le cher quidam

Monrose Yannick

Le quidam apparaissait sur la même place, aux pieds des ormeaux tordus de la grande route, là où la joie éphémère de vivre pouvait encore enlacer.  Assis, les débonnaires perdaient la liesse, leur dieu avait apparu.

L’homme est ordinaire,  l’hymne le fait seigneur. Un doyen entamait, l’hymne du quidam.

 Il est sur la nue,

Sur la facule du soleil,

Le breuvage léger de ma panse.

Je suis seul à le voir,

C’est ma richesse,

Le miel de la ruche qui se disperse,

Le pain qui n’oublie pas ses fils.

Que la lumière ait souvenir de toi, le jour de la noirceur.

Il est sur la nue,

Sur la facule du soleil,

Le brevetant,

Le repos du déchu.

Lorsqu’il ouvra enfin le coffre de son véhicule, la liesse était repartie. Les plus chanceux emportaient le baluchon et les autres caressaient l’espoir d’une prochaine fois. Un aveugle malchanceux l’approcha et le fit un témoignage  « La manne a glissé comme la pluie froide sur une vitre glacée. C’est parmi tous ces hommes le seul qui soit encore homme pour moi. Le geste ne saura être pour toujours, mais il durera dans les mémoires sans doute plus que moi. » Le quidam sans mot dire, l’aveugle sut qu’il l’avait compris.

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