Le chagrin

Joseph De Chateauvieux

Comme un volcan éteint tempête en s’éveillant,

Effroyable brasier d’où coulent mille laves,

Elle laisse glisser le long de ses joues graves

Un flot salé de larmes ; triste buisson ardent.

Saisi par l’éruption de ses yeux rougeoyants,

Paire de puits sans fond où suintent ses malheurs,

Je n’ai que mes doigts fins pour égoutter ses pleurs

Qui forment dans mes mains comme un miroir d’argent.

Pétrifiée de chagrin, terrassée par les vents

De la mélancolie qui effritent son cœur,

Elle tremble ; les paupières asséchées, fleurs qui se meurent,

Le saule a disparu dans ces cratères sanglants.

 Entre deux soubresauts un silence inquiétant

Règne en la blanche plaine autrefois si suave ;

De longues saillies sombres, cicatrices des braves,

Témoignent du combat entre les éléments.

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