Le coq au vin vs le canard laqué.

la-drolesse

Qu’est ce qui peut bien pousser certains hommes à se lâcher à se point ? Comment se fait-il qu’ils se laissent aller régulièrement avec autant de ressentiment et de bêtise quand ils étalent les bribes de savoir qu’ils possèdent sur les gallinacés ?
Qui n’a jamais entendu ces petites phrases lancées négligemment avec juste ce qu’il faut de dédain et/ou de mépris et d’ironie (à discrétion) ? 
Ah oui vraiment, il s’y connaissent en cocottes, surtout quand il s’agit de la leur, jugez plutôt :

- elle est partie faire chauffer la carte bleue,
- je ne lui laisse jamais ma carte bleue,
- elle doit être en train de se remaquiller,
- elle est bonne cliente,
- elle dévalise les boutiques,
- si elle arrête un jour «telle marque» va faire faillite,
- elle ME ruine en esthéticienne...

Je cite scrupuleusement ce que j’entends de temps en temps, mais de loin. Il me faut préciser que j’ai pris l’habitude depuis longtemps de fuir ces grossiers qui ne savent pas se tenir ni rentrer le ventre et se répandent en humour soi-disant affectueux mais rarement élégant. 

Nous pourrions penser qu’il s’agit juste d’une manifestation de la bêtise ordinaire. La fatigue d’un quotidien avec la même femme, ou peut-être une pointe d’agressivité due à une frustration de mari «fidèle» parce que fainéant ou frileux. Les petites phrases il est vrai ne portent pas à conséquence, quoi que...
Et bien pas du tout : ils sont tout simplement jaloux. Eux n’ont aucun droit à ces petites frivolités, que par femmes interposées. Ils en profitent, mais jamais directement et ils enragent ! Ils aimeraient bien eux aussi mettre du verni à ongles et du gloss. Ils aimeraient tant passer des heures à essayer un maillot de bain au lieu de rester assis dehors à matter les filles qui passent (vernies et gloussantes, pardon, glossées). Ils ont bien compris que leurs atouts sont limités pour séduire : pas de maquillage, pas de jupes ni de robes... Impossible de se faire un nettoyage de peau sans passer pour un pédé. Quelle malchance et quel handicap ! 

l n’y a qu’à regarder les fringues pour hommes dans les boutiques : sans couleur et sans saveur ! Allez donc choisir entre un costume gris anthracite avec de fines rayures ou un autre légèrement plus foncé sans fines rayures pour vous rendre compte un peu comme l’affaire est palpitante... 
C’est nous qui devrions rester assises sur un banc à regarder les coqs glousser, pardon, gloser. Seules les poules gloussent, caquettent, codequent... Les coqs eux, ils glosent.
Ils nous agressent car ils sont frustrés et ressentimenteux. Nous les filles, nous serions bien injustes de les remballer tant nous comprenons que ne pas pouvoir enfiler une jupe verte à petits pois jaune est frustrant...

Allez les filles, vous n’êtes pas obligées de subir ces cancans de basse-cour. Je vous raconte un truc : un de mes ex adorait faire les boutiques avec moi, d’ailleurs c’est lui qui m’a appris à apprécier la chose. Il fallait le voir farfouiller dans les rayons et crier en brandissant une jupe devant un tas de poules effrayées : «Lydia ! j’ai ta taille ! Je veux que tu l’essayes». On passait du bon temps à rigoler devant la mode et les excentricités que nous servent tous les ans des stylistes inspirés ou non. Ca peut être très drôle de faire les boutiques avec un homme je vous le certifie ! Un homosexuel refoulé ? Non, juste un homme moins con que la moyenne.

Mon fils me demande : «maman, on pourrait avoir des poules dans le jardin ?»
«Plus tard mon canard, tu es trop jeune, c’est pas de ton âge». 
J’appelle mon fils «canard» depuis longtemps sans y penser et je me rends compte aujourd’hui que c’est aussi un excellent conditionnement qui sera tout bénef. pour sa future femme : les coqs c’est vraiment trop déprimant !

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