L'ancien
merielle
Assis là je me suis vu ancien.
C'est à dire ? Passé ? Dépassé ? Usé ?
Non, on m'a dit l'ancien, comme on m'aurait dit, sage.
Mais c'est à dire ? Savant ? Silencieux ? Barbu et blanc des cheveux ?
L'ancien... Je me suis dit, que ce n'était pas vieux... que c'était peut être mieux.
Comme une sorte de valeur, une préservation de ce qui donne à naître.
Oui, c'est ça... une source pour le renouvellement. L'origine de la nouveauté.
Un précurseur, libéré de ses peurs. Un jeune nourri d'expériences. Ou un jeune bouffi d'expériences ?
L'ancien c'est curieux, mais c'est un peu pompeux. C'est vrai, satisfaire le puits sans fond de sa curiosité ne légitime aucun statut de transmission. A creuser, on fouille en quête d'outils, pour creuser encore, comprendre encore, chercher encore. S'agit-il alors d'avoir les bons outils pour se fatiguer moins, ou d'entrevoir que la réponse s'enfouit toujours plus loin ? Pourquoi faudrait-il se responsabiliser d'acquis qu'on ne doit qu'à la vie, du fait même de la vivre ?
Ne pourrais-je être qu'un simple contemplatif ? Qu'un simple être de passage, sans question ? Juste un promeneur sur un chemin commençant...
Le reflet de ces lignes à lire sur mon visage, font croire à un vécu. Mais une vie ce n'est que du temps. Et le temps ce n'est qu'une question de regard... sur sa montre...
Je n'ai pas de montre, mais moi, l'ancien, je serais l'incarnation du temps...
Alors je le dis, je vis, je suis, là, entre la fin et le commencement.