Le corbiau affamé
margotte
Vous connaissez le fameux maître corbeau ? Oui ? Et bien pas vraiment en fait car l'histoire que vous connaissez tous ne vous raconte pas vraiment la fin...ni le début d'ailleurs.
Maître Corbeau était donc un peu affamé ces derniers temps, et aujourd'hui il était décidé à manger un peu n'importe quoi qui lui tomberait sous le bec "foi de corbiau !".
Alors il se mit à guetter sur le sommet d'un pilier, ce qui passait par la route... Les autos et autres engins motorisés ne lui faisaient plus peur depuis longtemps. C'est comme ces épouvantails ridicules qui soit disant les effrayaient..."Pure invention des hommes ! Nous les Corbiau on est plus futés qu'on en a l'air ! "
Il quitta ses rêvasseries en voyant un vélo perdre son panier mal câlé sur son porte-bagages.
Il s'élança de son perchoir aussitôt en piquant direct du bec en direction de sa victime. L'homme avait posé son vélo pour regrouper ses vivres qui roulaient sur la route, quand soudain il vit un oiseau noir lui chipper son camembert...
"Mon camembert !"
Le corbiau bien heureux d'avoir encore une fois usurpé le bien d'un homme reprend son envol dans la même foulée.
Par sécurité, il vole plusieurs kilomètres pour ne pas se faire tirer des plombs dans les plumes.
Plus loin, il se pose sur une branche et déballe avec acharnement son paquet. Tout tombe au sol, sauf le fromage dont l'odeur pousse l'oiseau à le poser à ses pattes.
"Oula... l'odeur est forte et surprenante !" se dit le corbiau écoeuré.
Il tente tout de même de goûter un morceau et le recrache aussitôt... le goût n'est pas du tout alléchant, fidel à son odeur.
Le corbeau est bien déçu que son butin ne soit pas mangeable et en écoutant son estomac grogner observe au loin la vue. Il aperçoit Maître Renard arriver la truffe en l'air semblant attiré par une odeur.
"Hé hé, se dit-il, je vais lui jouer un mauvais tour..."
Ce renard est en fait un vieux complice avec lequel il se querelle régulièrement. Ils passent leur temps à se chamailler et à se tendre des pièges. Le canidé lui avait déjà volé son dernier repas, un oisillon fraîchement né, en lui faisant croire que sa tendre aimée, miss corbeau, était prise dans un piège d'homme. Dès son départ, il avait dévoré sa proie, et depuis se vantait de sa ruse...
"Apprenez que toute ruse mérite un gouteux oisillon..." qu'il répétait sans cesse!
Le voyant donc arriver, vous pensez bien qu'il ne pensait qu'à mettre enfin sa vengeance en place en abusant le renard qui se croiyait si futé.
Il reprit le fromage en bec et attendit l'arrivée du renard...
Lorsque maître renard arriva, il s'installa sous l'arbre et vous connaissez la suite... si bien écrite par Jean de Lafontaine.
Alors le renard repart tout fier d'être si intelligent et d'avoir si bien berné le corbeau en le flattant.
Pauvre renard, lui qui crut, comme dans la Fable, avoir trompé le corbeau et être reparti avec un butin alléchant, fut bien surpris de découvrir le goût repoussant du fromage.
Il s'était tapi près d'un buisson pour le déguster et s'y attelait avec plaisir, malgré l'odeur puissante du mets dans sa gueule, et fut alors bien déçu à son tour...
Là, le corbiau, qui l'avait suivi, arrive tout heureux de voir son air de dégoût et à son tour se vante avec élégance :
"Mon bon monsieur, apprenez que tout voleur se croyant rusé doit rester aux aguets de celui qui veut se venger : cette erreur vaut bien une telle leçon sans doute".
Le renard fut alors honteux et confus d'avoir si facilement été abusé, et jura, pour la énième fois, qu'il se vengerait à son tour.
Vous savez maintenant que le corbeau était bien heureux de se débarrasser de son horrible fromage et du même coup se venger du si rusé renard.
Lequel alors est le plus fûté ? Est ce vraiment celui qui croyait flatter pour mieux voler ? Ou celui qui se laissa usurper pour mieux piéger ?
Le renard depuis semble ne plus croiser le chemin du fier corbeau, qui raconte dans toutes les contrées son histoire du "piégeur piégé".
Là est la vraie version du morceau de l'histoire que vous connaissiez...
FIN