Le début

Elle tombe, tombe, tombe plus fort sans relâche elle recouvre tout le village encore et encore, elle illustre si bien le goudron, les rues des passants, dans les champs, sur le toit des maisons. Ma campagne est vraiment bien vêtue depuis quelque jour maintenant. Elle ressemble beaucoup à l'intérieur d'une noix de coco, d'une crème glacée, d'une chantilly bien fouetter, sa blancheur me captive et pas qu'un peu. Elle est aussi belle et éclatante, que la couleur de la robe que je portais le jour de mon mariage. Je suis comme une petite fille qui voit la neige pour la première fois, et celle qui reçoit un cadeau le jour de Noël. Cette poudre magique fait scintiller mes yeux de mille feux.
Je regarde les alentours et j'observe le paysage. Juste en face de moi, je vois les arbres qui se recouvrent de petites boules de cotons, ils dansent et se déchaînent. Ces petites voiles un peu fragiles se déclinent sur moi, elles tourbillonnent comme des cristaux. Elles tombent une à une sur ma chevelure châtain claire en effleurant si proche ma peau. Un picotement parcoure mes doigts, j'emprisonne mes mains à l'intérieur de mon manteau bien doublé, elles sont si froides. Le vent me frôle, ce sentiment d'air me caresse, je ressens un effet de chatouillement, ça me transperce, cet effet de courant dans le dos jusque dans mes os. Une sensation de froid me glace le sang. Je suis réellement surprise par cette bouffée si légère, c'est un souffle froid tout contre moi. Ça me flagelle le corps tout entier.
Ce n'est pas la journée où on reste des heures dehors, beaucoup préfère la chaleur de chez eux à ce qu'ils se dorlotent dans leurs couvertures si chaudes ou devant la cheminée qui crépite. Mais moi, malgré mon apparence d'adulte, j'ai encore cette âme d'enfant et le cœur remplis d'émotions. Il a besoin de se libérer et de s'amuser encore plus loin. J'aime entendre le craquement de mes pas, j'aime faire des batailles et des bonhommes de neige au rythme des éclats de rires de mes enfants et de celui qui partage ma vie. Je le roule dans toute cette poudre pour qu'il soit le plus volumineux, en effet quelques quarts d'heures plus tard, il prend enfin forme, il est gigantesque.
Le corps, puis ensuite la tête. Il manque plus que quelques détails, pour qu'il puisse avoir une apparence un peu plus correct. On prend quelque accessoires et on lui ancre des petits bouchons. Les bouteilles du poêle à pétrole vide traîne dans le jardin, ils font gisent d'oeil, de ces quelques cailloux ramassés, on lui incline un sourire aussi fort que le nôtre. Quelques branches d'arbres lui donnent un aspect d'homme à bras ouvert. Une carotte plantée, représente le nez. C'est la respiration du bonheur. Un petit bonnet posé sur sa tête, ma grande écharpe marron, elle, s'emmitoufle tout autour de son cou. Il a vraiment, belle allure comme ça.
C'est vraiment incroyable ce qu'on peut faire avec cette poussière blanchâtre.
Je profite un bon moment de ces bonnes choses qui ne sont qu'éphémères. La neige fond petit à petit pour devenir cette flaque d'eau qui se change en glace dans la nuit.
Et je la sens se briser sous mes bottes noires, elle est comme un verre qui éclate.
Je me sens tout à coup, un peu frustrée, je veux encore faire des Anges avec mon corps. Mais cette magie pleine de mystère disparaît, comme ce gros bonhomme de neige qui fond, ce n'est pas grave, je sais qu'elle reviendra un jour. Enfin, je l'espère, car elle est rarement présente chez moi. J'habite dans le Nord-est et non le Canada.
Cette période, c'est la saison que je préfère même si j'ai mon poil qui s'irisent et les frissons qui se font ressentir. Beaucoup n'aiment pas ce climat, ils disent que c'est déprimant parfois. Je comprends qu'il peut faire très froid, mais moi tout ça me rend vraiment euphorique. C'est l'air où je crache mes poumons. Ça humidifie ce fluide mouvement que j'inspire profondément.
J'aime les cris, les rires, les chutes de mes aventures, les batailles de neiges.
J'aime dessiner mon cœur amoureux, de prénoms d'enfants, où celui, pour qui je porte son nom.
J'aime prendre des clichés, ils sont si doux, ça donne la transparence de nos reflets, d'un ou plusieurs jolies portraits.
Après toute cette agitation, cet amusement, je pense quand même à mettre mon corps en réchauffement pour que ça ne me provoque pas l'hypothermie. J'ai besoin d'un peu de chaleur de ma maison. Je me blottis dans mon plaid bien douillet. Le feu ne crépite pas dans la cheminée, car ma maison est un peu modeste. Mais assez pour nous convenir. Alors je me réchauffe contre le radiateur et je reste quelques instants devant. Je me sens irrésistiblement dans une position de bien-être. Mon nez est devenue tout chaud. Mes membres n'ont plus froids.
En hiver, les journées sont très courtes, les nuits sont proches, le soleil se fait beaucoup plus rare. Il est les lampadaires qui s'allument très tôt, les volets qui se fermes de bonne heure. L'hivernage, c'est le ciel qui est brumeux. Il y ' a juste la lumière de chez soi qu'on allume. On aime faire des traces sur les carreaux qui sont troublés. Les rues sont de plus en plus désertes, nos éclats de rire ont remplacé le bruit des klaxons et le chant des oiseaux.

C'est aussi la période du sapin de Noël tout blanc, de ses est entourés de boules et de guirlande rouge et noir.
Une illumination magique qui clignote dans le salon. Ces lumières font la gaieté dans la maison.

On a peu de moyens, mais on fera tout pour rendre le cœur de nos enfants un peu plus joyeux. Qu'ils puissent déballer leurs cadeaux de ce qu'ils désirent sous le sapin. Il y a aussi des petits chocolats dans le calendrier qu'ils dévorent après le déjeuner, en forme d'étoile, de nounours, etc à chaque jour jours jusqu'au 24 Décembre. Il y a aussi les anniversaires qu'on fête en famille, entre amis. Il y a la galette des rois, qu'on dévore, et qu'on triche à savoir celui qui aura la fève pour pouvoir porter la couronne. À être le roi ou la reine. Il y a la nouvelle année qu'on déteste par-dessus tout, qu'on ne souhaitera jamais, ni à nous, ni aux autres. Surtout, parce qu'on sait très bien qu'elle tournera encore mal. Du mauvaise façon.

C'est aussi la saison idéale pour régaler nos papilles. Entre chocolats chauds, cafés, gâteaux toujours un peu ratés, crêpes à la confiture de fraise, au sucre ou à la pâte à tartiner sans oublier ces soupes moulinées avec amour, et ce fromage coulant des patates, des couscous mijotant délicieusement, enfin nous avons de quoi nous satisfaire pour avoir un ventre tout chaud et bien remplis.

C'est également la saison des soirées chaleureuses en famille. Les jeux de sociétés refont leurs apparitions. Les soirées cinéma sur le rétroprojecteur qui joue du Walt Disney et les petits chocolats en guimauves qui les accompagnent, aussi.
Pelotonnés dans notre grand canapé en cuir à la couleur crème similaire à celle des murs de la maison, nous sommes prêts à affronter le froid en partageons toute cette tendresse ensemble. Toutefois, une ombre au tableau subsiste : la sonnerie du réveil. Celle qui nous rappelle que nous ne pouvons pas rester indéfiniment à contempler ces choses de la vie, dans notre cocon à y passer de bons moments en famille tout les quatres.