L’art de procrastiner!

Saladedefruit

Il y a les organisés. Ceux qui gèrent leur temps à la seconde prés. Parés à toute éventualité, impondérable, inattendu. Ceux pour qui c’est une règle de faire les choses « en temps et en heure », surtout pas à la dernière minute et encore moins le lendemain pour la veille. Les inflexibles en somme. Ceux qui n’accordent aucune souplesse à leur emploi du temps, s’enfonçant ainsi dans une forme de rigidité lourde et pesante ne laissant aucune place à l’épanouissement (vous me permettrez bien un petit aspect dramatique pour les besoins du récit ?!).

Et puis il y a les autres. Les bordéliques de l’agenda, les handicapés du timing. Ceux qui ne savent pas faire autrement que faire dans l’urgence, l’ultime instant. Ceux qui se jouent des délais, des impératifs, des deadline. Et qui, de fait, ont cette fâcheuse tendance à remettre, toujours et encore, inlassablement, au lendemain. Ceux qui, immanquablement et bien malgré eux (oui, malgré eux) ne peuvent faire autrement que -j’vous le donne en mille- procrastiner.

Et pourtant…

Le procrastineur (on peut bien s’accorder quelques néologismes – j’ai hésité avec procrastinateur-) n’est pas forcément homme (ou femme, vous l’aurez compris le terme est générique, loin de moi l’idée de sous-entendre que l’individu de sexe masculin a une tendance plus forte à procrastiner – quoique-) de mauvaise volonté. Non. Il n’est pas non plus flemmard. Il est inorganisé au pire. Téméraire peut-être (c’est quand même un peu risqué de procrastiner). Et il est artiste, sûrement. Car procrastiner est un art. Bien procrastiner est une discipline à part entière. On ne procrastine pas par dessus la jambe.

Sachez le…

Le bon procrastineur remet a plus tard, certes, mais a cette capacité presque talentueuse à mesurer le « bon plus tard ». C’est un « plus tard » calculé. Habilement estimé. Le « plus tard » qui ne sera jamais trop tard. Celui qui lui permettra simplement de rester dans cet état d’intense transe (j’exagère un poil), d’adrénaline de ne pas avoir fait ce qu’il fallait ABSOLUMENT faire le jour même, sans pour autant ne pas le faire du tout ou définitivement trop tard –vous me suivez ?-.Oui c’est un art, un savoir-faire, de celui qui procure des sensations. Et qui doit être juste, mesuré, pointu.

Surtout que le bon procrastineur saura justifier sa procrastination sans pour autant qu’elle paraisse l’être. Il saura se convaincre lui même (en premier) et son entourage (ensuite) qu’il repousse non par fainéantise, manque de motivation ou d’inspiration, mais par une forme de force suprême qui l’oblige à réaliser ses tâches dans l’urgence. « Plus la deadline approche, plus je suis efficace », « je ne sais travailler que dans le rush » sont des gimmicks récurrents (notez l’intensité du pléonasme) du bon procrastineur.

Et pour couronner le tout, comme une  cerise sur le gâteau, le procrastineur est efficient. Parce qu’en dépit du fait qu’il passe son temps à repousser, reculer, décaler, il réussi, toujours, à faire ce qu’il doit faire. Et pire. Il peut le faire très bien. Asseyant ainsi sa célèbre réplique « je suis meilleur dans l’urgence ».

Oui procrastiner est un art. Indubitablement.

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