le 23ème jour

renarde-bleue

« C’était l’aube d’un jour d’avril… » hahaha !
Non.
C’était hier, la semaine dernière, il y a dix ans.
«Juste toi, moi, un chat dans la rue, nous et nos tourments que l’on n’ose prononcer, le chat qui se tire, marre de nos pleurs et le soleil qui se voile la face de son mouchoir de nuages »


Il y a eu de la musique, des corps qui se frôlaient et l’alcool, l’alcool qui enivrait mes sens.
L’alcool qui m’a pris dans ses bras pour m’emmener loin, loin…
Je sentais la musique battre dans mes oreilles, couler dans mes veines pour assouvir chacun de mes muscles. Leur apporter une dose massive de basse et de drums. Une dose vitale de rythme et de langueur. Une dose mortelle de contact et de chaleur. Avec une touche de vodka.
Tonic.
J’ai senti une main sur ma hanche. Un torse contre mon dos. Un souffle dans mon cou.
J’ai senti cette main se crisper et m’attirer plus fort contre son propriétaire.
Salsa ? tango ? La musique était forte et le stroboscope m’aveuglait.
Je ne veux pas de ces mains, je ne veux pas de cette protubérance au bas de mes reins.
Cette protubérance qui…
Vibre ??
Ah, c’est un téléphone.
Allez vous-en ! Allez vous-en !!
J’esquive les mains baladeuses et me retrouve à nouveau au milieu de la piste.
Je tourne, je vole, j’évite les mains tendues, les mains curieuses, les mains tripoteuses.
Je ne veux pas de ça sur moi, je ne veux pas qu’on me touche, mais déjà un nouveau corps m’enserre dans ses bras, il y a trop de monde, on est trop serrés, je n’arrive pas à le repousser, il murmure à mes oreilles mais je n’entends rien. Rien d’autre que le rythme qui bat à mes tempes. Je sens son haleine fétide et n’ose même pas ouvrir les yeux, mais soudain plus rien. Je suis libre, j’ouvre les yeux, c’est Lui ? Il est là ? Il est venu me chercher ? Me sauver des autres et de leurs gestes lubriques ? J’ai beau ouvrir les yeux, je ne Le vois pas, où est-Il ? Où ?
Il n’est pas là.
C’est une main amie qui m’a remontée à la surface.
Une main amie qui tiens encore la mienne et me guide loin de l’enfer grouillant de testostérone… vers le bar.
L’alcool sera mon salut ce soir.
« Comme une douce ivresse qui lentement t’envahit, Une tendre promesse d’oubli ou de lendemains plus bleus, La tentation de ta main qui blesse et caresse »
VOD-KA ! VOD-KA !
Si seulement je pouvais me noyer dans mon verre.
Ou fondre. Comme les glaçons.
Je suis fatiguée ce soir. Je ne suis pas là, pas disponible, si loin de moi déjà…
Et soudain j’ai compris.
« Have you ever seen God? a mandala. A symmetrical angel. » (*)

Dieu est un Tétraèdre.

Pas moi.

(*) Jim Morrison in "Wilderness"

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