Le ciel de nos villes en 2040
machinehumaine
Ca fait déjà 25 ans que volent au dessus de nos têtes ces yeux électroniques. Au début, c'était pour la sécurité, pour aider les flics. Et puis, finalement, ils ont fini par servir à tout. Depuis l'usage météo au journalisme en passant par le livreur de pizza hyper rapide et sans risque de griller les feux rouges. Ils sont partout. Ils voient tout. Avec leur caméra intelligente, thermique, à reconnaissance faciale, ils nous scrutent. En bref, ils sont avec nous tout le temps et partout qu'on le veuille ou non. Ce n'est pas toujours désagréable de se dire que l'on peut en commander un pour se protéger de la pluie quand on se promène. Avec l'abonnement Dronebox, on peut vraiment profiter d'une de ces vies confortables qu'ils nous servent dans les contes de fées. "Je t'envoie un bout de gâteau qui sort du four !" et cinq minutes plus tard à l'autre bout de la ville : "C'est un vrai délice...". En fait, tout ce qui vous prenait un temps fou il y a 25 ans, c'est oublié. Le ciel a du s'adapter à ces insectes artificiels sans ailes. Ils se glissent entre les bâtiments de 200 étages et livrent toujours plus de clients. On leur a fait des aires de rechargement un peu partout. Ce sont de véritables nuées de drones qui butinent ici et là. Sans véritable ruche attitrée mais avec des milliers de maîtres. Comme tout se passe sur le cloud désormais, ils ont leur place au milieu des nuages, au milieu de l'information. Le réseau c'est la vie de ces nomades des airs. A tout instant, ils décollent, ce serait même impossible de faire une photo de coucher de soleil avec un "appareil photo". Ils doivent se disperser pour les prises de vues. De toute façon, ça n'intéresse plus personne le coucher de soleil. Tout ce romantisme du XXème siècle. Quelle horreur ! Et pourtant, certains rêveraient d'y retourner dans le passé. On les appelle de plusieurs noms mais la faction principale est nommée "Oxygène". Et oui, l'homme s'entoure de serviles robots aériens qui se multiplient et se plaint ensuite de manquer d'air. Triste ironie que celle qui pousse à vouloir la fin du confort.
Et pourtant du confort il n'y en pas toujours eu. Toutes ces années de crise au début du siècle...
- "Axelle ? T'es là ? "
- "T'es sur la ligne sécurisée ducon ?"
- "Tu m' prends pour qui pétasse?"
- "Pour ce que t'es ! Bouffon !"
- "T'as réussi à te procurer ce que je t'ai demandé ?"
- "De quoi ?"
- "Bah ! Les armes anti-drones! T'es vraiment un abruti..."
- "Et toi je saurais pas que t'es une meuf je dirais que t'es un mec."
- "J'en suis peut-être un !"
- "Tu déconnes ?"
- "T'es vraiment crédule quand même."
- "Ouais, bon ... tes armes sont au chaud!! Je te les envoie par drone ?"
- "Très drôle ! T'as pas fini de raconter des conneries ?"
- "A force d'être un abruti..."
- "Oh pov chaton... t'es vexé ?"
- "Bof ! Avec toi c'est toujours pareil toute façon."
- "Au même temps tu me cherches."
- "Il t'en faut pas beaucoup."
- "Bon ! Abrège ! J'ai pas toute la vie là. C'est pour quand la prochaine réunion ?"
- "Le 26."
- "P'tain ! Le jour de la ..."
- "Et oui, ... de l'inauguration de ces saloperies de drones. Le 26 Juin 2040. Pile pour les 25 ans."
- "Début et fin le même jour ! Enfin si çà roule."
- "Ca doit rouler ma vieille !"
- "Tu crois que çà va être une partie de plaisir ?"
- "Chui pas crédule à ce point non plus..."
- "Hey Julien. Si çà merde on se voit dans l'au-delà. Un drone veillera sur nous... ou pas."
Axelle a grandi avec tout çà et moi aussi d'ailleurs. Quand j'ai pris la tête du mouvement, çà a été l'aboutissement de bien des années de manifestations pacifistes, de luttes sur le net, d'actions coup de poing avec des drones contaminateurs. Et puis le gouvernement a décidé de renforcer les lois protégeant les drones. En 2034, le congrès européen vote à la majorité la non-dissociation du drone et de son propriétaire et donc la possibilité d'être accusé de meurtre de drone. Là, vraiment, la situation a commencé à exploser. Un drone détruit, un humain en prison à vie. Cela fait donc 6 ans que les citoyens vivent dans la crainte de ces merveilles de technologie. Mais au même temps, tant de gens sont si heureux grâce à ces oiseaux sans plumes qui ont réduit la crise à un souvenir et qui dans leurs allers et venues transportent tant de bonheur. Comment arriver à vivre sans eux si on décide de les éliminer du paysage ? Car en fait la question de toute révolution est de savoir ce qu'il y aura après. Toutes les idéologies révolutionnaires se basent sur la théorie d'un changement créant un idéal. Mais selon quels critères ? Pour les uns, les drones signifient le progrès, pour d'autres le déclin. En fondant tout ses espoirs sur une technologie, ne risque t-on pas de voir cette technologie même nous faire éloigner de notre idéal ? C'est le déséquilibre qui crée le mal-être et non le progrès. L'utilisation faite du progrès et souvent à mauvais escient conduit systématiquement à un déséquilibre...et pourtant, c'est bien dans un tel déséquilibre que nous vivons, que nous existons. Cela pose la question de l'ordre du chaos. Drone ou pas drone ? Drones pour riches ou drones pour tous ? En 2038, j'ai 22 ans et je décide de conduire "Oxygène" là où est sa place : dans le ciel constellé de drones. Pour en finir avec le déséquilibre, il est nécessaire de frapper un grand coup. Pour cela, il faut trouver les cibles et les atteindre. Deux ans d'attente avant le grand jour. Le ciel de nos villes est devenu le centre du monde. Détruire quelques drones ne serviraient à rien car les usines en fabriquent toujours plus. Le seul moyen de les anéantir est d'en détruire l'âme : le code source.
- "N° d'identification, s'il vous plaît."
- "2198565"
- "Merci. Drone 24162 à votre service, Monsieur."
- "Des esclaves ! Voilà ce que sont ces machines. Des esclaves des temps moderne", hurla Martin.
- "Des esclaves ? Tu n'exagères pas un peu mon chéri ?" demanda Amanda.
- "Parfaitement, je persiste. Ce sont des esclaves mécaniques. L'homme n'a donc rien appris. Asservir encore et toujours."
- "Puis-je vous être utile, Mr Asseda ?" s'enquit le drone.
- "Pourrais-tu aller me chercher mon médicament à la pharmacie, s'il te plaît ?" demanda Martin poliment.
- "Autant de déférence pour une machine, coupa Amanda. Je vais finir par croire que tu l'aimes plus que moi."
- "Ce n'est parce qu'il est de métal que je vais éviter de lui témoigner du respect, indiqua Martin ironiquement à sa femme."
- "Parfois, je me demande si tu ne deviens pas une machine toi aussi mon chéri."
Madame Asseda se sentait seule car son mari travaillait énormément. Il le lut dans son regard et essaya de se rattraper de son manque de délicatesse.
- "Ma chérie! Excuse-moi ! Je suis un peu stressé avec ce dossier à rendre pour mardi."dit-il tout bas à son épouse.
- "J'en peux plus de tes absences! Je suis toute seule la journée et tu rentres tard de tes réunions." lança t-elle en colère.
- "Je sais que je suis souvent absent et j'avoue que j'aimerais ralentir et passer plus de temps avec toi mais je suis sous pression constante."
- "Parfois j'aimerais juste avoir un peu de temps avec toi. Juste un peu. Après 2 ans de mariage, j'ai l'impression d'être toujours toute seule."
Puis, elle éclata en sanglots. Il l'étreignit et lui fit mille promesses en sachant qu'il ne pourrait les tenir. Cependant, il décida d'essayer.
- " Chérie, c'est décidé, je rends mon dossier mardi 26 et le soir même on sera à la plage. Qu'en penses-tu ?"
Amanda le regarda tout d'abord avec une pointe de méfiance puis demanda timidement : "Vraiment ?"
- "Oui, vraiment".
Ses yeux s'illuminèrent et elle l'embrassa avec passion.
Le drone rentra tout doucement et déposa le précieux médicament.
-"Stéphane, cher ami, il est tard, vous devriez rentrer."
-"Je reviens demain soir Mme Sisste. Bonsoir."
Il avait commencé à zoner près du parc de la butte blanche. Elle était là comme chaque soir. D'une certaine façon, il veillait sur elle comme sur une vieille grand-mère. Il avait travaillé à l'usine de drones toute la journée et il aimait retrouver la vieille dame avant de rentrer dans son modeste logis de la banlieue la plus glauque de la capitale. Et puis, rentrer retrouver sa Marta qui l'avait épousé pour les papiers n'était pas sa priorité. Elle lui avait quand même fait deux enfants. Il s'en foutait royalement. Il avait juste besoin de fric. Et les gosses, il leur versait pas un rond. Bref, on peut dire que sa vie magnifique ne s'égayait que lorsque la vieille dame lui disait bonsoir. Cette vieille sans domicile fixe qui traînait dans le parc. Une femme du début du 21ème siècle. Il lui racontait sa morne journée. Malgré tout elle avait toujours le mot pour rire et gardait un certain optimiste. Ses rides trahissaient une bonne soixante d'années. Il n'avait jamais osé lui demander son âge exact. Il n'en avait rien à faire après tout. Son sourire lui suffisait. Elle lui racontait sa jeunesse. Il appris les noms de ces réseaux sociaux remplacés depuis longtemps par les matrices sociale dirigées par l'état. Drôle d'époque où l'on utilisait des machines appelées ordinateurs avec clavier et souris. On se faisait livrer des commandes passées sur le net. Elle n'aurait pu imaginer que les drones supplanterait les livreurs et en partant de la maison. Ces véritables machines à tout faire qui s'efforçaient de veiller sur les humains comme quelque ange gardien dont l'attitude bienveillante ne pouvait éveiller de soupçon.
Stéphane avait offert à sa protégée un drone de défense et en payait l'abonnement contre l'avis de sa femme. Il avait parlé de charité mais elle n'en voyait pas l'utilité. Pour faire taire sa femme, il la menaçait de divorce et d'expulsion. ils en restaient là. 9a faisait longtemps qu'il n'y avait plus de dialogue entre eux. A se demander s'il n'y en avait jamais eu en réalité. Il échangeait plus en quelques minutes avec Mme Sisste qu'avec sa propre famille. Pour lui, sa vraie famille c'était elle. il avait perdu ses parents jeune. Il ne les avait pas vraiment connu. Et puis, c'est pas dans son travail qu'il avait l'occasion de s'épanouir. Toute la journée, il montait des drones. Cette activité passionnante ne lui avait jamais permis d'avoir de progression professionnelle. Malgré ses nombreuses formations, il stagnait professionnellement. Il aurait du être ingénieur mais d'autres conservaient jalousement cette place qu'il ne pouvait que rêver d'obtenir. Et puis, les drones, il les haïssait intérieurement. Toutes ces machines volantes qui se substituaient aux humains. il éprouvait un réel dégoût pour ces petits insectes fragiles. Il les connaissaient pourtant si bien. Il avait décortiqué leurs programmes depuis longtemps. Et puis, un jour, il avait fait une rencontre qui avait changé sa vie. il avait déjà entendu parler d'un groupe qui se faisait appeler "Oxygène" mais il n'aurait jamais cru que son chef ce serait personnellement déplacer pour lui faire une proposition. Son rôle devait être de découvrir un code permettant de neutraliser les drones comme une sorte de virus implacable. Il avait pas mal de réticences au début. Une telle entreprise, jugée comme terroriste par les autorités ne pouvait que lui apporter des ennuis. Cependant, il s'agissait d'une mission si bien payée qu'il pourrait changer de vie du jour au lendemain.
- "J'accepte!" avait-il dit avec enthousiasme.
Il ne savait pas bien s'il avait pactisé avec le diable. Dans sa tête, il n'avait rien à perdre. il ressentait son sort comme une chance pour l'avenir. Il se sentait comme un héros.
-"Axelle ! tête de pioche ! j'ai besoin des données de la base 7", balança Stéphane sans ménagement.
- " Hey ! molo, troufion. J'ai besoin de temps pour niquer tous les pare feu.", répondit la jeune femme aussi aimablement.
- " Si tu foires, on est morts !!! Vu ? Je suis dans la merde jusqu'au cou si j'y ai pas accès vite fait à cette putain de base de données." s'énerva t-il.
- "Fallait y penser avant, non ? T'as accepté les risques non ? Alors laisses moi bosser."
Le stress et l'angoisse du pauvre Stéphane n'avaient cessés d'augmenter au fil des mois qui précédaient l'événement tant attendu.
- "On a besoin du retour de Martin pour avoir accès à la base. il me semblait que tu avais compris." cria Axelle. Elle n'en pouvait plus des jérémiades de Stéphane.
- "Putain ! Ce sale bourge nous fait chier avec ses plans foireux." lança Stéphane.
- "Si tu peux le remplacer, vas-y, sale con !" exulta t-elle.
Il se tut finalement et coupa la communication sécurisée. Il était à bout. Il savait surtout qu'elle avait raison. Seul Martin Asseda disposait des accès nécessaires aux bases de données mondiales des drones. Un homme aussi important était forcément surveillé. Il ne se serait jamais risquer à passer une communication sur une ligne soi disant sécurisée. Il n'était jamais en contact avec "Oxygène" autrement qu'au travers de Julien.
Les deux hommes s'étaient rencontrés lors de mondanités. Officiellement, tous deux exerçaient de hautes fonctions. Officieusement, ils géraient "Oxygène". Un exercice de haute voltige qui ne leur permettait pas la moindre erreur.
Dans la tour Hermès, les principaux ennemis d'"Oxygène" s'affairaient.
- " Commandant Mars, la taupe est en place, indiqua le sergent Hector."
- " Bien. Ces satanés terroristes vont comprendre ce qu'il en coûte de s'attaquer aux drones. Envoyez des drones leurre près de la zone B4", ordonna le commandant.
- "Bien mon commandant."
- " Drones leurres envoyés, annonça le jeune sergent"
Le commandant Mars avait l'habitude d'user des drones leurres pour contraindre les membres d'"Oxygène" à sortir de l'ombre. Les drones envoyaient des messages de propagande du groupe et commettait des actes illégaux pour faire porter le chapeau à "Oxygène". Des méthodes peu orthodoxes mais qui faisaient leurs preuves un peu trop souvent au goût de Julien. Le commandant Mars avait servi 15 ans dans les forces spéciales d'élite. Lors de la guerre des 30 jours en Sarcézie, il avait été un véritable héros. Il avait éliminé le camp ennemi avec une attaque surprise. Des drones avaient survolé le camp retranché ennemi. La nuit tropicale était pesante. Les premiers drones leurres avaient été neutralisés sans difficulté. le groupe d'intervention du commandant Mars était en position à l'entrée du camp. En un instant, des éclairs surgirent dans le ciel. Une tempête commençait. Le climat chaud et humide couplé à un vent d'une extrême violence ne permettait aucun renfort aérien. Le petit groupe de soldat d'élites au sol était donc seul en terrain hostile.
- "Sergent Luis, la zone est dégagée."
- "Capitaine Arses, vérifiez la position des mines, ordonna le commandant Mars."
- " Mon commandant, toutes les mines sont activées mais j'ai pu établir un tracé pour les éviter, répliqua le capitaine."
- " Parfait, allons-y !"
Le petit groupe avançait au milieu des mines quand soudain un bruit sourd retentit. La bombe de diversion du commandant venait d'exploser au portail sud. L'ennemi, surpris n'était pas au bout de ses surprises. Un e nuée de mini drones venus du nord enveloppa bientôt le camp. Avec des allures de sauterelles, les petites machines s'infiltraient partout. Le champ de mine passé, le petit groupe se débarrassa assez facilement du garde en faction. Toutes les alarmes retentirent, c'était la panique dans le camp ennemi.
- "Capitaine ! Faites sauter cette putain de porte!!!", hurla le commandant.
Le capitaine disposa les charges sur la porte, s'éloigna et fit un joli feu d'artifice. Le groupe pénétra dans une cour déserte. Les trois hommes s'installèrent sous l'une des voûtes du bâtiment. Le jeune sergent Hector envoya des sondes pour faire une cartographie des lieux. Le générateur d'énergie de la base était à moins de 100 mètres. Le problème était qu'il se trouvait dans une zone fortement gardée.
- " Sergent ! Envoyez un message à la base pour les informer que nous sommes dans la place pour leur demander de nous envoyer des renforts." ordonna le capitaine Arses.
Au bout de quelques secondes, la base indiqua que l'artillerie lourde était en route. Il était impossible d'envoyer des renforts aériens ou des parachutistes avec de telles conditions de vols.
- "Capitaine, la base nous informe qu'il est impossible d'envoyer des renforts aériens, indiqua le jeune sergent."
- "Commandant, sans les renforts aériens c'est mission suicide, balança le capitaine Arses."
Le commandant Mars réfléchit un instant.
- "J'ai mon arme secrète, dit-il à mi-mot. Les fantômes."
Les trois hommes se regardèrent en souriant. Le commandant sorti de son paquetage trois petites boules qu'il partagea avec ses hommes.
- " On ne respire plus et on n'existe plus !, lança le commandant. Vous savez ce qu'il vous reste à faire."
Les petites boules étaient de véritables joyaux de technologie mais il fallait les placer à des endroits stratégiques pour qu'elles soient efficaces. Le capitaine Arses s'engouffra dans l'un des tunnels en rampant et ressortit derrière un mur. Il longea l'ensemble des postes de garde sans bruit et se grimpa sur l'une des terrasses au dessus de la place déserte. Il était en position et disposa la première boule. Le sergent Hector eut plus de mal à se frayer un passage dans le bâtiment qui lui faisait face. Il fallait traverser la place en risquant d'attirer l'attention. Une diversion attirerait encore plus l'attention. Que faire ? Il décida de mettre la boule dans un drone afin de l'envoyer de l'autre côté. Après avoir préparé l'engin qui ne faisait pas le moindre bruit, il l'envoya longer les murs et atterrir en douceur sur le muret de la tour Est. Pour que le triangle soit complet, le commandant Mars devait disposer sa boule de l'autre côté du camp. Il lui revenait de se faufiler au sein de l'ennemi pour mener à bien la mission. Il commença par s'approcher d'un garde dont le regard fébrile amplifiait son propre stress. Le commandant Mars tâchait de conserver son self contrôle. Avec un mouvement sec, il assoma le garde et emprunta ses vêtements. Il savait que le temps lui était compté et décida d'administrer un sédatif au malheureux qui avait croisé sa route. L'homme resterait inconscient une bonne douzaine d'heures. Avec sa combinaison et les vêtements du garde, il était en sueur. La chaleur écrasante et l'humidité formaient des gouttes qui coulaient sur ses yeux. Il avançait en tentant de se fondre dans la masse. il croisa un petit groupe de gardes qui lui demandèrent ce qu'il faisait là. Ils crurent qu'il était le garde assommé à cause de son hibou rouge vif sur fond noir.
- " Hey, Rodrigo ! Tu es déjà été rélevé dé ta garde !??, questionna un jeune soldat d'un air incrédule. il parlait avec un fort accent et empestait l'alcool.
Le commandant Mars voyait déjà sa couverture voler en éclat quand la voix grondante d'un supérieur se fit entendre.
- " Bande d'abroutis ! Révenez tout de suite à l'entrée Nord, on a un problème avec des rats..., toi aussi Rodrigo !", tonna le mystérieux supérieur.
Le commandant Mars était finalement reconnaissant de cette intervention inespérée et suivit le groupe qui se dirigeait vers l'endroit qu'il souhaitait rejoindre. Le capitaine Arses et le sergent Hector virent la scène depuis leurs cachettes respectives et ne purent s'empêcher un petit sourire en coin.
Le commandant Mars parcourait le camp ennemi au pas de course pour rejoindre la porte Nord. Lorsque le petit groupe arriva, il régnait une ambiance de profonde angoisse. Les hommes n'avaient plus besoin de grand chose pour littéralement péter un plomb. Presque instinctivement, le commandant Mars chercha l'endroit le plus adéquat pour déposer sa boule. Un petit recoin de mur fit l'affaire. il ne manquait plus qu'à activer le piège. Le soldat qui l'avait questionné revint vers lui. Mars se demandait si sa couverture était fichue.
- " Tiens, amigo, prends oune clope ! Encore ces enfoirés de rats qui viennent bouffer notre pain..." entonna l'homme comme une litanie. "Tu parlés pas beaucoup cé sir Rodrigo..."
Le commandant Mars comprit qu'il allait finir mal s'il répondait. Il se contenta de baisser les yeux et d'envoyer le signal que la boule était en place à ses hommes.
Tout d'un coup, les fantômes apparurent. Des images holographiques avec un son très réaliste qui faisaient plus vrai que nature. L'alcool aidant, les hommes paniquèrent immédiatement.
La ruse de Mars et de ses hommes fonctionna jusqu'à l'arrivée des renforts qui encerclèrent le camp. Il n'y eu même pas d'effusion de sang. Aux dires des forces armées, les ennemis étaient transis de peur. Après cette victoire qui lui valu une décoration, le commandant Mars rentra au pays. Il fut rapidement contacté par Securidrone et intégra le groupe avec ses hommes pour traquer les casseurs de drones.
"Oxygène" faisait bien entendu parti des fameux casseurs de drones. Mais cela faisait partie du passé. La destruction de drones était bien futile au regard du nombre de drones produits chaque jour. Il fallait maintenant trouver une autre tactique. Le projet d'élimination de tous les drones passait par une prise de conscience de leur emprise sur le genre humain. Après avoir vécu quasiment vingt cinq ans avec ses machines, il fallait s'en débarrasser pour tendre vers un nouvel idéal. Enfin, tout çà c'était le discours de propagande du groupe "Oxygène". En réalité, une véritable prise de pouvoir était en jeu. Le but était de rendre à l'homme son ciel et si au passage on pouvait se frayer un chemin au paradis c'était tant mieux. Il était clair que la faculté du pouvoir en place était fortement déséquilibrée par rapport à la population.
Stéphane, Martin et Julien se retrouvèrent pour fialiser le plan.
- "J'ai trouvé les codes d'accès à la base 7", annonça Martin.
- "C'est pas trop tôt", grogna Stéphane.
- "Comme si c'était un jeu d'enfant", tempéra Julien.
Les trois hommes se regardèrent et s'échangèrent les codes. Les dés étaient jetés.
Axelle n'avait plus qu'à lancer le code et s'en serait fini des drones. Avec l'aide de Stéphane pour enclencher les derniers paramètres, les drones faisaient partie de l'Histoire. Ils regardèrent le ciel encore une fois. Les nuées de drones volaient jusqu'à l'infini. L'issue fatale était proche. Les trois hommes se séparèrent. Stéphane retourna dans le parc retrouver Mme Sisste sans se douter une seconde de ce qui l'attendait. La vieille dame l'attendait sur son banc comme toujours.
- "Madame Sisste ! Quelle joie de vous retrouver en cette si belle journée", commença t-il.
- " Mon cher Stéphane ! Je commençais à m'inquiéter", dit doucement la vieille femme.
- "J'avais des choses importantes à finir à l'usine. Des choses qui resteront dans l'Histoire".
- "Ah bon ? Quelle merveille que vous soyez si épanouit."
- "je rêve d'un monde si différent."
- "Comment ce la différent ?"
- "Sans drones !!!"
Il venait de se suicider verbalement. il n'eu même pas une seconde pour réagir quand il se rendit compte que la vieille dame braquait un pistolet sur lui. Elle ôta son masque et laissa tomber ses vêtements. une jeune femme blonde apparut et le fit marcher vers l'orée du bois qui jouxtait le parc. Il était fini, il le savait. le commandant Mars sortit du bois.
- " Bravo, lieutenant Asseda, bien joué", lança le commandant.
- " Merci mon commandant.Mais pour mon mari...dit-elle doucement."
- "Ne vous en faites pas. Chaque chose en son temps."
Stéphane venait d'être fait comme un rat. il ne pouvait rien faire pour empêcher le terrible commandant de poursuivre son objectif. Il venait de condamner "Oxygène".
La salle d'interrogatoire où il fut transporté était lugubre et froide. Il se trouvait au 12ème sous-sol d'un immeuble en construction. Il savait bien qu'il était cuit. Il avoua tout et ce qu'il savait sur le groupe. Plusieurs membres furent arrêtés dont Julien et Martin Asseda. Ce dernier n'aurait jamais cru que sa femme était en réalité une unité d'élite à la solde du pouvoir en place. Seule Axelle resta introuvable. Elle était dans une planque et attendait les ordres. ils ne vinrent jamais alors il fallait enclencher le plan B. Dans le cas où les membres du groupe "Oxygène" devaient être découverts, il lui incombait de mettre le plan à exécution.
Dans le cas présent, elle disposait de la base de données mais les codes d'accès avaient été modifiés. Il lui fallait un génie de l'informatique pour arriver à cracker les codes. Emir était l'individu qu'elle recherchait. il traînait toujours du côté des boîtes des bas fonds. Elle le trouva au club de Lou, une boite branchée. Bien entendu, elle ne lui avait pas donné rendez-vous et eu du mal à passer inaperçue. Elle était recherchée par tous les drones de la police et plus encore.
Elle trouva Emir et lui expliqua la situation. Difficile de lui faire confiance mais elle n'avait pas le choix. Il donna son prix. Il était bien trop cher mais bon elle lui fila son argent. Après avoir magouillé des codes indéchiffrables sur son ordinateur, il dénicha une faille dans les défenses des drones. Il n'avait plus qu'à appuyer sur un bouton et tout sautait.
A cet instant, le commandant Mars et ses hommes arrivèrent et massacrèrent tous les clients de la boîte. Il n'y avait plus d'issue pour Axelle. Elle devait appuyer sur ce putain de bouton et mourir.
L'arme du commandant pointait Emir. Il tira, le génie s'effondra et appuya sur le bouton fatal. un deuxième tir atteignit la charmante Axelle. "Oxygène" était mort et les drones dans le ciel tombèrent par milliers comme une pluie de débris sans intérêt. nous étions le 26 Juin 2040. Le triste anniversaire resterait dans l'Histoire.