Le départ
saghey
Depuis ma prime jeunesse, je suis sous le diktat de ma famille. Je serai ce qu’ils veulent que je sois, c’est pour mon bien me répètent-ils, ils savent que le monde est rude et impitoyable. Sauf que moi, je veux faire mes propres erreurs, je veux apprendre par moi-même, bourlinguer, découvrir le monde … Tellement de voies qui s’ouvrent à moi ! Je ne veux pas être le fruit qui tombe près de l’arbre et qui y demeure à jamais ! Mes sœurs veulent rester et bien grand bien leur fasse !
Chez nous, c’est la communauté avant tout. On nous inculque que c’est le groupe qui possède, pas l’individu. Que nous sommes une famille. On se méfie des nouveaux, on évite nos voisins.
Je sais que je n’ai pas le droit de partir. Mais que voulez-vous, contrairement aux autres je n’en fais qu’à ma tête. En général, accepter des règles que je ne comprends pas ou que l’on m’impose me font changer de direction, être dans le rang ce n’est pas pour moi, non merci !
Depuis l’incendie de cet été, la vie est devenue encore plus rude. Il n’y a plus aucune place aux loisirs déjà si rare avant. Le temps est à la reconstruction. Les conditions de vie se sont durcies et cela à donné toute légitimité aux administrateurs pour nous contraindre à abattre encore plus de travail.
C’est pourquoi, aujourd’hui je pars. Je ne veux plus marcher au pas. Depuis une semaine je me suis préparée. Ma décision est prise. Ce soir, je dormirais avec comme seul toit le ciel, mais libre pour la première fois ! Libre d’aller où je veux, de faire ce que je veux voire même ne rien faire du tout.
Je vais voyager léger, s’il y a quelque chose que j’ai appris ici, c’est à me contenter de peu et je ne veux pas qu’il me soit reprocher d’avoir spolié les biens de qui que ce soit durant ma fuite.
Je ne dirais adieu à personne, j’aurais trop peur que l’on me retienne. Je partirais aux heures où tout le monde se livre à ses corvées. Chacun étant occupé, personne ne se souciera de mon absence avant les dernières lueurs du soleil.
Il est temps. Et c’est sans un regard en arrière que je quitte définitivement la fourmilière qui m’a vu naître.