à ce qu'il faut faire aujourd'hui pour obtenir certaines choses demain. Parfois, nous oublions que dans tous les cas nous sommes face à des êtres humains, jamais uniquement à un service, une compétence, un résultat… De prétendues bonnes actions peuvent cacher de mauvaises intentions, comme de mauvaises finalités peuvent résulter de bonnes intentions. Lorsque nous agissons par intérêt, nous trouvons toujours une explication qui nous blanchit ; lorsqu'il s'agit des autres, nous les trouvons gonflés de se comporter ainsi. Nous nous convainquons nous-mêmes de la sincérité de nos rapports avec autrui.
Dans Babylone, la sincérité n'est pas innée… Nous ne pouvons pas toujours dire la vérité, nous ne pouvons pas faire de compliments, nous ne pouvons pas donner sans raison. Sinon, nous sommes fous, bizarres ou intéressés. Nous ne savons pas faire confiance, nous n'avons pas naturellement foi en l'autre. Nous avons tellement l'habitude d'observer du factice qu'il est difficile de discerner la véritable gentillesse ou générosité face à ceux qui cachent derrière la leur des stratégies qui leur profiteront au maximum. Nous sommes amenés à nous demander si nous cernons bien les gens qui nous entourent, à voir du mal dans leur comportement lorsque nous avons un doute. Nous hésitons à reconnaître nos erreurs et à pardonner, car nous ne souhaitons pas paraître faibles. Nous avons appris à garder ce que nous ressentons pour nous lorsque c'est approprié. Nous parlons de la paix, mais même dans nos vies personnelles, des conflits persistent. Nous faisons de grandes histoires avec de petits détails qui ne changeront pas le monde, qui ne l'empêcheront pas de tourner, qui n'auront même aucune espèce de conséquence réelle. Et si on cessait de se soucier de nuire à certains pour aimer au moins ceux qui nous veulent du bien. S'éloigner de ce qui nous est néfaste, ce qui entretient de la haine, pour se charger d'aimer ceux qui nous aiment et ceux que nous aimons. Rendre heureux. Déjà cela. Nous faisons l'erreur de considérer le monde à partir de nous, plutôt qu'à partir de la Création. Avons-nous du mal à concevoir que nous ne sommes que de passage, qu'individuellement chaque existence est insignifiante, que même en faisant tous les caprices du monde celui-ci ne tourne autour d'aucun être humain et nous dépasse complètement…
Nous croyons pouvoir jouer un double jeu et gagner de tous les côtés. Nous cachons la vérité dans nos paroles, nous cachons nos intentions. Nous mentons avec l'espoir irréaliste que nous ne serons jamais découverts. Nous mentons à des personnes que nous sommes censés aimer. Nous croyons qu'au pire, par amour, elles nous pardonneront. Nous excusons nos mensonges, mais quand ils viennent des autres, nous trouvons ça inadmissible. Nous discourons sur qui nous sommes sans veiller à nos actes. Nous prétendons être droit, respectueux, alors que ce que nous faisons dit le contraire. Si la définition du respect était universelle, il y aurait moins de malentendus… Nous critiquons les autres sur des choses que nous avons nous-mêmes faites. Nous voulons être bienveillant avec ceux qui nous entourent, nous le sommes autant que possible, sauf quand nous pouvons satisfaire notre ego. Alors même si cela risque de blesser certains au passage, nous les considérons suffisamment peu importants en comparaison de ce que nous pouvons obtenir, nous pourrons bien nous rattraper. Nous faisons aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse, simplement parce qu'on nous l'a déjà fait ou parce que c'est plus fort que nous. Nous pleurons pour une situation dont on a soi-même pu être l'instigateur dans d'autres contextes. Tout le monde pense être quelqu'un de bien, selon ses critères, hormis peut-être ceux qui ne se sont même jamais poser la question. On garde en mémoire toutes les bonnes actions qu'on a commises, qu'on ressortira le jour où on nous fera le moindre reproche. On comptabilise ce que nous doivent les gens. Tant que les comptes s'équilibrent, on les porte dans notre cœur ; si cela change, on dit qu'on ne peut plus compter sur eux, que ce ne sont pas de vrais amis. Dans la colère, nous disons des choses qui dépassent nos pensées, nous parlons sans même les connaître, nous leur inventons une vie, des actes, des motivations, nous savons mieux que quiconque comment ils sont. Nous sommes forcément mal placés pour parler des gens que nous apprécions peu. Même avec un maximum d'altruisme, nous ne pourrons jamais avoir d'affinités avec tout le monde, pourtant nous sommes contrariés quand nous apprenons que certains n'en ont pas avec nous. Nous nous mêlons de ce qui se passe dans leur vie comme si c'était la nôtre, nous jugeons leurs choix, nous les respectons quand nous y parvenons. Nous avons du mal à aimer les gens comme ils sont, malgré leurs défauts. Nous avons du mal à croire qu'ils peuvent changer, pourtant nous-mêmes nous changeons. Nous coupons les ponts avec certains sans même leur dire pourquoi, parce que nous n'y parvenons pas ou parce que nous ne le voulons pas. Notre comportement renvoie des impressions dont nous n'avons aucunement conscience. Nos interprétations parasitent sans arrêt nos relations. Nous essayons de deviner ce que nous ne pouvons pas savoir, nous n'osons pas demander, nous doutons qu'il s'agira de la vérité. Nous prenons le silence pour de l'oubli ou de l'indifférence, nous pensons que les gens nous snobent, mais nous ne savons pas ce qu'il se passe dans leur vie, ce qu'ils ressentent à ce moment. Nous nous basons sur le peu que nous voyons, nous ignorons toutes les pensées bienveillantes dont nous sommes sujets mais qui ne sont pas formulées ou concrétisées. Les occupations de nos vies nous empêchent de consacrer le temps qu'on voudrait vraiment aux personnes pour qui on aimerait être présent, à celles qu'on rencontre et qu'on aimerait connaître. Nous nous demandons sans cesse ce que les gens pensent de nous. Quand nous ne le savons pas, nous interprétons les mots et les actes reçus. Pour peu qu'ils semblent manquer de sincérité, nous ne pouvons approfondir la relation. Entre la politesse et l'intérêt, si nous ne sommes pas capables de mettre un peu de nous-mêmes dans nos échanges, nous restons des étrangers.
Quand on manipule, on ment, on blesse volontairement, comment peut-on s'étonner de voir les gens se détourner. Mais nous savons qu'il y a, pour ceux qui ne choisissent pas d'être sincère avec eux-mêmes et les autres en toute circonstance, suffisamment de personnes sur Terre pour en trouver de nouvelles avec qui faire semblant. A part donner l'envie de partager avec nous, nous n'avons aucun pouvoir sur l'existence d'autrui.
Vivre dans l'amour, être sincère et vrai, veiller à ne pas faire de mal. Réfléchir aux conséquences, choisir l'option qui en aura le moins possible sur la vie des autres. Nous ne savons pas nous mettre entre parenthèses, nous avons trop appris à être égoïste, à nous réjouir uniquement par ce qui nous touche plus ou moins directement, plutôt que d'être heureux pour autrui en se mettant à sa place. Souvent, nous prétendons savoir s'ils méritent ou non ce qu'ils reçoivent. Nous peinons à définir le bien et le mal, nous prenons l'argent pour une bénédiction. Combien parlent de Dieu en ne pensant qu'à eux.
Aide-toi, le ciel t'aidera. La vie est un précieux présent, même si son parcours est parsemé d'embûches, son apprentissage est notre rédemption. Aime la vie que tu vis et vis la vie que tu aimes.
Nous prions pendant que d'autres détruisent. Nous vivons dans la contradiction en permanence, mais nous ne savons pas faire autrement…
Nous sommes responsables de nos actes et de nos intentions. La réalité et la vérité existent, elles sont indéniables, elles perdurent au-delà de tous les mensonges et négations que nous créons pour les arranger en notre faveur. Simplement accepter ce qui est.
Il n'est jamais trop tard pour apprendre à aimer.