L'Amour est-il une maladie?

Anaïs Belmiloud

L'amour est un sentiment d'attraction, d'affection et d'attachement vis-à-vis d'un être (ou d'un objet). L'amour peut mener à la passion, celle-ci ne pourrait-elle pas être destructrice et signe de tourment, lorsque les limites de l'amour on été dépassé et qu'il devient une obsession ? Faut-il savoir faire un choix entre l'amour et la raison, peut-on dire que l'amour est un égarement de soi-même ? On peut alors se poser à juste titre la question, l'amour est-il une maladie ? Une maladie, dans le cas présent, est une altération des fonctions mentales et émotionnelles, c'est un trouble déraisonnable, pouvant mener à la folie. Peut-on affirmer que la passion est synonyme de tourment, et de crise intérieur ou bien l'amour nous est-il bénéfique ? Il est vrai que l'idée que l'on se fait de l'amour habituellement n'adhère pas à celle de la maladie. Cependant la complexité des sentiments et des émotions peut mettre le trouble et ébranler l'esprit, mais l'union peut être un remède à un mal.

 

L'amour est une maladie, puisqu'il camoufle le véritable but qu'il a dans nos vies. C'est un phénomène biologique, laissant deux individus penser qu'ils ont une attirance alors que ce n'est simplement que la production d'hormones qui en est la cause. Grâce au touché, à l'odorat, à la vue et à l'ouïe, notre cerveau décide ou pas que le corps s'accouple avec l'autre individu de notre espèce (ou pas). Tout ceci pour perpétuer l'espèce et choisir les meilleurs caractères afin de perfectionner la « race » (humaine ici). Ainsi, notre esprit nous berce de désir et d'illusion quant au réel sens de nos sentiments. Nous en tirons un certain plaisir, il est vrai, mais il est purement physique. On peut alors expliquer que l'amour soit une maladie, l'affection pourrait être due à une trop forte dose d'hormones ou à un égarement de l'esprit. C'est un état naturel, mais l'amour peut être douloureux pour notre mental comme une blessure à notre jambe. L'amour est un noble sentiment, mais il y a des dérives à l'amour, comme l'obsession envers un être inaccessible, la dépression après une rupture, la jalousie nuisant au bonheur d'un couple. On peut penser que l'amour ne peut pas être détaché de la souffrance, les deux font la paire comme l'union de la sensualité, Aphrodite, et de la guerre, Arès, donnant naissance à Eros dieu de l'amour. Et comme le dit l'expression, « l'amour rend aveugle » or être aveugle n'est pas signe de bonne santé au contraire. Ainsi l'amour peut être une pathologie, alors comment peut-on tuer par amour si celui-ci n'est pas une maladie ? L'amour nous aveugle, et nous empêche parfois de savoir ce que nous faisons, comme le crime passionnel qui est un cri à  l'amour blessé et une preuve de la colère inassouvie. La passion ne rime pour certain qu'avec folie, telle Tristan et Iseult unis par un amour inaccessible, une passion qui leur fut fatale, car les deux amants brisèrent les promesses solennelles qu'ils avaient faite à leurs époux respectifs. Les nuances sont nombreuses allant de l'amour platonique à la passion dévorante voir maladive. Une passion est similaire à une grippe, la fièvre monte sans cesse jusqu'à atteindre son paroxysme et alors soit elle nous emporte, soit elle redescend plus vite qu'elle n'est montée. Ainsi, la passion venant du latin passio, souffrance, est une maladie, qui peut nous enlever la vie. Mais l'amour est synonyme de bonheur dans le langage commun, y aurait-il  une autre façon d'aimer qui ne nous ronge pas l'esprit ? Est-ce que l'amour ne nous fait pas que tourner la tête, dans le sens où l'esprit ne tournerait plus rond?

L'amour n'est pas une maladie, dans un sens où il donne une raison et un horizon désirable à notre vie. Il nous stimule, rassure et réconforte, que cela soit dans la passion, l'amour filial, ou l'amitié. Il permet notre épanouissement personnel, en cela, il n'est pas une maladie. Ainsi, l'amour que porte une mère à son enfant n'est pas destructeur, bien au contraire, cela l'aide dans son développement intérieur. Tous les enfants qui ont reçu de l'amour durant leur enfance sont pour la plupart sain d'esprit. Mais au contraire, des enfants ayant été battu ou n'ayant jamais eu de marques d'affection, ont pour ainsi dire des problèmes à accueillir l'amour et à en donner, d'autres encore n'en sont pas capables et ont des problèmes dits psychologiques. Ne pas avoir accès à l'amour, peut-être alors signe de tourment. En effet, nos sentiments nous obligent à penser aux autres plus qu'à soi-même, ils débouchent sur notre moralité, et celle-ci est signe de raison et non de folie (la folie équivaut à la maladie). Offrir aux autres plus qu'à soi-même c'est faire preuve de bonté et de gentillesse. En étant bienveillant envers ceux qui nous entourent, nous ne pouvons recevoir que de la gratitude. Puisque procurer du bonheur autour de soi c'est se donner la peine d'aimer, et le bonheur mène au bien être. De la sorte, l'amour est bénéfique à l'esprit, mais il l'est aussi pour le corps. Aimer est un besoin pour l'être humain, non pas nécessaire, parce que l'on peut vivre sans amour. Mais vivre sans est mauvais pour notre hygiène de vie, le plaisir sexuel par exemple, est une source d'énergie et favorise un meilleur équilibre hormonal. N'est-ce pas là la preuve que l'amour dans tous les sens du terme est bon pour notre corps ? Toute au long de notre adolescence, notre corps se développe afin de recevoir l'amour et de le donner, il en va donc ainsi qu'aimer fait partie intégrante de nous et de notre patrimoine, nous ne pouvons pas nous en défaire. Ce n'est pas après une relation décevante que l'on peut répondre à l'affirmatif à la question posée, il faut avoir vécu et savoir prendre du recul quant aux réels ambitions de l'Amour. Si l'Amour était une maladie, elle serait incurable et nous serions tous voués à l'attraper un jour ou l'autre.

 

Si au début, l'Amour a pu paraître comme une maladie et une preuve de souffrances, il est désormais manifeste que cela ne doit en rien nous incliner à le dédaigner et à l'éviter. Loin d'être un désagrément, il doit être envisagé désormais comme le symbole de l'union, du bonheur et de notre santé. Quant au mal qui peut en émaner, on peut en faire ressortir l'aspect positif car il nous permet de mieux nous connaître, de nous façonner et de changer, qui témoigne de son effet bienfaisant.

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