La vendeuse de bijoux

Roland Grandet

conte poétique enfantin

     La vendeuse de bijoux

 

 

   Il était une fois Alicia une pauvre vendeuse de bijoux, pauvre et maladroite ne vendant jamais rien.    Dans une ville grise, sans soleil où seuls les bijoux brillaient.

   Monsieur Grossou, patron brutal, avec de grosses mains pour ramasser l'argent, l'or et tout ce qui brille. Monsieur Grossou brutal a dit c'est ton dernier jour, après te restera tes beaux yeux pour pleurer. Tes beaux yeux tu vendras pour manger. Rires du brutal découvrant grosses dents en or.

   Alicia pleure de ses yeux de perle. Personne dans le magasin. L'horloge qui tic-tac. Les yeux rougis de chagrin.

   Entre grande dame ployant sous le poids de ses bijoux. Lèvres pincés, yeux noirs perçants. Elle veut tous les bijoux, maintenant.

   Alicia s'empresse. Ouvrir la vitrine, sortir les bijoux. Enfin pouvoir manger, rêver, danser. Mais pas de clef. Chercher partout, le comptoir, ses poches, dessous, dessus, pleure encore des larmes de perle.

   Entre un vieux monsieur laid, plus pauvre encore. Sent pas bon, sent l'urine, tabac froid. Yeux rouges. S'approche. Alicia a peur, recule. Le vieux monsieur sourit, décroche son sourire et le donne à Alicia qui sourit aussi. Derrière le sourire, la clef de la vitrine à bijoux. Alicia se précipite Tous les bijoux dans le gros sac pour la dame au sourire pincé.

   Dame sourire pincé se sauve. Rien dans les mains d'Alicia, sourire envolé. Tic et tac, bientôt Grossou, la rue, la mort.

   Entre petite fille mâchant chewing-gum pleure pas Alicia petite fille pétrit chewing-gum

 

petit tas de pâte petit tas de pâte petit tas de pâte petit tas d'or petit tas d'or petit tas d'or gros tas de bijoux. Alicia pleure de joie les bras dans l'or vite dans la vitrine les pas de Grossou dans le tic-tac du temps.

   Alicia dort, rêve une ville de soleil.

   Grossou brutal derrière elle. Les dents en or s'entrechoquent. Hurle dans les oreilles. Alicia tombe. Perles de larmes se détachent des yeux. Grossou brutal jette dehors. Le froid, la pluie, la faim.

Alicia accrochée à la porte du magasin petite souris chatouille ses mains petite souris chuchote à son oreille petite souris dépose petites crottes au creux de la main petite souris s'endort sous mignonne petite oreille.

Petites crottes lentement se transforment en soleil, en or, en pain doré petites crottes mangent le gris de la ville petites crottes aspirent la saleté petites crottes ont mangé Grossou le brutal.

 

   Alicia le matin dans le doré du soleil Alicia le matin mange le pain doré du soleil. Alicia main dans la main le vieux monsieur la petite fille et trotte derrière la petite souris.



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